Deux ans et quelques mois après un surprenant premier opus, Deadpool, le mercenaire immortel nous refait le coup du film de super héros décalé, l’effet de surprise en moins. Confirmation ou réchauffé ?
Pour la Saint Valentin 2016, Deadpool, après un premier passage tout à fait raté du côté de chez Wolverine, s’offrait son film tout à lui, avec son univers bien particulier. En effet, dans les comics, Deadpool est un personnage à part, du fait de son immortalité et de la conscience qu’il a d’être un personnage de fiction. Dans les films, cela a donné un blockbuster à budget limité qui, du fait des ratages successifs chez DC, de l’essoufflement des X-Men, s’est retrouvé concurrent numéro un du MCU.
Sa suite, avec son marketing je m’en foutiste a donc une mission très importante à réussir : faire au moins aussi bien que son prédécesseur. Ce dernier avait rapporté environ 800 millions de dollars (ce qui est, pour rappel, plus que Justice League) pour un budget de 58 millions de dollars. Deadpool 2, coincé entre les sorties d’Avengers 3 et du spin off sur Han Solo, est-il bien armé pour réitérer l’exploit du grand frère ?
Deadpool aux œufs d’or ?
Le pari est globalement tenu, mais le film n’est pas exempt de défauts, bien au contraire. Toutefois, pour la plupart, s’ils sont des défauts qui auraient plombé n’importe quel film classique, ont une portée diminuée ici, effet Deadpool oblige. Le scénario du film est très convenu. Il a déjà été vu des dizaines de fois, n’offre aucune originalité et se suit sans grand intérêt. Il s’agit principalement d’un prétexte pour faire toujours plus de gags. On regrettera toutefois que le fait d’utiliser des gimmicks des films de super-héros pour s’en moquer ne soit pas mieux exploité, tous les événements faisant avancer l’histoire (surtout le premier) étant des classiques, voire des clichés. On y voit plus de la fainéantise que du génie créatif.
En outre, les personnages n’évoluent que très peu, et quand ils le font, leur trajectoire est très prévisible. Cable et le jeune Fire Fist manquent de profondeur, et cette légèreté, voire fainéantise dans l’écriture, ne peut simplement s’excuser parce qu’il s’agit d’un film Deadpool, encore une fois.
Plus gênant, la traduction a parfois tendance à prendre le spectateur pour un inculte, et elle est globalement décevante. Les quelques références n’étant pas très largement grands publics (Star Wars, le MCU, etc.) sont remplacées par d’autres, forcément moins percutantes.
Enfin, on sent que le film n’a pas toujours le moyen de ses ambitions, et certaines scènes en CGI laisse pendre les ficelles, on pense notamment à un gros vilain dont le rendu sur écran est un peu ridicule.
Ryan Reynolds : le héros aux deux visages
La performance de Ryan Reynolds est à saluer. Il confirme, comme dans le premier épisode, qu’il est véritablement Deadpool. Tout le film montre qu’il s’est délecté d’imposer sa vision dans ce deuxième opus. Dès l’introduction, on voit le personnage tout à fait décomplexé, davantage à l’aise avec ce qu’il est que dans le premier opus. Et quand on mentionne le manque de profondeur des personnages, cela ne s’applique pas à Deadpool lui-même. Incapable de mourir, tout autant incapable qu’il est de protéger les autres de la mort, le mercenaire va faire face à quelques dilemmes intéressants, mais vite expédiés. Cela revient peut être un peu trop à faire un film fait par Deadpool, pour Deadpool, avec Deadpool. Ses sidekicks, s’ils peuvent se montrer charismatiques, ne sont finalement que des faire-valoir pour notre mercenaire immortel. Quand on sait que Brolin a signé pour 4 films dans les bottes de Cable, on espère que la Fox en garde sous le pied sciemment pour la suite des héros de la X-Force.
De l’humour, toujours de l’humour, encore de l’humour
La force du premier Deadpool résidait dans son humour, surprenant, souvent de mauvais goût, mais franchement réussi. On aime ou non, mais la fraîcheur du premier opus résidait principalement dans cet aspect. C’est avec plaisir que l’on constate que le second opus fait encore mieux dans ce domaine, en se payant le luxe d’aller même parfois encore plus loin. C’en est parfois épuisant, et c’est rarement de bon goût, mais comme tout plaisir coupable, c’est très drôle. On est toujours à l’affût car à chaque scène se cache une référence, parfois même un caméo. Il faut probablement plusieurs visionnages pour avoir toutes les références. Le MCU en prend pour son grade, idem pour DC, personne n’est épargné, même Deadpool est moqué dans Deadpool.
A ce titre, on ne pourra que trop conseiller de rester pour les scènes post génériques, qui constituent à coup sûr un passage marquant du film. Et probablement le plus drôle.
Cet humour et ces références donnent un rythme haletant à la mise en scène, qui dégage une énergie toujours renouvelée. Si les scènes d’action sont parfois très génériques, il y a toujours ce petit plus qui amuse ou interpelle. Le film ne se spoil pas du fait de son scénario générique, mais trop en parler lui enlève tout son charme, tant c’est la surprise qu’il arrive à nous procurer qui fait sa grande force.
En conclusion, Deadpool 2 est un film est moins surprenant que le premier, véritable ovni, mais il est mieux maîtrisé, plus drôle, plus assumé. Ce n’est pas un chef d’œuvre du cinéma, ce n’est pas vraiment un bon film non plus, mais il s’agit d’un divertissement rafraîchissant comme peu existent. Vivement la suite.