Une énième journée marquée par le racisme en Italie. Mardi 2 avril, Moise Kean vient d’inscrire son 9ème but de la saison, un record pour un joueur de 19 ans. Des cris de singes retentissent alors que la Juventus mène 2-0 face à Cagliari. La performance de la pépite d’origine ivoirienne décuple les cris. Envers lui, mais aussi Blaise Matuidi, et Alex Sandro, déjà visés par les « supporteurs » lors cette rencontre comptant pour la 30ème journée de série A.
« Je suis aux côtés de Blaise et de Kean. Le racisme est pour moi synonyme d’ignorance. Personne ne peut et ne devrait le justifier », a déclaré Raiola. « Je suis fier de mes garçons et je serai avec eux jusqu’au bout. […] Il faut être uni contre le racisme. On ne peut pas être italien et raciste en même temps. »
Allô Paris ici Turin, on a perdu Bonucci
Tous ne pensent pas comme l’influent agent Mino Raiola, à commencer par Léonardo Bonucci. Après le match, l’international italien a jugé préférable de nourrir la polémique plutôt que de soutenir ses coéquipiers. « Je pense que la faute est partagée à 50-50. Moise n’aurait pas dû faire ça et le virage n’aurait pas dû réagir comme ça. » Déclarations polémiques difficilement compréhensibles. D’autant que le jeune prodige n’a pas célébré de façon extrêmement provocatrice. Simplement en écartant les bras devant la tribune, à l’image de Mbappe quand il ouvre le score contre Marseille. Si contrairement à lui Kean ne joue pas à domicile, cela ne mérite pas des réactions aussi exacerbées.
Victime de racisme le 8 décembre face à Chelsea, Raheem Sterling a répondu sur instagram « tout ce qu’on peut faire c’est en rire »
Outre une sanction financière, la seule solution envisageable sur le moment semble être l’arrêt du match. Mais l’arbitrage ne paraît pas prêt à prendre de telle décision. Hier, le match a juste été suspendu avant une annonce du speaker. A cause de faits semblables contre l’Inter Milan, l’entraîneur du Napoli Carlo Ancelotti a tenté de faire arrêter le match par 3 fois, sans succès.
Encore et toujours
« L’Italie n’est pas prête à considérer un joueur qui n’a pas la peau blanche comme un Italien« , disait Emanuele Gamba, journaliste à la « Repubblica » au micro de Téléfoot en 2010. Alors prodige du calcio, l’actuel attaquant de Marseille, Mario Balotelli ne convint pas le public italien. Il n’est pas assuré d’avoir sa place dans la squadra azurra. Pourtant à l’époque, il est le premier joueur à atteindre les 17 buts en championnat depuis 1946.
Les suiveurs le savent, c’est loin d’être une première. Le 26 décembre dernier, le défenseur de Naples Kalidou Koulibaly a également essuyé des insultes contre l’Inter, mais aussi contre les deux équipes de Rome, la Lazio et l’AS. Portant les couleurs bianconéri depuis 2 ans, Matuidi n’en est pas non plus à son coup d’essai.
Réaction de Noël Le Graët, président de la Fédération Française de Football, « Ces insultes racistes sont inacceptables. Au nom de la FFF, des principes que défend et porte notre football, je tiens à exprimer mon soutien et mon amitié à Blaise Matuidi et Moise Kean qui ont été victimes de ces propos intolérables. Par son histoire, sa culture, son universalité, le football est le contraire du racisme, de toutes les formes de discrimination ».
En tribune comme en politique
Une continuité qui s’explique par les choix politiques du pays. Le ministre de l’Intérieur Mattéo Salvini est aussi le chef de file de la Ligue, un parti d’extrême droite. Parmi les soutiens de celui qui est accusé d’être financé par la Russie de Vladimir Poutine, on trouve un casting de choix : Victor Orban, Marine Lepen et Donald Trump.
En juillet dernier, il espère même porter poisse à la France en allant voir la finale de la coupe du monde. Alors qu’un sondage de la corriera della sera révèle que 90% des Italiens soutiennent la Croatie. Si une haine est entretenue, en partie depuis la finale de 2006, le caractère raciste est une nouvelle fois présent. L’équipe au damier, étant reconnue comme « plus européenne », qu’une équipe française « se portant plus vers l’Afrique ».
Le lendemain il tweet « Voici les vrais champions du jour ! Et puis le vin italien est meilleur que le français, le cinéma et la musique idem, et la Sardaigne est bien plus belle que la Corse ».
Des faits qui ne sont pas inconnus en France. Rappelons que si pour le coup l’herbe n’est pas plus verte ailleurs, l’hexagone ne peut se vanter d’avoir un green de golf en sa possession. Cela, 2 jours après l’agression transphobe à Paris.