La troisième saison de Santa Clarita Diet est fidèle à elle-même, avec son humour grotesque et ses personnages excentriques.
C’est quoi, Santa Clarita Diet (saison 3) ? Après avoir surpris Sheila (Drew Barrymore) et Joel (Timothy Olyphant) en train d’enterrer la tête de Gary (Alan Tudik) dans le désert, la policière Anne (Natalie Morales) est convaincue que notre zombie accomplit une mission divine, et décide de l’y aider. Pendant ce temps, Eric (Skyler Gisondo) et Abby (Liv Hewson) ont fait exploser une usine de fragmentation hydraulique, attirant l’attention du FBI qui envoie un agent enquêter à Santa Clarita. C’est pourtant la moindre des menaces qui pèse sur les Hammond, désormais traqués par une milice médiévale chargée d’éliminer les morts vivants, les Chevaliers de Serbie , mais aussi par le sinistre Poplovic (Goran Visjnic) qui poursuit un but bien précis…
Voilà maintenant trois saisons que Santa Clarita Diet poursuit son récit loufoque, en racontant l’histoire d’une mère de famille transformée en zombie, qui concilie son régime alimentaire à base de chair humaine avec les vicissitudes du quotidien. Gags et situations grotesques, dialogues surréalistes, univers excentrique, mélange improbable de morts-vivants et de comédie : il est clair que la série créée par Victor Fresco ne se distingue pas par sa finesse. Qu’importe : si l’on adhère à son ton et son univers, elle reste enlevée et amusante.
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L’histoire reprend exactement où nous en étions restés. Persuadée que Sheila est une sorte de porte-parole divin, Anne entreprend de l’aider dans sa mission et de répandre le message mystique au grand dam des Hammond, peu friands de ce genre de publicité. Dans le même temps, le couple monte une agence immobilière avec l’aide de la tête de Gary (après Nathan Fillion, son complice Alan Tudyk reprend le rôle) que, finalement, ils n’ont pas enterrée. Quant à Eric et Abby, ils paniquent lorsque le FBI débarque pour enquêter sur l’explosion de l’usine dont ils sont coupables. La situation de la famille Hammond se complique encore lorsqu’ils deviennent la cible des Chevaliers de Serbie, chargés de détruire les morts-vivants, mais aussi de Poplovic (dans le rôle du grand méchant, Goran Visjnic vaut le détour), un homme d’affaires qui traque Sheila pour d’obscures raisons, révélées plus tard.
Comme dans les saisons précédentes, Santa Clarita Diet tente – parfois maladroitement – de concilier la comédie potache, l’histoire de zombie et son embryon de mythologie (avec les Chevaliers de Serbie) et les relations personnelles entre ses protagonistes principaux. Avec de multiples intrigues, introduites dès le début et parfois un peu confuses, les scènes délirantes et les situations rocambolesques ne manquent pas. L’humour est toujours un peu lourdingue, mais peut néanmoins fonctionner si l’on ne cherche pas la subtilité. Les attaques sanglantes de nazis pour que Sheila se nourrisse, la rivalité récurrente des Hammond avec leurs collègues Chris et Christa (Joel McHale et Maggie Lawson), l’étrange créature surnommée Monsieur balle-en-jambes, les interventions de la tête en décomposition de Gary sont souvent aussi ridicules qu’hilarantes, pour qui adhère au ton de la série. De même, l’interprétation volontairement outrancière de la plupart des acteurs peut décontenancer (exception faite de Liv Hewson) mais reste cohérente avec l’atmosphère. D’autant que, sur le plan humoristique comme sur le plan dramatique, l’alchimie est parfaite entre Timothy Olyphant et Drew Barrymore, le duo oscillant entre des scènes à la limite du grotesque et des séquences plus touchantes, montrant la tendresse qui lie leurs personnages.
Malgré sa dimension « comico-horrifique », l’histoire accorde toujours une large place au développement de ses personnages. Abby, notamment, prend une place plus importante. D’abord parce qu’elle est déterminée à jouer un rôle auprès de ses parents, refusant d’être mise à l’écart de leurs histoires de morts-vivants. Ensuite parce qu’elle partage avec Eric un des arcs narratifs majeurs de cette saison, lorsque soupçonnés par le FBI d’être les auteurs de l’explosion de l’usine, ils tentent maladroitement de couvrir leurs traces. En parallèle, les deux adolescents prennent conscience de leur attirance respective, qu’ils refusent de s’avouer. Et entre deux histoires de zombies et de FBI, leur confusion sentimentale ressemble finalement à celle d’autres jeunes de leur âge – qui n’ont ni mère cannibale, ni tête parlante cachée au sous-sol, ni fédéraux aux trousses.
Cependant, Sheila et Joel restent évidemment au cœur du récit, confrontés à des problèmes liés au contexte surnaturel (trouver des proies et les stocker au congélateur, déjouer les plans des Chevaliers de Serbie, affronter Popovic) autant qu’à des soucis plus anodins (lancer leur agence immobilière ou gérer l’éducation de leur fille). C’est toutefois un dilemme typiquement zombi-esque qui va se poser aux Hammond. La saison dernière, Joel se demandait s’il était justifié de tuer et manger des nazis (!!) ; cette fois-ci, il est confronté à une question beaucoup plus troublante, lorsque Sheila envisage de transformer d’autres personnes (Ron ou Jean, en l’occurrence) et de leur accorder l’immortalité. Et le sujet va vite devenir très personnel : quand Sheila lui propose de le mordre afin qu’ils puissent vivre ensemble pour l’éternité, les réticences et les doutes de Joel vont bouleverser leur relation et tout remettre en question. Du moins, jusqu’au rebondissement final…
Alerte, spoiler : finalement, Joel n’aura pas le choix. L’ultime scène rebat les cartes et montre clairement la direction que prendrait une éventuelle quatrième saison ; envisagée par Fresco, elle n’a toutefois pas été confirmée par Netflix. En attendant, cette troisième saison de Santa Clarita Diet reste fidèle au ton et à l’esprit de la série, avec son comique extravagant et ses personnages drôles et parfois attachants. Même conclusion que pour la saison précédente : le plat est croustillant, quoi qu’un peu lourd à digérer.
Santa Clarita Diet (Netflix)
10 épisodes de 30′ environ.