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On a vu pour vous… les premiers épisodes de Tommy, Edie Falco en cheffe de la police

Enquêtes policières, intrigue politique et sujets de société : Tommy joue sur plusieurs tableaux mais peine à convaincre pour l’instant, malgré la présence de Edie Falco.

C’est quoi, Tommy ? Officier de haut rang du NYPD, Abigail « Tommy » Thomas (Edie Falco) a été embauchée à contrecœur par le maire Buddy Gray (Thomas Sadoski) en tant que chef de la police de Los Angeles, après qu’une série de scandales sexuels a frappé le département. En tant que première femme à ce poste, qui plus est ouvertement lesbienne, Tommy sait qu’elle est attendue au tournant et que le cabinet du Maire, son prédécesseur, les agents et inspecteurs sous ses ordres, mais aussi les médias et l’opinion publique ne lui pardonneront aucune erreur.  Dans sa nouvelle fonction, elle doit donc affirmer son autorité tout en conciliant enquêtes criminelles, enjeux politiques et une vie privée compliquée. 

Après Bull, la chaîne CBS fait à nouveau confiance au showrunner Paul Attanasio (également créateur de Homicide) avec Tommy, nouveauté lancée le 6 Février dernier où Edie Falco (Les Soprano) tient le rôle-titre. Après la diffusion des deux premiers épisodes (sur les treize prévus), il est du reste évident qu’elle est l’atout-maître de la série. 

Le pilote commence par une allocution du Maire de Los Angeles, Buddy Gray, qui explique dans une vidéo pourquoi il a choisi de nommer pour la première fois une femme à la tête de la police de la ville : des agents du LAPD ont été impliqués dans un scandale de prostitution, l’ancien chef Milt Leakey (Corbin Bernsen) est sous le coup d’accusations de harcèlement sexuel et selon l’édile, seule une femme pourra remédier au problème.  Ça, c’est ce qu’il dit ; en réalité, une ordonnance du tribunal fédéral lui a forcé la main.

Son choix s’est porté sur Abigail Thomas, surnommée Tommy. Fille de policier, vétéran du NYPD, Thomas a elle-même subi des violences sexuelles dans la Police et fait figure de militante féministe. Mais lorsqu’elle prend ses nouvelles fonctions, elle se trouve confrontée au scepticisme d’une partie des agents et officiers sous ses ordres, à l’hostilité de son prédécesseur et à la pression des médias. Très vite, une première affaire éclate : une émigrante en situation irrégulière et sa fille sont au cœur d’un conflit entre les autorités fédérales anti-immigration et la police locale. Tout se complique encore lorsque  l’enquête ordonnée par Tommy met en cause un proche du Maire…  

Tommy, femme flic (et même à la tête du LAPD)

C’est une affaire sensible sur laquelle notre héroïne va tenter de faire toute la lumière,  avec l’aide de son chef de cabinet Don Cooper (Russell G. Jones) et de son bras droit Abner Diaz (Vladimir Caamaño), tandis que sa directrice de communication Blake Sullivan (Adelaide Clemens) et le rédacteur de ses discours Ken Rosey (Michael Chernus) essayent de l’aider à gérer son image. Dans le même temps, Tommy reprend contact avec sa fille Kate (Olivia Lucy Phillip) qu’elle n’a pas vue depuis des années, celle-ci ne lui ayant jamais pardonné d’avoir privilégié sa carrière au détriment de son rôle de mère. 

Le contexte n’est pas le même mais, en entremêlant tous ces éléments, la série rappelle Madam Secretary : une femme en position de pouvoir entourée de ses collaborateurs fait face à une intrigue par épisode, qui induit une composante sociale et des tractations politiques sous l’œil vigilant des médias et du public, tandis que sa vie privée se déroule en arrière-plan. On pense aussi aux intrigues de Blue Bloods consacrées au chef de la Police – on n’a aucun mal à imaginer une rencontre entre Frank Reagan (Tom Selleck) et Tommy

Tommy navigue entre série policière, intrigue politique, sujets sociaux et drama familial. Et dans tous ces aspects, la série fait un travail correct à défaut d’être enthousiasmant. Elle semble s’appuyer sur un format procedural, avec une enquête anecdotique conclue par semaine – par exemple, la mort d’un policier abattu dans sa voiture de patrouille. Toutefois, l’affaire traitée dans le pilote  sert de point de départ à une intrigue continue, encore floue pour le moment mais qui s’oriente vers un complot politique, le Maire Gray étant prêt à tout pour éviter d’être éclaboussé par le scandale qui frappe un de ses proches. De sorte que la série semble se construire sur plusieurs niveaux: une intrigue policière par épisode, la relation de l’héroïne avec sa fille, la manière dont elle va réussir à s’imposer dans ses nouvelles fonctions en tant que femme homosexuelle, et une machination politique feuilletonnante.

Le Maire Gray et sa nouvelle cheffe de la police

Malheureusement, Tommy manque pour l’instant de fluidité : on a l’impression que les scénaristes ont voulu introduire la situation, le ton et les personnages le plus rapidement possible, et cette urgence se traduit par des enquêtes vite expédiées, un propos social martelé qui tente d’embrasser tous les sujets prégnants (immigration, discrimination ethnique ou sociale, harcèlement sexuel et mouvement #MeToo), des dialogues prévisibles, une héroïne au passé convenu (un père flic tué en service, notamment…) et des personnages secondaires esquissés à grands traits. En outre, Thomas Sadoski est assez caricatural dans le rôle d’un Maire cynique et hypocrite. Reste Edie Falco qui parvient à donner de l’épaisseur à Tommy et en fait un personnage charismatique et qui sonne vrai. Si l’on a envie de donner une chance à Tommy, c’est bien pour elle. On peut s’en contenter pour le moment, tout en espérant que la série prenne rapidement de l’ampleur.  

On vient pour Edie Falco ; on reste pour Edie Falco. C’est sans nul doute sa présence qui éveille l’intérêt, dans deux premiers épisodes corrects mais trop plats pour convaincre. Pas sûr que ça suffise à plus ou moins long terme, et on a le sentiment que l’actrice joue en-deçà de sa catégorie. La nouvelle série de CBS semble pourtant avoir du potentiel, avec de bonnes idées et l’espace nécessaire pour les développer. Tout dépendra donc des prochains épisodes. To be continued…

Tommy (CBS)
13 épisodes de 42′ environ.
Inédite en France. 

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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