Attendue pour cet automne sur Arte, Moloch est la nouvelle série sensations des créateurs de Chefs. Une série d’ambiance où enquête policière et phénomènes étranges se frôlent de très près.
C’est quoi Moloch ? Dans une ville du bord de mer, industrielle et labyrinthique, des inconnus s’enflamment brutalement, sans raison apparente. Suicides ? Meurtres ? Phénomènes surnaturels ? Sur les murs de la ville, comme une signature, vont s’étaler six lettres de feu : « MOLOCH ». Louise, une jeune journaliste ambitieuse et instable, et Gabriel, un psychiatre endeuillé, vont mener l’enquête.
Série présentée au Rendez-vous Bi@rritz / TV France International
Episodes 1 et 2
Après Chefs et son univers si particulier et authentique, notamment dans une saison 1 poétique à souhait, Arnaud Malherbe (créateur et réalisateur de la série) et Marion Festraëts (auteure) se lancent dans une nouvelle aventure qui ne manque pas de charme une nouvelle fois avec Moloch, un 6×52 minutes dont la noirceur n’a d’égale que la poésie de Chefs.
Loin du traditionnel polar (même si il y a une enquête, ou plutôt une quête dans le cas qui nous intéresse), Moloch nous plonge dans un conte noir moderne où des personnes apparemment sans liens prennent soudainement feu sans raisons apparentes tandis qu’une menace sourde plane sur la ville. Celle de Moloch dont le nom s’affiche en lettres de sang ?
Moloch (ou Molech) est une divinité dont le culte était pratiqué dans la région de Canaan selon la tradition biblique.
Il apparaît dans un contexte lié à des sacrifices d’enfants par le feu. Il est mentionné dans de nombreuses œuvres de pop culture comme Buffy, dans la série Sleepy Hollow, dans le comics Watchmen et dans le double épisode d’ouverture de Les rivières pourpres ?
Difficile de dire si la série d’Arte opérera la même trajectoire, pour l’instant dans ces 2 premiers épisodes, la typologie des victimes est plutôt différente a priori de sacrifices d’enfants (la suite nous en dira plus). Ce qui est certains, c’est que ces deux épisodes installent parfaitement un rythme plutôt lent ; ils nous présentent aussi les 2 principaux protagonistes de la série Louise (une journaliste stagiaire qui en veut mais terriblement paumée) et Gabriel (un psy brisé qui essaye de reconstruire les autres), chacun servis intensément par 2 interprètes remarquables que sont Marine Vacth et Olivier Gourmet dont la présence tout comme la voix installe chacune des apparitions avec une intensité redoutable.
Sans faute sur la réalisation, hypnotisante à souhait, au scénario maîtrisé distillant la peur qui monte petit à petit dans la communauté. Teintée d’un paranormal qui ne dit jamais son nom, Moloch nous plonge dans une histoire où les interrogatoires policiers traditionnels et redondants laissent la place à des séquences de thérapie où se dit une foule de choses fortes et passionnantes sur les personnages mais aussi sur la situation. Ces deux premiers jouent sur une ligne de crête qui pourrait être dangereuse si elle n’était pas vraiment maîtrisée. On en sait finalement pas beaucoup au terme du deuxième épisode sur ce qui se trame en ville mais une chose est certaine : l’ambiance est là et on se retrouve fasciné par ces deux « héros » tout comme certains personnages pour l’instant secondaire à l’image de cette petite fille venant en consultation et qu’on croirait sortie du Petit Chaperon Rouge (la notion de conte n’étant jamais loin).
On espère que dans la suite de la série Moloch ne versera pas dans le polar plus traditionnel, rompant ainsi avec la poésie noire envoûtante des premiers instants. A ce stade, la série est une réussite, elle lorgne vers le meilleur du « nordique noir » pour nous offrir une fiction redoutable, croisement subtile et malin entre En analyse et X-Files. On en redemande vite.
Moloch sur Arte.TV dès le 15 octobre
Diffusion sur Arte les 22 et 29 octobre.
Ce qu’on retient du début de Moloch