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La subvention d’une mosquée par la mairie de Strasbourg fait polémique

Lundi 22 mars, le conseil municipal de Strasbourg a voté «le principe d’une subvention» de 2,5 millions d’euros pour la construction de la mosquée Eyyub Sultan. Le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, accuse la maire Jeanne Barseghian de contribuer à un projet porté par une « fédération qui défend un islam politique ».

La délibération a été adoptée à 42 voix contre 7, et «approuve le principe d’une subvention» de 2,563 millions d’euros pour la construction de la mosquée dans le quartier de Meinau, à Starsbourg. Cette subvention représente «10% du montant des travaux», qui s’élève à plus de 25 millions d’euros. Le projet Eyyub Sultan est gigantesque et ne s’arrête pas à la construction de la Mosquée. Il abritera également un centre de recherche, un musée, un petit centre commercial et un restaurant.

Darmanin dénonce le financement par la mairie d’une « ingérence étrangère sur notre sol »

Le chantier est porté par la fédération Milli Görüs, une organisation islamique et politique aujourd’hui proche du pouvoir turc, ce qui ne plait pas à tout le monde. En effet la construction de cette mosquée est au coeur d’une polémique. La décision de financement public, par la mairie EELV de la ville, n’est pas du tout du goût du ministre de l’intérieur. Il s’y oppose catégoriquement et a demandé la saisine de la justice. 

Il affirme que « La mairie verte de Strasbourg finance une mosquée soutenue par une fédération qui a refusé de signer la charte des principes de l’islam de France et qui défend un islam politique» et ajoute, via un tweet, « Vivement que tout le monde ouvre les yeux et que la loi séparatisme soit bientôt votée et promulguée ». Dans l’entourage du ministre, on dénonce « un lieu de culte communautariste » dirigé par une association « à caractère islamiste, qui ne condamne ni l’islam politique, ni l’homophobie, ni l’apostasie ». Il a également demandé à la préfète du Bas-Rhin, Josiane Chevalier, de déférer la délibération municipale devant le juge administratif.

Alors la maire de Strasbourg s’interroge, « est-ce que cela signifie qu’il remet en cause tout le droit local et le concordat? Dans ce cas là il faut le dire clairement ! » rétorque-t-elle. Car pour la municipalité ce financement est dans la continuité à Strasbourg d’autres subventions données depuis 20 ans à différents projets de lieux de culte. Cependant, pour l’opposition le problème n’est pas là. Ils pointent plutôt du doigt les incertitudes qui pèsent sur l’association islamiste turque à l’origine du projet, et ses ramifications politiques avec Ankara. Mais également le fait qu’ils aient refusé de signer en janvier dernier la Charte des principes pour l’islam de France, qui doit accompagner la lutte contre le séparatisme 

Dans un communiqué la municipalité a rappelé que pour le moment seul le principe d’une subvention a été approuvé, son versement fera l’objet d’un vote ultérieur, conditionné par un plan de financement transparent de la part de l’association Turque.  

Quant aux soupçons de séparatisme ou à la remise en question des valeurs de la République, Jeanne Barseghian a ironisé « Si le ministère de l’intérieur à des éléments à nous transmettre, qu’il le fasse ».

L’exception Alsacienne 

Rappelons que ce financement est possible, car le régime concordataire n’a pas été abrogé en Alsace-Moselle par la Loi de séparation des Églises et de l’État en 1905, l’Alsace-Moselle étant alors un territoire occupé par l’Allemagne. Ainsi en Alsace-Moselle, contrairement au reste de la France métropolitaine, les cultes peuvent obtenir des subventions publiques, notamment pour la construction d’un édifice religieux. 

L’islam n’est pas l’une des quatre religions reconnues par le Concordat mais en 1999, par souci d’équité,le conseil municipal strasbourgeois a décidé d’adopter la même règle pour tous les cultes. Depuis, 10 % du coût des chantiers d’édifices religieux peut-être assumé par la ville.

Millî Görüs : « Nous ne signerons pas la charte républicaine et nous n’avons aucun financement de la Turquie »

Ce matin, Eyup Sahin, président de la Confédération islamique Millî Görüs du Grand-Est, était l’invité de Jean-Marc Morandini pour réagir aux propos du ministre de l’Intérieur. « On refuse de signer cette charte républicaine, parce que cette charte là n’a pas été préparée, n’a pas été travaillée par les musulmans, par les mosquées, par les fédérations » argumente-t-il avant d’ajouter : « Nous, musulmans, nous respectons déjà les lois de la République. On vit en France. Musulmans ou non, Français ou non, les personnes qui vivent en France doivent respecter les lois de la République. C’est quelque chose de tout à fait logique ». À la question de savoir si l’argent de l’association provient de la Turquie, Eyup Sahin répond : « Non. L’argent vient de nos fidèles à Strasbourg et des différentes mosquées qui sont rattachées au Millî Görüs au niveau européen. Je n’ai vu aucun financement qui venait de la Turquie. Je contrôle tout à 100%. Ce que Gérald Darmanin dit, c’est de l’ignorance ».

À lire aussi : A Berlin, une mosquée libérale ouverte aux femmes et aux homosexuels a été inaugurée

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