Des images de l’association de défense des animaux L214 pointent des pratiques non conformes à la réglementation en vigueur dans un abattoir de truies fournissant l’enseigne Intermarché.
Nouvelle enquête, nouveau scandale. Cette fois, l’affaire concerne l’abattoir de la Société briécoise d’abattage à Briec, dans le Finistère. Et les images diffusées ce mardi 4 mai sont sans appel : des truies paralysées et poussées dans les couloirs de l’abattoir à coups de pied et d’aiguillon électrique, des animaux coincés dans les couloirs au point de devoir être tués sur place, des couloirs d’acheminement inadaptés obligeant les opérateurs à utiliser l’aiguillon électrique sur toutes les parties du corps des animaux et intentionnellement dans l’anus et sur les yeux, des truies trop faibles qui ont été tuées à leur sortie du camion et treuillées au-dessus des vivantes dans les couloirs de l’abattoir, une pince à électronarcose défaillante (utilisée pour la paralysie des animaux, alors qu’elle est destinée à l’étourdissement juste avant la saignée)…
Ces scènes d’horreur ont été tournées entre fin janvier et début février et ont été transmises à l’association L214 par un lanceur d’alerte. Verdict de l’association ? Ces pratiques et ces installations non conformes à la réglementation entraînent « des souffrances extrêmes pour les animaux » et sont « dangereuses pour les employés ». Cette unité de production spécialisée dans l’abattage des truies de réforme – généralement abattues épuisées et blessées à l’âge de 3 ans après avoir donné naissance à des dizaines de porcelets dans des cages individuelles – appartient au groupement Les Mousquetaires qui fournit les enseignes Intermarché et Netto. Selon l’association, 2300 truies y sont abattues chaque semaine.
« La responsabilité des services vétérinaires et du groupe Les Mousquetaires à qui appartient cet abattoir est totale, affirme Sébastien Arsac, porte-parole et cofondateur de l’association L214. Une fois de plus, on constate l’extrême souffrance des animaux pour la viande. » Réaction immédiate : dans un communiqué, la direction de l’abattoir annonce « par mesure conservatoire, suspendre provisoirement la ligne de production concernée, en attendant les conclusions des différents audits et enquêtes internes qui ont été immédiatement diligentés, en lien avec les autorités sanitaires ».
Alerte en 2016
Une réaction tardive puisque l’abattoir avait déjà été visé en 2016 par un rapport des services d’inspection vétérinaire commandé par l’ex-ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll. La direction départementale de protection des personnes du Finistère avait alors relevé de nombreuses anomalies comme « des animaux coincés par deux dans le couloir », un « mélange de gabarits avec écrasement de petits gabarits par les plus gros » ou l’« application de la pince [à électronarcose] observée parfois à des points différents de ceux préconisés : au niveau de l’encolure ou même des épaules, notamment lors d’immobilisation insuffisante ».
Dans un document datant de juillet 2019, le groupement Les Mousquetaires affirme que « la bientraitance animale est l’un des piliers d’une offre alimentaire responsable » et s’engage « en faveur de la bientraitance animale » à travers une démarche d’« abattoirs responsables » et de « bien-être en élevage dans la filière ». Mais cinq ans plus tard et malgré les promesses, rien n’a changé.
Après la publication de ces images, l’association L214 demande la fermeture d’urgence de l’abattoir, introduit un recours en responsabilité contre l’État pour manquement à sa mission de contrôle de l’application de la réglementation, porte plainte pour sévices graves commis envers des animaux auprès du procureur de la République de Quimper et demande à la justice de sanctionner sévèrement la direction de l’abattoir ainsi que les services vétérinaires du département.