Nous avons pu rencontrer l’artiste James BKS juste avant son concert à la Cigale, durant le Mama Festival. Il se confie sur ces rêves, ses origines et sur la sortie de son 1er album.
BKS veut dire best kept secrets, alors James, sais-tu bien garder les secrets?
Oui! De base, je ne suis pas quelqu’un de curieux. Lorsqu’on me confie des choses, je sais les garder. Enfait, ce pseudo est venu assez tôt dans ma carrière musicale. C’était par rapport à une compilation qui s’appelait BKS. Mais rien avoir avec mon histoire et aujourd’hui, cela résonne d’autant plus.
Tu es d’origine camerounaise, tu as grandi en France, puis aux Etats-Unis. Là-bas, tu as travaillé avec Snoop Dog, P. Diddy, Rihanna, etc. Qu’est-ce que tu as appris aux USA au niveau du travail?
L’exigence, on se retrouve dans la NBA de la musique. C’est l’esprit de compétition, être dans l’excellence tout en faisant de la musique grand public. Ils vont pousser le bouchon toujours plus loin. Par exemple, une artiste comme Beyoncé, elle n’a plus rien à prouver. Mais elle va quand même réussir à se renouveler, parce qu’elle sait que si elle fait du réchauffé, ça ne va pas le faire. Il y a toujours une grande pression.
Tu as bossé avec Snoop Dog, tu peux dire quelques mots sur cette collaboration?
Snoop, c’était l’un des premiers placements en major que j’ai eu la chance d’avoir. Je venais de signer en maison de disque chez Universal, via le label SRC.
J’ai bossé avec des auteurs qui travaillaient avec Akon, via le label Konvict Musik, à qui j’étais affilié. Et ce titre « Groove on » ft. Timati a été le fruit du travail que j’ai fait avec ces auteurs-là. Je n’ai pas eu la chance de le rencontrer. Tout s’est fait à distance.
Puis, tu es revenu en France pour travailler sur tes propres projets et créer ton propre label Grown Kid, pourquoi cette envie?
Quand j’ai signé chez Universal aux USA, le label chez qui j’étais signé, est tombé en crise quelques mois après. Les artistes avec lesquels je travaillais, ne sortaient rien. J’étais coincé et en même temps, je commençais à comprendre comment fonctionnait le côté business. Le contrat que j’avais signé n’était pas à mon avantage. Donc, j’ai préféré recommencer à zéro avec mon associé, sur de bonnes bases et dans un autre pays avec d’autres rêves.
Quels étaient ces rêves et quel est celui d’aujourd’hui?
Avant, je voulais faire de la musique de film, j’étais fan. Cela m’a permis d’essayer de faire autre chose, de faire d’autres projets, de contrôler mes éditions et d’être plus indépendant.
Mon rêve aujourd’hui est de sortir mon album. J’ai plein de choses à raconter et à faire entendre et mon rêve ultime est de travailler un jour avec Quincy Jones. J’ai eu la chance de le rencontrer il y a quelques années.
Ton histoire avec ton père biologique, le saxophoniste Manu Dibango, est très touchante. Tu l’as rencontré assez tard dans ta vie et malheureusement, il est parti l’année dernière.
Cela a influencé ta musique, tu étais dans le Hip hop et maintenant la musique africaine y est très présente. Est-ce tu ressentais un manque par rapport à tes origines?
Non, je n’ai pas senti un manque pour être honnête. C’est peut-être quelque chose qui était en moi, mais que je ne sentais pas. Je me voilais peut-être la face. Puis, j’ai eu la chance de grandir dans un environnement sain, j’avais un beau-père, un père de coeur et une maman et des soeurs. Je n’étais pas dans une quête d’identité.
Mon retour en France m’a aussi indirectement orienté vers cette quête d’identité, peut-être parce que j’ai pris de l’âge aussi.
Je voulais faire de la musique qui me corresponde complètement, pour pouvoir être unique. Cela a coïncidé lorsque j’ai reconnecté avec mon père de manière la plus anodine possible. C’était pas du tout prévu, et ça m’a changé la vie. Ces sept années avec lui m’ont changé la vie.
Tu vas sortir ton 1er album le 18 novembre « Wolves of Africa », que représente le loup pour toi?
Le loup représente cet appel des racines qui est arrivé très tard dans ma vie, mais qui est arrivé. L’envie de se reconnecter, d’aller vers quelque chose qui nous appartient, mais qu’on ne connaît pas forcément. Ce qu’il faut savoir, c’est que les loups d’Afrique ont été découverts, il y a seulement une décennie. On ne doit pas renier son histoire et d’où l’on vient.
Cet album représente mon histoire, il est rempli de sincérité et j’ai hâte de le partager.
Qu’est-ce que tu as ressenti, la première fois que tu es retourné en Afrique?
Cela fait quelque chose et je l’ai fait à travers le titre Kwele. Les Kwele sont une tribu du Gabon et aussi du Congo. C’est une première porte pour me rapprocher de mon pays d’origine. C’est vrai que de retourner au Gabon, c’était un choc émotionnel. J’ai reconnu des odeurs de quand j’étais petit, je suis allé à la rencontre de cette tribu. Je voulais travailler avec des gabonais et le fait de réaliser ce beau clip là-bas, cela m’a nourri intérieurement et je me suis senti carrément chez moi.
Dans tes clips, il y a beaucoup de danse, es-tu un bon danseur?
Je pense pas être la bonne personne pour juger, mais je prends de plus en plus confiance. Il y beaucoup de danse dans mes clips parce que c’est la résultante de ma musique, dynamique, et quand il y a de l’énergie, ça donne envie de bouger.
Il y a un titre avec l’acteur Idris Elba, tu l’as connu aux Etats-Unis?
Non, j’étais sur le point de sortir mon premier titre « Kwele » et le morceau est arrivé à ses oreilles, parce que nous avons des amis en commun. J’étais déjà fan de l’homme, de l’artiste qu’il était. Alors oui, c’est un grand acteur, connu partout dans le monde, mais il est aussi DJ et producteur. Il a une réelle sensibilité musicale. Je rêvais qu’il fasse un remix de ce titre, il a dit qu’il voulait pas le faire, mais me rencontrer.
Nous nous sommes rencontrés en France, il avait un DJ set sur Paris quelques semaines après, et la connexion s’est tout de suite passée. Il est comme un grand frère ou un mentor.
Aujourd’hui, nous sommes au Mama Festival, tu connaissais déjà cet événement ?
Oui, je connaissais déjà de nom. Il y a quelques années, j’avais l’habitude d’aller au MIDEM pour me rééduquer sur l’industrie du disque, comprendre l’aspect business de la musique, afin de pouvoir contrôler un peu mieux ma carrière. Le Mama Festival s’inscrit bien dans ce registre-là et maintenant c’est devenu l’événement à ne pas manquer.
Ce soir, tu seras à la Cigale, pourquoi venir te voir sur scène?
Je porte le projet mais derrière et autour de moi, il y a une équipe formidable. Des musiciens et interprètes extrêmement talentueux. Ils m’ont donné leur amour, leur temps et leur talent et ça donne un projet rempli d’émotions et de sincérité. C’est un réel partage, une communion entre nous mais aussi avec le public.
Un dernier mot sur toi James?
James est un jeune homme qui avait des rêves et qui fait tout pour les réaliser.