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Appel de l’Abbé Pierre : 60 ans après, qu’en reste-t-il ?

C’est aujourd’hui que la fondation de l’Abbé-Pierre présente son 19e rapport sur le mal-logement. On apprend que 3,5 millions de personnes en France sont non ou très mal logées et que plus de 10 millions subissent la crise qui touche le logement.

60 ans déjà … En effet, le 1er février 1954 l’abbé Pierre lançait un appel aux dons pour aider les sans-abri au micro de Radio-Luxembourg (RTL aujourd’hui). « Mes amis, au secours! Une femme vient de mourir gelée cette nuit à 03H00 sur le trottoir du boulevard Sébastopol », tels étaient ses mots. Cet appel avait provoqué un véritable électrochoc dans la France d’après-guerre.

Une situation alarmante

La Fondation Abbé-Pierre définit la situation de « mal-logement » à l’appui de cinq critères que sont : l’absence de logement personnel, les difficultés de maintien dans le logement, les mauvaises conditions d’habitat, les difficultés d’accès au logement, le blocage de la mobilité résidentielle et l’assignation à résidence. La fondation a communiqué ce matin des chiffres chocs : 141 500 personnes sans domicile, 38 000 vivants à l’hôtel, 411 000 contraints d’être hébergés chez des amis, famille ou autre. De plus, 1,2 million de locataires seraient en impayés de loyers et 3,2 millions vivraient en situation de surpeuplement.

Le rapport qui s’appuie sur une enquête de l’INSEE met également en lumière l’explosion du nombre de SDF. Des chiffres de 2012 indiquent que les personnes sans domicile fixe seraient plus de 140.000, soit une progression de 44% par rapport aux chiffres de 2001.

Les retombées de la crise aggravent la situation

Volonté de ce rapport 2014 : mettre en relation la précarité grimpante du logement en France et la fragilité de l’emploi. En effet, pour pouvoir payer son logement, l’obtention d’un emploi est une condition majeure afin de récupérer le salaire qu’il engendre. Selon la fondation, la situation actuelle du mal-logement serait induite par la montée du chômage: « l’emploi et le logement paraissent emportés dans une même spirale récessive qui conduit à l’aggravation de la situation des plus fragiles » peut-on lire dans le rapport. De plus la crise économique a eu un impact fort sur les loyers. Le rapport montre qu’entre 2000 et 2013, ils ont augmenté de 55 % dans les grandes agglomérations. Tout ceci contribuait à dégrader davantage les conditions de vie des plus fragiles.

L’action du gouvernement serait « insuffisante »

La fondation l’Abbé Pierre, déplore qu’après tous ce temps, les mal-logés ne soient toujours pas une priorité pour le gouvernement.

Néanmoins, la loi Duflot sur l’accès au logement est actuellement discutée au Sénat. Elle permettrait de « sanctionner financièrement les bailleurs qui loueraient des logements indécents ». De plus, elle instaurerait un encadrement des loyers dans les villes de plus de 50 000 habitants. Si la fondation la qualifie de «mesure politiquement courageuse», elle ajoute cependant que ce «dispositif modeste ne devrait pas provoquer de baisse généralisée».

Afin de sensibiliser les gens au problème du mal-logement, Emmaüs lance un appel le 1er février dans plusieurs villes françaises. « On sait bien qu’on ne pourra pas soulever les gens comme en 54, mais le pire serait de ne rien faire », assure Franz Valli, le président de l’association.

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