Fondé en 1973, le réseau « Swift » opère dans plus de 210 pays du monde. Il représente des enjeux géopolitiques et économiques majeurs.
Les sanctions économiques se multiplient à l’égard de la Russie. Après avoir envahi l’Ukraine la semaine dernière, plusieurs pays occidentaux, comme la France, les États-Unis et l’Allemagne, ont exprimé leur souhait de bannir le pays de Vladimir Poutine de la plateforme mondiale Swift.
Chose promise, chose due. L’Union européenne et ses alliés ont durci le ton ce samedi 26 février. « Nous nous engageons à ce qu’un certain nombre d’entités russes soient exclues de Swift« , a déclaré de vive voix la présidente de la Commission Européenne, Ursula Von der Leyen. Une mesure inédite vouée à avoir des conséquences importantes sur l’économie russe.
Un réseau bancaire mondial
L’acronyme Swift signifie « Society of Worldwide Interbank Financial Telecommunication« . Ce réseau, utilisé par plus de 11 000 banques et institutions, a été créé en Belgique au cours de l’année 1973. Son rôle est d’envoyer les informations bancaires des personnes, d’un point A à un point B, afin qu’ils puissent effectuer leurs achats à l’international en toute tranquillité.
Pour exemple, « si vous faites un achat en Russie, votre banque française utilise le réseau de messagerie mondiale Swift pour communiquer (vos coordonnées bancaires, ndlr) avec la banque russe. Elle s’authentifie grâce au code, la transaction est ainsi immédiate et sécurisée« , nous indique un reportage diffusé au JT de TF1 ce week-end. Aujourd’hui, il est utilisé dans plus de 200 pays et territoires.
Le code Swift
Sans même que ne l’on s’en rende compte, nous passons par ce système tous les jours. Ouvrez votre application de banque et jetez un coup d’œil à votre relevé d’identité bancaire. Vous pouvez y voir votre IBAN mais également un code BIC. Ce dernier est en réalité votre numéro d’authentification Swift qui sert à identifier votre banque partout dans le monde. Généralement, il est composé de 8 ou 11 caractères.
Quelles conséquences pour la Russie ?
Selon l’association nationale Rosswift, environ 300 grandes banques et organisations russes utilisent SWIFT. Alors quelles seront les répercussions sur le pays ? « Cela les empêchera d’opérer dans le monde entier et bloquera effectivement les exportations et les importations russes« , a avancé Ursula Von der Leyen sur Twitter. En effet, bloquer 70% du secteur bancaire russe peut s’avérer destructeur vis-à-vis du Kremlin. Avec ses quelques centaines de banques et institutions, la Russie est le deuxième pays en terme de nombre d’utilisateurs membres du réseau Swift. Elle est également le deuxième plus gros exportateur de gaz dans le monde, après les États-Unis. La privation de ce système risque donc de mettre à mal l’économie du pays, même si Moscou met en place ses propres infrastructures financières.
Cette mesure économique, l’Iran en a déjà fait les frais en 2012. En raison de conflits sur le programme nucléaire de Téhéran, une trentaine de banques du pays ont été privées du système de transferts interbancaires. Par conséquent, « le pays a perdu près de la moitié de ses revenus d’exportation de pétrole et 30 % de son commerce extérieur « , relève le think thank Carnegie Moscow Center dans une note, dont fait écho Ouest France.