A l’occasion de la diffusion le 8 mai de la série Bardot sur France 2, retour sur “Et Dieu créa la femme”, ce film mythique qui créa une icône du cinéma mondial.
Une œuvre avant-gardiste
Nous sommes en 1956, alors que le néoréalisme italien éclore en Italie, la Nouvelle Vague française n’en est qu’à ses prémices. Elle prend véritablement date à partir de 1959 avec les 400 coups, film probablement le plus emblématique de ce mouvement précurseur. Tourné à Saint Tropez dans des décors naturels, c’est la liberté, que manifeste Roger Vadim le réalisateur, concernant les enjeux du récit qu’on remarque un film précurseur. Il s’empare de sujets jusque là interdits, une jeune femme qui fait « ce qu’elle veut quand elle veut ». Naturellement, on découvre cette actrice féline qui fait tourner la tête de tous les hommes sur son passage, avec des scènes d’un érotisme provoquant. Pour l’époque cela était novateur, impertinent, contre le joug de la morale et des bonnes moeurs. En cela, le film a marqué et c’est plus précisément Brigitte Bardot qui a marqué, en incarnant une liberté inhabituelle pour une jeune femme de cette époque. Elle pousse la désinvolture jusqu’à faire trembler d’envie et de fascination le spectateur. Malgré un scénario plutôt faible, c’est véritablement Bardot qui porte le film avec un Jean Louis Trintignant qui, brûlant de désir, renforce celui de l’audience.
Une beauté impressionnante
De toute évidence le mythe Bardot tient d’abord au fait que l’actrice avait une beauté fascinante. L’actrice n’avait que 20 ans au moment du tournage, on y voit un ange tombé du ciel aux formes prodigieuses, que son mari Roger Vadim, dévoile au monde entier. C’est notamment la scène de Mambo de Bardot qui mit le feu aux poudres, cette danse cavalière a tout d’une scène culte, par la chorégraphie, cette démarche provocatrice, cette musique excitante, ces gestes érotiques, ce regard félin : tout y est. On assiste à un moment culte du film, ou plutôt la naissance du mythe Bardot. Ce qui participe à son mythe, c’est aussi que pour la première fois au cinéma, une femme exprime son désir à l’égal d’un homme. Au moment de sa sortie, des scènes sont coupées par la censure, notamment celle explicite d’un cunnilingus.
« Le mambo que j’y danse a été totalement improvisé. J’ai laissé libre cours à mon instinct. J’ai dansé comme j’en avais envie, envoutée par la musique, c’est tout ! Ça vous épate hein ? »
L’Obs. 2016
Un regard amoureux
Si Bardot est devenu un mythe après ce film c’est aussi grâce au regard que porte son mari Roger Vadim sur elle. La caméra cherche son regard en permanence, comme si elle essayait de la séduire. Bardot joue tel un chat, se fait désirer, mais reste en somme insaisissable. La musique intradiégétique De Gilbert Bécaud à Solange Berry y est également pour beaucoup. Elle rythme les humeurs du personnage de Juliette, jouée par Bardot. A la différence de la réplique de Piccoli dans Le Mépris, ou il dit à BB « je t’aime totalement, tendrement, tragiquement », cette fois-ci le spectateur est happé par le désir sincère, libre et sans artifice de l’actrice à la chevelure d’or. L’ironie du sort est que Bardot quitta son mari l’année après le film, en 1957. C’est justement avec Jean Louis Trintignant avec qui elle ne s’entendait pas sur le tournage que BB est partie.
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Dans ses mémoires, elle confia : « À force d’être naturelle dans mes scènes d’amour avec Jean-Louis, je finis tout naturellement par l’aimer. J’éprouvais pour lui une passion dévorante. » Son mythe tient donc aussi du fait que tous les hommes qu’elle côtoyait tombaient amoureux d’elle. Sacrée BB.