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On débriefe pour vous … Silo, science-fiction dystopique en huis-clos

Avec une histoire forte et une ambiance oppressante, Silo offre une excellente série entre science-fiction, thriller, questionnement politique et réflexion philosophique. 

C’est quoi, Silo ? Dans un futur où l’atmosphère est devenue toxique, les dix mille derniers survivants de la Terre sont enfermés dans un gigantesque silo souterrain. Personne ne sait quand ni par qui le silo a été créé, mais chacun est appelé à respecter une règle stricte : ne jamais exprimer la volonté de sortir du silo, sous peine de voir son souhait respecté et d’être condamné à mourir une fois à l’extérieur. Dans une structure sociale qui régit la vie de tous les habitants, le shérif Holston (David Oyelowo) veille au respect du règlement, mais sa femme Alison (Rachida Jones) découvre des informations qui la poussent à s’interroger… Elle déclenche alors un engrenage d’événements dramatiques dans lequel va être impliquée malgré elle l’ingénieure Juliette Nichols (Rebecca Ferguson) et qui pourraient bien changer à jamais l’avenir des occupants du silo.

SERIE PRESENTEE AU FESTIVAL SERIES MANIA

Nouvelle série de Apple TV + diffusée depuis le 5 mai, Silo est adaptée d’une série de romans écrits par Hugh Howey. Dans un futur post-apocalyptique où l’atmosphère de la Terre est devenue toxique et mortelle pour les humains, les dix mille derniers survivants vivent désormais dans un gigantesque silo souterrain, sous l’autorité d’un « gouvernement » totalitaire qui régit le moindre aspect de la société. Un point de départ classique dans ce type d’histoire mais entre les mains du showrunner Graham Yost (Justified), la série fonctionne extrêmement bien et sait tirer parti des prémices pour construire un récit prenant et une réflexion puissante. 

Dans ce microcosme souterrain aux allures rétro-futuristes en huis-clos, l’Histoire a été effacée : les habitants   ignorent quand, comment ou par qui le silo a été construit, ils n’ont pas la moindre idée de la raison exacte pour laquelle ils y vivent, ne savent rien de l’extérieur et n’ont aucune information sur ce qui existait « avant » – exceptés de vieux objets qualifiés de « reliques » et dont la possession est strictement interdite. Un gouvernement totalitariste contrôle tous les aspects de leur vie y compris le taux de natalité, et réprime toute tentative de remise en question. Mais certains s’interrogent, à l’instar de l’épouse du shérif, Alison, qui va déclencher une série de réactions en chaîne. Et notamment la mort de l’amant de Juliette, une ingénieure cantonnée aux étages inférieurs de la structure, qui va décider d’enquêter…

 Rachida Jones, exceptionnelle héroïne du premier épisode

Le premier épisode est une pure réussite, un des meilleurs pilotes qu’on ait vu depuis longtemps. Ce qui frappe d’abord, c’est l’esthétique époustouflante de la série, la manière dont elle crée un environnement sinistre et claustrophobe, nous plonge immédiatement au cœur de ce silo qui s’enfonce dans la terre.Sur le plan narratif, la série pose tout de suite les bases de l’intrigue et de son univers de manière quasiment exhaustive via un long flash-back d’une grande force ; il y a d’emblée une profondeur dramatique due autant au contexte post-apocalyptique qu’à la dimension psychologique des principaux personnages. Et il faut dire que le casting est excellent, avec notamment Tim Robbins, Common et  David Oyelowo, mais surtout avec une Rachida Jones exceptionnelle dans le premier épisode, puis Rebecca Ferguson qui prend les rênes à partir du deuxième. 

Silo est toutefois une série complexe. Dans sa structure d’abord, c’est un puzzle de flash-back, d’intrigues secondaires et de personnages. Une construction parfois déstabilisante et qui pâtit d’un rythme fluctuant : on alterne entre des moments spectaculaire et de haute tension (le troisième épisode, extraordinaire) et des détours  un peu plus fastidieux dans les épisodes de milieu de saison. Dans le genre ensuite, Silo appartient essentiellement au registre de la science-fiction mais y insuffle aussi des éléments de thriller voire de polar.  Holston puis Juliette lorsqu’elle prend sa place (suite à des circonstances que vous découvrirez rapidement) vont ainsi enquêter sur une mort mystérieuse et c’est par ce biais que l’intrigue prend de l’ampleur jusqu’à aborder le vrai mystère : le silo lui-même. 

 Juliette et le shérif Holston sont loin de se douter de ce que cache le silo…

Car la vraie question concerne évidemment ce bâtiment : qui l’a construit plus d’un siècle auparavant, pour quelle raison, et pourquoi les informations sont-elles cachées ? Ce qui amène à une interrogation plus dérangeante : et si tout était faux, si tout n’était qu’un mensonge ?  Il n’est pas difficile de deviner que le cœur de la série, c’est précisément la confrontation entre ceux qui se mettent en danger pour découvrir la vérité et ceux qui essaient de la cacher à tout prix. Et c’est fondamentalement cet aspect qui permet à Silo de développer une réflexion sous-jacente politico-sociale. Dans cet environnement dystopique règne parmi les habitants une sorte de résignation pesante : on obéit aux règles et on se soumet à l’arbitraire parce qu’il protège, même si c’est au prix de la liberté d’agir, de s’exprimer ou de penser. 

Si ces thèmes ont déjà été traités (on pense à des classiques comme 1984 de George Orwell, mais aussi à The Handmaid’s Tale sur un autre sujet), Silo étend le propos et prend presque des airs de « mythe de la caverne » revisité. Dans sa célèbre allégorie, Platon explique (on résume grossièrement ) que celui qui n’a pas accès à la connaissance reste prisonnier de la peur et du mensonge, et que pour s’en libérer, il faut se confronter à la vérité en abandonnant tous préjugés sociaux, religieux, philosophiques etc. Bref, sortir de la caverne… ou du silo.

Série de science-fiction et dystopie pure et dure, Silo est une proposition exigeante, ambitieuse, intelligente et stimulante dans les questions qu’elle soulève. La série est portée par des acteurs remarquables, un premier épisode formidable en guise de prologue, une esthétique magistrale et de grands moments au fil de la saison. De sorte que malgré quelques flottements, on reste totalement happé par ce récit complexe mais passionnant, par ces personnages parfaitement écrits et surtout par le mystère entourant le silo éponyme. En sachant que toutes les questions ne seront pas résolues – et qu’on espère donc vivement une deuxième saison. 

Silo
10 épisodes de 55′ environ.
Disponible sur Apple TV+

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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