La série consacrée à Julia Child, figure emblématique de la gastronomie à la télévision américaine, est aussi délicieuse que les plats préparés par son héroïne.
C’est quoi, Julia ? De retour à Boston après des années passées en France avec son mari Paul ( David Hyde Pierce), Julia Child (Sarah Lancashire) est invitée dans une émission littéraire de prestige à la télévision pour promouvoir son livre de recettes, The French chef. Sa personnalité détonante déroute la chaîne mais séduit le public et l’expérience lui donne l’idée de proposer une émission de cuisine. Le projet est semé d’embûches, mais Julia peut compter sur l’aide de Paul, sur son éditrice Judith (Fiona Glascott), son amie Iris (Bebe Neuwirth) et la productrice Alice (Brittany Bradford). Contre toute attente, le programme va connaître un succès fulgurant et bouleverser la vie de Julia.
La Julia du titre, c’est Julia Child, une personnalité emblématique de la cuisine et figure incontournable de la télévision américaine des années 1960, grâce à son émission culinaire The French Chef. C’est à elle, et plus précisément à une partie de sa vie, que se consacre la série disponible sur Max. Créée par Daniel Goldfarb (The Marvelous Mrs Maisel), malheureusement annulée au terme de deux saisons, Julia raconte notamment la genèse de son émission et les répercussions du succès sur sa vie et sur celle de son entourage.
Une héroïne et une histoire savoureuses
La série raconte d’abord l’histoire de son héroïne, son parcours et son évolution à partir de la genèse de The French chef. Femme au foyer amoureuse de la bonne cuisine, Julia a appris lors d’un séjour en France avec son mari diplomate les secrets de la gastronomie française et elle a écrit un livre de recettes paru en 1961. L’histoire aurait pu s’arrêter là. Mais de retour à Boston, après avoir suivi son mari Paul à travers le monde lors de ses différentes missions diplomatiques, Julia traverse une crise existentielle accentuée par la déception de ne pas avoir eu d’enfant. Son apparition à la télévision pour promouvoir son livre va lui donner l’idée d’une émission de cuisine.
Avec The French chef, elle souhaite apprendre aux spectatrices à concocter les grands plats de la cuisine française, dans une tradition totalement étrangère aux foyers américains et dans un esprit pratique bien peu institutionnel… Le projet est loin de convaincre la chaîne locale WBGH, à l’instar du producteur Russ Morash qui estime qu’une émission de cuisine n’a pas le niveau culturel requis pour la télévision publique. Julia va pourtant surmonter tous les obstacles et connaître un succès inattendu. D’abord grâce à une détermination polie mais obstinée (elle finance elle-même un épisode pilote, rentre par la fenêtre quand on la met à la porte en amenant un gâteau au chocolat) , mais aussi grâce au soutien indéfectible de ses proches.
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A commencer par Paul (brillant David Hyde Pierce, Niles Crane dans Frasier), fan numéro un de sa femme qui l’accompagne avec amour et bienveillance sans se poser de question, accepte de rester désormais dans son ombre et avec qui elle entretient une relation d’une tendresse profondément touchante. Julia peut aussi compter sur l’aide de sa meilleure amie Iris, de son éditrice Judith et de l’appui de Alice, une jeune productrice afro-américaine. Légère, drôle et tendre, sans mélodrame ni sentimentalisme excessif, Julia raconte comment, à l’âge de cinquante ans, cette femme se réinvente et s’affirme.
Des fourneaux aux sujets de société : cuisine et indépendance
Chaque épisode prend pour titre le nom d’une recette préparée à l’écran. On pénètre dans les coulisses du programme (le plateau a d’ailleurs été reconstitué à l’identique), on découvre le choix du plat, les préparatifs, les répétitions et le tournage ponctué de problèmes et de contretemps. Coq au vin, bœuf bourguignon, crêpes Suzette… Cuisinée, préparée, présentée, dégustée, engloutie ou savourée, la nourriture est omniprésente ; le spectateur en a l’eau à la bouche (et prend deux kilos rien qu’en regardant l’écran).
Si ce n’est pas le sujet principal, Julia offre aussi un aperçu de la société américaine de l’époque. Presque en catimini, elle aborde une multitude de sujets certes souvent traités ailleurs mais néanmoins intéressants et cette fois par le double prisme de la cuisine et de la télévision. Sexisme, racisme, âgisme, préjugés envers une culture « populaire » jugée inférieure à une culture « de prestige », discriminations sur le physique… Des thèmes qui ne sont pas martelés mais font office de toile de fond.
Deux ingrédients pour réussir la recette
Reste que les deux grands ingrédients du succès de Julia sont avant tout son ton et son actrice principale. C’est une de ces séries qui vous mettent en joie, une série feel good qui ne se dépare jamais de son humour, de son esprit malicieux et de sa bonne humeur. Il y a certes quelques moments de mélancolie, mais à l’image de son héroïne, Julia garde toujours un ton positif, optimiste, dynamique et doux.
Et Julia, justement, est incarnée par une Sarah Lancashire parfaite dans le rôle. Elle s’approprie la voix, le phrasé, les mimiques, les attitudes de son personnage sans jamais tomber dans la parodie et la caricature. Julia plus vraie que nature, elle se permet même le luxe d’éclipser Meryl Streep qui a joué le personnage dans le film Julie & Julia. Excusez du peu.
Délicate et légère, pleine de dialogues savoureux et de personnages tous sympathiques et malicieux, Julia est une série feel good. Avec tendresse et humour, privilégiant la simplicité aux grands effets dramatiques, elle suit le parcours enthousiasmant de son héroïne et dans son sillage de tous ceux qui l’entourent. Moins anecdotique qu’il n’y paraît, elle s’enrichit au fil des épisodes de sujets de société abordés avec détachement. Julia est une série qui va bien au-delà son ses ambitions : elle donne le sourire, elle donne à réfléchir… et elle donne faim, aussi. Vous reprendrez bien un peu de mousse au chocolat ?
Julia
2 saisons – 16 X 50′ environ
Disponible sur Max.