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Pourquoi Berserk est une oeuvre culte ?

En juin dernier est arrivé en France la version deluxe de Berserk, réedition du célèbre manga gore et bourrin dont le premier tome est parut en 1990. Pour cette nouvelle édition, la traduction a été retravaillée, et pour la première fois en France, des pages couleur issues des archives japonaises ont été ajoutées. Penchons nous sur ce qui a fait de Guts, un personnage iconique, et de Berserk une oeuvre inoubliable.

Des personnages complexes, mêlés à des thématiques profondes

Mangaka ayant marqué ses lecteurs, Kentaro Miura a dès les premiers tomes de Berserk, donné le ton de son oeuvre. On y retrouve un personnage à la cape noire, portant sur son dos une épée absurdement trop grosse, qu’aucun humain ne pourrait normalement manier. Il manque on ne sait pourquoi à ce dernier un bras, remplacé par une sorte de bras mécanique, avec au bout un canon.

Ce personnage, dont on apprendra qu’il se prénomme Guts, semble parcourir les terres de ce qui est appelé le « Midland », à la traque de monstres toujours plus répugnants les uns que les autres. Il y a fort à parier que chaque lecteur se souvient du premier monstre que Guts a affronté, une sorte de monstre avec des traits insectoïdes, voir larviforme. Ce dernier a élu « domicile » dans le corps d’un noble, ce dernier faisant alors regner un climat d’horreur et de mort sur son domaine puisqu’il exige, grâce à son apparence humaine, que lui soit envoyé des prisonniers, qu’il dévorera lors de banquets dans une chambre secrète.

Guts apparaît lors de leur affrontemment comme un homme sombre, cynique, brutal, dénué de tout sens de l’honneur ou de la vie humaine, mais animé par une violente, très violente, volonté de vengeance ou de justice

Rien que dans cet affrontement, Miura introduit plusieurs thématiques récurrentes de son oeuvre. Notamment la corruption des Hommes, personnifié par le noble qui bien qu’il se présente comme bien intentionné, soit en réalité un monstre qui assassine puis dévore ses victimes, la plupart du temps des paysans, sans moyens de se défendre. Puis, il indroduit les thématiques de Guts, personnage qui semble malade mentalement, complètement aliéné par son désir de vengeance et dans les tréfonds de ce qui s’apparente à une dépression sévère tant la marasme dans lequel il évolue semble profond et douloureux. Malgré cela, il incarne cette figure du pourfendeur des êtres inhumains, et semble avoir utilisé sa douleur pour devenir plus fort et pouvoir incarné cette figure.

Par la suite, Kentaro Miura s’attachera à traiter diverses thématiques lié à la nature humaine et plus précisément à sa faillibilité : la vengeance, la corruption, la haine, l’idolâtrie aveugle d’une icône, l’ignorance… Tout autant de thématiques qui seront illustrées efficacement par des personnages et leurs intéractions dans un monde qui présente tout ces vices, parfois de manière exacerbée.

Tout le propos reste néanmoins dominé par Guts et sa destinée qui semble inévitable, et sa lutte pour la contrer, la changer, ne pas s’y plier. Héros complètement brisé par les évènements, il incarne cette humanité qui se bat et ne plie pas face à l’adversité, face à une situation présentée comme fatale. Il devient un héros tragique tant il est amené à souffrir à cause de cela, que ce soit extérieurement comme intérieurement par ailleurs.

Il incarne un humain, face à des dilemnes moraux intenses, une violence inouïe, et où tout semble contre lui.

Un univers riche, mis en avant par un style graphique marquant

L’univers de Berserk sert de parfaite toile de fond au propos mentionné ci-dessus puiqu’elle lui offre tout le contexte, et tout les éléments nécessaires à sa correcte mise en place.

Berserk se déroule dans un univers médiéval-fantastique où magie, démons, créatures fantastiques et scènes de guerre violentes cohabitent avec un monde humain finalement assez proche de l’europe au moyen âge pour ce qui est du Midland, et du moyen-orient de l’époque de Salahaddine pour l’empire Kushan. On sent le poids de l’Histoire dans la pierre des châteaux, usés par la temps, et la marque des expériences douloureuses dans le visages des soldats.

Le style graphique de Berserk, c’est clairement ce qui rend l’univers aussi marquant. Miura dessine tout avec un niveau de détail hallucinant : les armures, les châteaux, les villes crasseuses… Rien n’est laissé au hasard. On sent que ce monde existe, qu’il a une histoire, une mémoire, même dans les décors secondaires.

Le contraste entre l’ombre et la lumière est constant. Le noir domine, mais parfois une petite lueur apparaît, comme Guts lui-même qui avance seul dans ce monde pourri. Ça donne une ambiance lourde, sombre, mais jamais gratuite. Tout a du sens, tout raconte quelque chose. Les monstres sont tordus, déformés, presque dérangeants. Ce sont des cauchemars sur pattes, souvent liés à des sacrifices humains ou à des désirs malsains. Là encore, le dessin renforce le fond : ces créatures montrent la corruption des humains qui ont choisi le mal.

Et puis l’univers est énorme. Y a de la religion, de la mythologie, de la guerre, des philosophies. Miura te balance tout ça sans que ça fasse « dossier ». Juste en regardant une planche, tu sens le poids du monde. Bref, le dessin dans Berserk, c’est pas juste beau ou stylé. C’est ce qui donne corps à l’univers, ce qui le rend vivant et unique.

À lire aussi : C’est quoi « Berserk », ce manga qui va se poursuivre un an après la mort de son créateur ?

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