À l’approche de la rentrée universitaire, la recherche d’un logement étudiant peut être un vrai périple, notamment dans les grandes villes en tension telles que Paris, Lyon, Bordeaux ou Lille. Les places en résidence universitaire, notamment en logement Crous, restent insuffisantes. Quant au marché locatif privé, il demeure tendu et souvent trop cher pour de nombreux étudiants. Pourtant, des alternatives émergent, portées par des établissements d’enseignement et des associations, qui offrent des solutions à la fois solidaires et économiques.
Logement intergénérationnel : une colocation avec un senior où tout le monde est gagnant
Un étudiant de moins de 30 ans qui vit avec une personne de plus de 60 ans, c’est le principe de la colocation intergénérationnelle. C’est le choix qu’a fait Éloïse, étudiante sur le campus d’Arras de CESI, qui a partagé, en première année, son quotidien avec une famille arrageoise où se côtoient trois générations. « J’avoue que cette option m’a rassurée, car je ne me voyais pas vivre seule », explique l’étudiante de CESI. « C’était vraiment une bonne solution. Les gens étaient adorables, je me sentais chez moi », ajoute-t-elle.
Éloïse avait eu vent de cette opportunité grâce à une amie de sa mère, qui avait elle-même habité dans ce logement intergénérationnel. D’autres établissements ont institutionnalisé cette pratique. L’ENTPE, école d’ingénieurs située dans la métropole lyonnaise, collabore avec Parisolidaire Lyon pour mettre en lien des étudiants avec des seniors disposant d’une chambre libre ou avec des résidences pour personnes âgées. Même dynamique à Angers, où l’ESA Angers encourage le logement intergénérationnel en partenariat avec l’association Le Temps pour Toit. L’école d’ingénieurs spécialisée dans l’agronomie et l’agriculture favorise la mise en relation entre étudiants et seniors afin de développer la cohabitation intergénérationnelle.
Dans ce cadre, les étudiants bénéficient d’un logement à tarif modéré, en échange de temps de vie partagée comme les repas communs, l’entraide dans les tâches quotidiennes ou une simple présence bienveillante. « Ce mode de vie intergénérationnel enrichit les deux parties », expose Magali Desbos, responsable de la vie étudiante à l’ENTPE. « Ce dispositif permet de créer des liens durables et offre une solution pragmatique face aux défis du logement, de la solitude de certains étudiants et de l’accompagnement des personnes âgées », complète-t-elle.
Logement solidaire : du bénévolat dans les quartiers populaires pour réduire son loyer
En complément du logement intergénérationnel, l’ENTPE, l’ESA Angers et d’autres établissements ont signé une convention avec l’AFEV pour proposer aux étudiants de devenir Kapseurs.ses. Le principe ? Des étudiants vivent en colocation au sein d’un quartier populaire pour un loyer modéré, entre 240 et 330 € selon la ville, en échange d’un engagement de quelques heures par semaine pour un projet solidaire au sein de ce quartier. « Les missions nécessitant environ 2 à 3 heures d’engagement sont assez variées », raconte Lucas Parent, élève-ingénieur à l’ENTPE et Kapseur. « Ça peut être des missions de mentorat auprès d’un jeune, la construction de projets solidaires ou encore l’animation d’actions conviviales et de proximité. Par exemple, la mienne consistait à faire la récolte des invendus aux marchés de Vaulx-en-Velin pour organiser des repas conviviaux de quartier. »
Les colocations solidaires contribuent également à lutter contre l’isolement en favorisant l’accueil en complète immersion des étudiants et jeunes actifs dans des quartiers populaires, par une expérience de colocation accompagnée où ils sont à la fois bénévoles et habitants. Au total, l’AFEV proposait 1 326 colocations solidaires pour l’année universitaire 2024-2025, réparties dans 45 villes différentes en France.
]Suivre les initiatives locales pour trouver son logement étudiant
D’autres initiatives locales viennent compléter le paysage. Au Havre, l’association ALHOET (Association Havraise pour le Logement Étudiant) facilite la mise en relation entre étudiants et bailleurs, qu’il s’agisse de propriétaires particuliers ou de résidences étudiantes. Financé par plusieurs établissements comme l’EM Normandie, le dispositif est ouvert à tous les étudiants de la ville.
À Lyon, l’ENTPE a également signé des conventions avec deux bailleurs sociaux, Est Métropole Habitat (EMH) et SEMCODA, pour réserver des logements accessibles à ses étudiants. Enfin, les solidarités étudiantes elles-mêmes jouent un rôle clé. À l’ENTPE, des groupes sur les réseaux sociaux sont gérés par le Bureau des étudiants et permettent de diffuser des annonces de logements ou de colocation, souvent proposées par les nouveaux diplômés et anciens élèves.
Face aux tensions croissantes du marché du logement étudiant, ces solutions alternatives offrent un souffle d’oxygène. Intergénérationnelles, solidaires ou communautaires, elles incarnent de nouvelles manières d’habiter, plus accessibles et plus humaines.