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On regarde ou pas ? Belphegor (M6 / HBO Max)

La nouvelle version de Belphegor arrive sur HBO Max avant dd’être sur M6 en 2026. Avec une relecture totale de l’histoire.

Hafsa, une talentueuse restauratrice d’art fraîchement embauchée au Louvre, plonge en plein chaos lorsqu’elle tombe nez à nez avec un masque millénaire mésopotamien représentant le dieu de l’orage Belphégor. Soudain impliquée dans une série de disparitions inexplicables et dont elle n’a aucun souvenir, une course contre la montre s’engage pour elle au cœur du plus grand musée du monde. Pour faire éclater la vérité, Hafsa devra se battre contre ceux qui la traquent … et contre ses fantômes.

L’essentiel

Avec Les brigades du Tigre, Thierry la Fronde ou encore Vidocq, Belphegor compte au nombre des séries qui ont fait vivre l’âge d’or de la télévision française dans les années 60-70. C’était même l’un des énormes carton en audience, tout le monde rentrait le soir de la diffusion de la série pour retrouver les nouveaux rebondissements et se faire peur devant les apparitions du « fantôme du Louvre » et en découvrir l’identité.

C’est donc à une pierre angulaire de la télévision française que M6 et max s’attaquent aujourd’hui en proposant une relecture totale de l’histoire et pas seulement un remake de ce qui a déjà été fait. Un trio d’auteurs qui ont créé Panda ou Soleil Noir (pas tous les 3 ensembles) à savoir Nils-Antoine SAMBUC, Thomas MANSUY et Mathieu LEBLANC ont la lourde tâche de ramener Belphegor à la vie, le tout supervisé par Jérémy MAINGUY à la réalisation (Panda) et l’excellente Audrey Ismaël à la musique.

Est-ce que le résultat est à la hauteur de l’attente ?

On aime ?

Sur le papier, l’intention est claire depuis le début : apporter une version nouvelle à une histoire que l’on connaît bien, monument de la télévision oblige. On serait tenté d’attendre certains éléments propres à ce que l’on a déjà mais ce serait peine perdue.

Si ce premier épisode suit une exposition somme toute classique de ce type d’histoire (présentation de l’héroïne / exposition de la « légende » qui opère dans la série / premiers signes étranges / twist maximal en fin d’épisode), elle le fait très bien. Hafsa est une héroïne « ordinaire » qui permet au spectateur de se mettre directement de son côté. Elle est en revanche plongée dans une situation qui la dépasse, perdue entre souvenirs opaques et manifestations étranges, limites surnaturelles (même si on peut présumer que la série va jouer à fond sur cette ambiguïté pour nous perdre) ce qui donne immédiatement une atmosphère malaisante aux scènes qui s’enchaînent. La paranoïa s’installe à mesure que l’intrigue avance et que l’on se retrouve captés, même captivés par ce qui se fait en place.

Si dans les années 60, on avait peur devant Belphegor, ce n’est pas ce qui se produit ici. La série ne joue pas sur la peur mais sur le suspense, assumant d’être un thriller psychologique. De toute façon, le public est davantage habitué à voir des choses effrayantes à la télé comme au cinéma, la peur ne fonctionne plus sur les mêmes leviers. Le premier épisode réussit parfaitement son entrée en matière car il sait comment poser les bases d’une histoire qui ne demande qu’à grandir. Quand le générique de fin retentit, on est sur les nerfs et on a déjà hâte de voir la suite. Le cliff joue à merveille son rôle.

L’écriture est soignée, la réalisation est enlevée et l’interprétation de certains personnages collant parfaitement à ce qu’on attend de ce type de séries. A commencer par Shirine BOUTELLA qui donne vie à Hafsa de la meilleure manière qui soit ; Laurent Bateau en spécialiste d’art dévoile ce qu’il faut de la légende tout en étant aussi étrange que possible ; la vraie réussite du casting est Nicolas Briançon en méchant de la série, un méchant très BD et c’est ce qui fait sa grande réussite, le comédien excelle dans ce registre.
On a plus de réserves quant au rôle de Tiphaine Daviot. Non pas qu’elle le fasse mal, la comédienne est toujours très juste, mais on sent que le personnage est là pour servir de « relâche » face à une intrigue sombre (dans un format de 4×52 minutes, on devrait pouvoir se passer de ces moments alors qu’ils sont plus légitimes dans une série « qui dure »).

Qui est Belphegor ? Non où est Belphegor ?

C’est évidemment la question que l’on pensait voir occuper toute la série. Le premier épisode dévoile essentiellement le « masque » à l’opposé de celui des années 60 (comme pour mieux affirmer les différences de la série de 2025). On a le droit à une brève apparition du » fantôme » en costume sans savoir si elle est vraie et pas seulement un rêve !

Le soucis vient par la suite. En effet, tout en acceptant le postulat de départ d’une histoire nouvelle, on est un peu décontenancé quant au traitement du personnage.
Pour être clair, la série se tient, entretient son suspense à condition de ne pas penser à Belphegor. Si en revanche on veut voir du Belphegor, la déception est totale, car il agit en réalité plus comme une présence, une entité capable d’influencer Hafsa que comme un personnage réel, personnifiée par quelqu’un se cachant en dessous. Belphegor est le réceptacle des traumas d’un personnage (Hafsa) et qui ne bascule dans le genre que par interstice.

On est vraiment ici dans une confrontation entre le choix d’auteurs – raconter des traumas, évoquer des sujets politiques comme le trafic d’art sur des terrains de guerre et raconter une histoire très psychologique – et la manière dont elle est perçue et acceptée par le public. Si on attendait un côté plus « Scooby Doo » avec la quête de l’identité de Belphegor (si importante qu’elle aura pour toujours marquer la carrière de Juliette Gréco), on sera un peu déçu.

Formellement, on ne peut pas dire que la série est mal écrite, mal réalisée ou mal jouée, c’est tout le contraire. On aurait aimé qu’elle plonge pleinement dans le genre, qu’elle affirme ce qu’elle fait (les moments où l’on pense que la série pourrait lorgner du côté de Moon Knight sont nombreux). La série des années 60 est devenue un monument car elle a assumé de faire une vraie histoire terrifiante autour d’une figure de légende.

La proposition de 2025 ne nous déçoit pas par sa qualité mais par ce que l’on en attendait, c’est très différent. Elle correspond sans doute davantage à ce que l’on fait sur un territoire comme le nôtre en favorisant le polar ou le thriller plutôt que des formats plus « radicaux », et qui au passage demanderait plus de moyens que ceux alloués à notre fiction. Quoiqu’on le voit au Québec avec des séries comme Dérive, la question des moyens ne peut pas être l’alpha et l’oméga qui justifient qu’on ne prenne pas plus de risques.
Reste donc ici une série efficace et bien menée, qui n’est juste pas totalement en phase avec ce que l’on attendait !

Belphegor
4×52 minutes
HBO Max puis M6/M6+

About author

Rédacteur en chef du pôle séries, animateur de La loi des séries et spécialiste de la fiction française
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