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On regarde ou pas ? La collecte (UniversCiné)

La collecte nous entraîne dans le sillage de Kevin, collecteur de dettes pour la pègre québécoise qui tente de sortir du monde du crime organisé. 

C’est quoi, La Collecte ? Kevin (Charles-Aubey Houde), est collecteur de dettes pour la pègre : son rôle consiste à récupérer l’argent dû à son patron, par l’intimidation ou la violence. Il a trempé dans ce milieu toute sa vie, envoyé par sa mère  Suzanne (Caroline Néron) vivre chez son oncle Stéphane (Claude Legault) après une fusillade meurtrière lorsqu’il avait 12 ans. Depuis, il a appris tous les rouages de cet univers interlope et s’est fait une place dans l’organisation. Mais lorsqu’il apprend que sa compagne Julie (Chanel Mings) est enceinte de leur premier enfant, il décide de raccrocher. Ce qui ne plaît pas du tout à son boss, le redoutable Santa (Guy Nadon)… 

L’essentiel

Si elles ne sont pas toujours accessibles en France, les séries québécoises valent souvent le coup d’œil pour leur audace, leur manière de s’ancrer dans une réalité sociale et d’aborder l’histoire avec un ton original et facilement identifiable. Mais après l’excellente Empathie diffusée sur Canal +, c’est au tour de UniversCiné de nous proposer La Collecte – dans un tout autre style. En huit épisodes (nous avons vu les trois premiers), les scénaristes  Ludovic Huot et Charles-Étienne Brassard se sont inspiré de faits réels, tandis que Podz (de son vrai nom Daniel Grou) à qui l’on doit déjà la brillante 19-2 , met sa réalisation nerveuse au service du récit. 

La série suit Kevin Larose, un homme d’une trentaine d’années qui s’occupe du recouvrement de dettes pour le compte d’un important réseau criminel. Kevin, implacable, assume la violence et la dureté de son métier sans ciller. Jusqu’au jour où il apprend qu’il va avoir un enfant. Dès lors, s’interrogeant sur ses aspirations personnelles et le genre de père qu’il veut être, il décide de se sortir du milieu criminel, espérant offrir un avenir plus stable à sa famille. Mais rattrapé par son passé et submergé par les dilemmes moraux liés à son rôle de collecteur, il va avoir bien du mal à quitter ce monde, d’autant que son mentor, Santa, figure puissante et menaçante du milieu, ne l’entend pas de cette oreille. 

On aime

La Collecte – qui a déjà l’immense vertu de nous emmener au Québec, donnant déjà une ambiance inhabituelle pour le public français –  est théoriquement un thriller sur le monde du crime organisé. De fait, la série comporte des scènes de passages à tabac, de fusillades, de tractations entre criminels, des gangs… Pourtant, ce n’est pas que cela : on est quelque part à la croisée du polar et du drame humain. La Collecte plonge son héros dans des dilemmes moraux et analyse toute une dynamique familiale complexe, à mesure qu’il tente d’échapper à un univers de violence, le seul qu’il connaisse, vers lequel tout le ramène.  

Au fil des épisodes, Kevin doit faire face à des choix lourds de conséquences, dans un climat pesant où la trahison est omniprésente. La collecte  ne se contente pas de décrire un milieu violent ; elle explore les dilemmes moraux auxquels font face les personnages, interroge la notion de rédemption, les conflits entre loyauté familiale et obligations criminelles, ainsi que la difficulté de changer son destin.  A l’image de la scène d’ouverture, d’une puissance saisissante, où un Kevin littéralement au bord de l’abîme se rappelle d’un traumatisme fondateur de son adolescence.

La réalisation, immersive avec des plans-séquences et des cadrages serrés, plonge le spectateur au cœur de l’action. Entre scènes de tension extrême brutes et sombres d’un côté et moments calmes d’introspection voire de tendresse, on alterne entre violence et séquences posées où les personnages dévoilent leurs failles. 

Côté casting, Charles-Aubey Houde donne vie à Kevin avec une intensité remarquable, capable de passer d’une froideur menaçante à une tendresse fragile en quelques scènes. Guy Nadon, en antagoniste dans le rôle de Santa, impose une présence inquiétante et charismatique, un personnage qui peut se montrer tantôt bienveillant, tantôt sans pitié.  Enfin, les personnages incarnés par Claude Legault et Caroline Néron, piliers familiaux de Kevin, apportent  une dimension émotionnelle qui contraste avec la brutalité de l’univers criminel. 

On aime moins

La Collecte souffre parfois d’une narration inégale. Certains épisodes sont plus introspectifs et posés, ralentissant l’intrigue principale. Un choix narratif compréhensible, mais qui peut dérouter en raison des changements de rythme. Il faut aussi s’accrocher au début, avec un premier épisode chargé car présentant tous les personnages et leurs situations respectives en alternant entre deux lignes temporelles, ce qui peut rendre l’ensemble un peu confus. 

Et si les personnages principaux sont très bien développés, plusieurs figures secondaires restent en retrait et manquent de profondeur. On aurait aimé que certains arcs narratifs soient davantage explorés, pour renforcer les nuances du récit et créer une galerie de seconds rôles plus marquants. 

Enfin, certaines scènes sont empreintes d’une grande violence. On s’y attend évidemment, vu le sujet, mais la série ne lésine pas sur les séquences crues et sanglantes qui, en raison de la réalisation immersive évoquée plus haut, sont aussi fortes que choquantes. 

On regarde si… on est prêt à se plonger dans une série qui mélange habilement polar criminel et drame introspectif ; on cherche un peu d’exotisme avec ce délicieux accent et les expressions colorées de nos amis québécois ; on est sensible aux réalisations travaillées sans pour autant être prétentieuses.

On ne regarde pas si… on a envie d’un peu de légèreté et on cherche une série feel good ; on aime les thrillers frénétiques sans changement de rythme ; on est une petite chose fragile qui défaille à la vue du sang.

La collecte
8 épisodes de 45′ environ
Sur UniversCiné à partir du 10 Octobre.

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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