La chaîne Game One, spécialisée dans le gaming et les animés, s’apprête à tirer sa révérence à la fin du mois de novembre. Après 27 ans d’existence, cette fermeture marque bien plus qu’un simple arrêt de diffusion.
Game One ferme pour des enjeux stratégiques mondiaux
C’est une triste nouvelle pour les fans de jeux vidéo et de culture japonaise, qui ont grandi avec Game One comme rendez-vous incontournable. Créée en 1998, la chaîne Game One cessera d’émettre à la fin du mois de novembre 2025. L’annonce a été confirmée par BFM Business Tech&Co et concerne également sa chaîne sœur J-One, dédiée à la culture japonaise. Cette fermeture intervient dans le contexte d’un vaste plan de restructuration initié par Paramount Networks France, à la suite de la fusion entre Paramount Global et Skydance, une opération stratégique de grande envergure approuvée par les autorités américaines de la concurrence.
Ce plan implique la réduction de plus de 50 % des effectifs du pôle télévisuel français. Même si Game One n’est pas déficitaire, elle ne fait plus partie des priorités stratégiques du nouveau groupe fusionné. C’est donc davantage une logique d’optimisation et de recentrage qu’un échec économique. Pour les salariés, la surprise est grande, et l’amertume palpable : “On est pourtant très rentable”, confie un chargé de production.
Une chaîne pourtant toujours rentable
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la fermeture de Game One ne découle pas de difficultés financières. Bien au contraire, la chaîne générait environ deux millions d’euros de bénéfices nets par an, selon les informations recueillies par BFM. Elle bénéficiait d’une base fidèle de téléspectateurs et d’une reconnaissance forte dans le monde du gaming.
Cependant, cette rentabilité n’a pas suffi à garantir sa survie. Depuis plusieurs mois, les salariés avaient des doutes : les contrats de travail signés pour la dernière saison étaient plus courts que d’habitude, et plusieurs équipes craignaient un désengagement progressif de la maison mère. La confirmation de l’arrêt est venue juste avant la rentrée 2025, provoquant colère et frustration en interne.
Une concurrence devenue trop forte
Depuis ses débuts en 1998, Game One s’était positionnée comme une vitrine unique du jeu vidéo à la télévision française. À l’époque, les plateformes de streaming n’existaient pas encore. Game One proposait des programmes novateurs, des tests de jeux, des interviews, des reportages, et bien sûr, des animés japonais. Elle a su créer une vraie culture autour du gaming à la télévision, avec des animateurs devenus cultes, comme Marcus, Julien Tellouck ou Kayane.
Mais en 2025, la donne a changé. Les jeunes publics consomment désormais massivement leurs contenus sur YouTube, Twitch ou Kick. Les chaînes linéaires, diffusées à horaires fixes via des bouquets TV, perdent du terrain face aux formats à la demande. Comme l’a souligné un ancien salarié dans les colonnes de BFM : « Aujourd’hui, les gens regardent du jeu vidéo sur Twitch ou YouTube, pas sur une chaîne ADSL perdue au fond d’un bouquet. »
Game One disparaît avec son époque
Game One, c’est aussi une part de nostalgie pour toute une génération de gamers. Des émissions comme Level One, Team G1, GameZone ou Rétro Game One ont accompagné des millions de spectateurs pendant plus de deux décennies. La chaîne était un trait d’union entre les joueurs, la presse spécialisée, les développeurs, et les fans de culture pop japonaise.
Julien Tellouck, figure emblématique de la chaîne, expliquait en 2023 : « On n’est pas vraiment la télé, on n’est pas vraiment internet, on est le lien entre les deux. » Ce lien, fragile et précieux, sera rompu à la fin novembre. Un symbole fort pour ceux qui ont grandi avec la manette d’une PlayStation dans les mains et Game One en fond sonore.
La disparition de Game One ne résulte donc pas d’un désintérêt du public, ni d’un déficit économique, mais bien d’un changement de stratégie global dicté par la restructuration d’un grand groupe international. Le “Game Over” de Game One signe peut-être la fin d’un modèle, mais son empreinte, restera durable dans l’histoire du jeu vidéo en France.