La messe en l’honneur du Maréchal Pétain s’est déroulée samedi à Verdun (55) en l’église Saint-Jean Baptiste. Mais qui est à l’origine de cette messe et pourquoi fait-elle débat ? On vous en dit plus.
La messe qui s’est déroulée ce samedi 15 novembre à Verdun a fait polémique. Mais pourquoi a-t-on célébré cette messe pour le Maréchal Pétain ? On vous explique les polémiques autour de cet événement.
Une messe pour honorer le Maréchal Pétain
Derrière cette initiative, c’est l’association ADMP (Association pour Défendre la Mémoire du Maréchal Pétain) qui en est à l’origine. Depuis plus de 70 ans, elle milite pour réhabiliter le militaire. Son objectif est clair : Défendre la mémoire d’un homme frappé d’indignité nationale en 1945 pour avoir dirigé le régime de Vichy, qui collabora avec l’Allemagne nazie et instaura un antisémitisme d’État. Le président de l’association est Jacques Boncompain, auteur du livre : « Pétain : bourreau ou bouclier des juifs ? ». Les célébrations se sont tenues de 1951 à 2014 et en 2018 à la chapelle de Douaumont. Cette année, c’est à Verdun même qu’elle s’est déroulée, au sein de l’église Saint-Jean Baptiste.
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L’archevêque-évêque de Metz, administrateur apostolique de Verdun, avait donné la permission de célébrer la messe pour le repos de l’âme du maréchal Pétain et des victimes de toutes les guerres. Et ce n’est pas pour rien que c’est à Verdun précisément que cette office se tient. En effet, revenons sur le parcours du Maréchal Pétain. Il est admis à l’Académie militaire de Saint-Cyr en 1876 et poursuit une carrière militaire, jusqu’au grade de colonel au début de la Première Guerre mondiale. Il mène l’armée française à la victoire lors de la bataille de Verdun, qui dure neuf mois et pour laquelle il fut surnommé « le Lion de Verdun « . La messe est fermée au public et réservée uniquement aux membres de l’association.
"Catho mais pas facho": Mariette, une habitante de Verdun, manifeste contre la messe en hommage au maréchal Pétain pic.twitter.com/p1WyaqXkus
— BFMTV (@BFMTV) November 15, 2025
Pourquoi fait-elle autant débat ?
Si une quinzaine de participants étaient présents pour honorer la mémoire du Maréchal Pétain samedi, il n’y avait pas moins d’une centaine de manifestants sur place pour protester. La messe a pourtant bien failli ne jamais voir le jour. Mardi dernier, le maire de Verdun, Samuel Hazard avait pris un arrêté pour interdire l’événement. Pour lui, « Verdun est la cité de l’Universalité. Pétain est l’antithèse de l’Humanité ». On le rappelle, Philippe Pétain, héros de la Première Guerre mondiale, est ensuite devenu le chef du régime de Vichy, et collabora avec l’Allemagne nazie. Il est frappé d’indignité nationale en 1945. Il s’agit d’un délit juridiquement défini en France, créé pour les procès des collaborateurs qui ont suivi la libération de la France pendant la Seconde Guerre mondiale.
Finalement, le tribunal administratif de Nice n’a pas tranché du côté du maire de la ville en autorisant le déroulé de la messe. « Je tiens à faire part de ma très vive déception, de mon dégoût, de ma colère », a répondu Samuel Hazard vendredi soir dans une vidéo sur ses réseaux sociaux. Sur place samedi, au moment de la messe, des élus locaux faisaient partie des manifestants. Leurs écharpes tricolores ont rejoint les nombreuses pancartes. Sur l’une d’elles, on pouvait lire « Catho, mais pas facho » de la part d’une paroissienne. Pacifiquement, ils ont chanté l’hymne de la Marseillaise pendant le déroulé de la messe.
Les propos tenus aujourd’hui en marge d’une messe en « hommage » à Philippe Pétain à #Verdun sont contraires à notre mémoire collective.
— Laurent Nuñez (@NunezLaurent) November 15, 2025
En soutien du maire de Verdun, je condamne fermement toute tentative de réhabilitation d’une figure liée à la collaboration et à l’oppression.… https://t.co/eBJAH5L1yn
Le Maréchal Pétain, condamné à mort en 1945, est « le premier résistant de France » déclare l’un des membres de l’ADMP. Le préfet de la Meuse, Xavier Delarue, a lui, informé de son intention de porter plainte. Il juge des déclarations « clairement révisionnistes ». Celles-ci formulées en marge de l’hommage « au maréchal Pétain et à ses soldats ». Le ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez, a réagi en postant depuis son compte sur X et condamne aussi ces déclarations.