À l’approche de la prochaine Année du Cheval de feu (2026), une superstition vieille de plusieurs siècles refait surface et relance les craintes. L’idée que cette année zodiacale pourrait entraîner une baisse des naissances.
Le calendrier chinois associe chaque année à un animal selon un cycle de douze, et combine ce cycle avec les cinq éléments (bois, feu, terre, métal, eau), ce qui donne donc un cycle complet de 60 ans. L’année du « Cheval de feu » est donc une configuration rare, marquée dès l’Antiquité par des récits mythiques et des superstitions. Dans certaines sociétés d’Asie de l’Est, notamment au Japon, les croyances liées à ce signe ont longtemps pesé sur les perceptions sociales vis-à-vis des enfants à naître, et en particulier des filles. Et ce qui s’est passé il y a 60 ans, dernière année du Cheval de feu, peut surprendre…

La superstition autour du “Cheval de feu”
Selon la tradition populaire au Japon, les femmes nées l’année du Cheval de feu, dite « Hinoe-Uma« , seraient dotées d’un tempérament trop fort, irréconciliable avec l’idéal maritial traditionnel. On raconterait qu’elles pourraient « nuire » à leur mari, voire « mettre en péril le foyer« .
Dans ce système, l’“élément Feu” (yang) associé au “Cheval” crée l’année dite “Feu-Cheval / Fire Horse” (le 43ᵉ terme du cycle). Dans la logique cosmologique traditionnelle, le feu incarne une énergie vive, intense, instable et le cheval évoque vitesse, liberté, impétuosité. Lorsqu’on combine ces symboliques, le résultat est perçu (dans certaines traditions populaires) comme “excessif”, “instable”, voire “dangereux” : un mélange “trop fort” d’énergie et d’impulsivité.
Une pierre angulaire de la superstition Cheval de feu est l’histoire tragique de Yaoya Oshichi. Cette jeune femme, supposément née en 1666, année de Hinoe-uma, est devenue célèbre dans l’imaginaire populaire puisque dans certaines versions de l’histoire, elle aurait mis le feu à un temple par amour, puis été exécutée.
1966, la chute de la natalité
En 1966, le Japon a enregistré une basse spectaculaire des naissances. Environ 1 361 000 naissances, soit près de 500 000 de moins qu’en 1965 ou 1967, selon Nipon.com. Cette chute correspond à une diminution d’environ 25 % du nombre de naissances par rapport à l’année précédente, un record dans les statistiques démographiques japonaises.
Les chercheurs ont d’abord exploré des explications « classiques« , modification des lois sur l’avortement, diffusion de la contraception, évolution sociale. Mais aucune de ces hypothèses n’a suffi à rendre si soudain et si marqué. L’étude statistique attentive a mis en avant un « basculement psychosocial« , attribuable à des croyances traditionnelles sur le signe zodiacal. Des remarques que l’on peut retrouver dans le document : Quelques précisions sur l’année « Cheval et Feu ». Publié en 1969 par J-N Biraden.
Ainsi, des couples auraient retardé ou annulé leurs projets d’enfant, ou choisi de ne pas avoir de filles cette année-là. Le phénomène ne se limitait pas aux zones rurales ou aux milieux les plus conservateurs : l’impact démographique témoigne d’une adhésion assez large.
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— Marie France (@mariefrancemag) September 30, 2025
Conséquences sociales et discriminations post-naissance
Au-delà de la baisse de natalité constatée en 1966, plusieurs travaux suggèrent que les femmes nées pendant l’année “Feu-Cheval” ont pu subir, dans les décennies suivantes, des désavantages sociaux et économiques liés à la superstition. Par exemple, une étude de 2014 (Long-term consequences of birth in an ‘unlucky’ year: evidence from Japanese women born in 1966) de Satoshi Shimizutani et Hiroyuki Yamada, montrerait que les “femmes Fire Horse” présentent, en moyenne, des taux de divorce légèrement plus élevés. Mais aussi des niveaux de revenu et d’éducation plus faibles, ce qui pourrait refléter des discriminations persistantes ou des effets psychologiques de stigmatisation.
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Au-delà du Japon, le « Cheval de feu »
Les recherches ne se limitent pas au Japon. Une étude portant sur la période 1970-2003 en Corée du Sud a montré que, lors des années du Cheval, la fertilité y diminuait tandis que le ratio naissances garçons/filles augmentait. Traduisant une baisse globale des naissances, potentiellement motivée par un désintérêt pour les filles.
Ce phénomène suggère que ce n’est pas seulement la “version feu” (Fire Horse) qui a un effet, mais plus largement le tabou culturel attaché au Cheval. Ce qui indique une influence plus large de l’astrologie traditionnelle sur les comportements reproductifs, dans plusieurs pays d’Asie de l’Est. Cependant, il est important de noter que les effets varient selon les contextes culturels, économiques et sociaux. En Chine, par exemple, l’impact semble moins marqué, ce qui illustre que ces croyances ne se traduisent pas toujours de façon uniforme.
2026 sera l’année du Cheval de Feu 🔥et une année universelle 1.
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—> symbole de départ, d’élan et de renouveau
Dès le 17 février, les natifs du Serpent, du Singe, du Tigre et du Cochon sentiront la roue tourner en leur faveur. pic.twitter.com/f9DfEaBBkT