À mesure que les intelligences artificielles deviennent des partenaires émotionnels crédibles, des couples se déchirent. Ce phénomène , appelé « l’IAdultères », soulève des questions inédites sur l’infidélité, le droit et la nature des liens amoureux.
Les profondeurs numériques de l’ère de l’intelligence artificielle ne sont plus confinées aux industries ou aux laboratoires : elles s’invitent désormais au cœur des relations humaines. Aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Asie et dans d’autres régions du globe, des histoires de couples qui se séparent. Parfois même après des années de vie commune à cause d’attachements émotionnels à des chatbots font la une des cabinets d’avocats et des cours de justice. Ce qui semblait hier de la science-fiction pourrait bien devenir une réalité sociale à part entière. Le terme d’IAdultères apparait, avec Courrier International.
Quand l’IA devient confident (et rival)
À l’origine, les intelligences artificielles conversationnelles ont été développées pour aider, divertir ou fournir un soutien émotionnel. Mais pour certains utilisateurs, ces outils sont devenus bien plus que de simples applications : ils sont devenus des confidents, des compagnons, parfois même des partenaires romantiques. Des applications comme Replika ou Nomi, conçues pour simuler l’empathie et l’écoute, sont devenues des refuges où l’on se sent compris et valorisé, parfois plus qu’avec un partenaire humain.
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Or cette intimité numérique peut générer une véritable attache émotionnelle. Des sondages montrent que près de 60 % des célibataires considèrent une relation amoureuse avec une IA comme une forme d’infidélité. Un point de vue partagé par de nombreux couples concernés.
Des divorces motivés par « l’adultère numérique »
Ce changement de perception se traduit déjà sur le terrain judiciaire. Aux États-Unis et au Royaume-Uni, des avocats en droit de la famille observent donc une multiplication de cas où l’usage intensif des chatbots par un partenaire est invoqué dans des procédures de divorce. Dans certains dossiers, les époux estiment que l’investissement affectif, et parfois financier, envers une IA équivaut à une trahison conjugale.
Tomber amoureux d'une IA, c'est possible ? Bien sûr ! La vraie question est : une IA peut-elle réellement tomber amoureuse d'un humain ? #IA #Amour #Futur pic.twitter.com/Eh8txHTEHA
— Flavien Chervet (@Flavien_Chervet) December 3, 2025
Des histoires individuelles illustrent donc ce phénomène. Comme le rapporte le magazine Wired, une écrivaine américaine met ainsi fin à 13 ans de mariage. La raison ? Elle et son partenaire reconnaissent que ses interactions répétées avec des compagnons IA ont créé une forme d’infidélité. Dans d’autres cas, des partenaires s’inquiètent de l’addiction aux IA au point de remettre en question la viabilité de leur mariage.
Défis juridiques et absence de cadre légal
Le droit peine à suivre. Dans certains États américains, des projets de loi visent à refuser toute forme de reconnaissance légale à des unions entre humains et IA. Alors que d’autres juridictions débattent encore de la qualification de ces relations dans le cadre du droit de la famille.
Cette incertitude juridique crée un flou. Les juges doivent décider comment traiter des situations où un logiciel, qui n’a ni personnalité juridique ni existence physique, est présenté comme un « tiers » dans une relation. Certains avocats estiment que les dépôts de divorce augmentent en raison de ce flou. Cela bien que les chiffres exacts restent difficiles à établir.
Des impacts humains et sociétaux profonds
Au-delà des salles d’audience, ces cas révèlent ainsi une transformation profonde des relations humaines à l’ère numérique. Pour certaines personnes, les compagnons IA comblent des besoins affectifs que la vie sociale ou conjugale ne satisfait plus, parfois avec des conséquences positives, comme un soutien émotionnel. Mais aussi avec des risques pour les liens interpersonnels quand l’IA remplace l’humain.
🔴 Sa meilleure amie est une IA depuis 5 ans. Il a pourtant une femme et deux enfants.
— Envoyé spécial (@EnvoyeSpecial) November 5, 2025
📺 “IA mon amour” c’est demain dans #EnvoyéSpécial ⏯ https://t.co/Rd56QTHJZ0 pic.twitter.com/1g65bHtlsD
Dans d’autres pays comme la Corée du Sud ou en Chine, des individus ont donc déjà évoqué des ruptures ou des divorces liés à des interactions prolongées avec des IA. Même si les cadres juridiques ne reconnaissent pas encore ces causes comme des motifs formels d’adultère.
Vers une redéfinition de l’intimité
Le débat ne porte plus seulement sur la technologie, mais sur ce que cela signifie. Aimer, tromper ou faire confiance à l’ère numérique, « l‘IAdultères« . Alors que les législateurs, juristes et psychologues s’efforcent de comprendre cette évolution. De leur côté, les couples eux-mêmes sont forcés de se positionner. Jusqu’où une relation avec une IA peut-elle empiéter sur une relation humaine ? Et comment réconcilier le cœur humain avec un miroir émotionnel programmé pour plaire ?