Duo de réalisateurs mythiques, rendu célèbre par La Promesse en 1996, ils sont à nouveau encensés pour leur dernier film, Deux jours, une nuit, que certains qualifient de chef d’oeuvre.
Déjà gratifiés de deux palmes d’or, l’une pour Rosetta en 1999, l’autre pour L’Enfant en 2005 et de 4 autres prix cannois récompensant entre autres Le Silence de Lorna, 2008 et Le Gamin au vélo, 2011, les frères Dardenne sont des piliers du cinéma d’auteur francophone.
Au sixième jour de projection à Cannes, le nouveau Dardenne a frappé les esprits. Ce film donne à voir les dérives du capitalisme, les ravages de l’inconscience des détenteurs de pouvoir et la détresse des moins favorisés. Mais ce n’est pas tout, loin du misérabilisme habituellement de rigueur, lorsque certains réalisateurs dépourvus de talent, s’emparent de sujets sociaux, les frères Dardenne font, une fois de plus, preuve d’un talent raffiné et délicat, leur permettant d’éviter les travers du pathos et d’offrir une oeuvre à la dramaturgie sublime.
Mardi, la projection a bouleversé la Croisette, beaucoup n’ont pas pu retenir leurs larmes, émus ou révoltés, aucun n’est resté indifférent à cette révélation qui laisse peut de chance aux autres films en lisse.
Relatant l’histoire d’une mère de famille qui va, pendant un week-end entier, tenter de convaincre ses collègues de renoncer à leur prime de 1000 euros, ce film met en exergue la perversité du système économique actuel, poussant parfois à faire face à des choix sans issue. La lâcheté des dirigeants d’entreprises, se défaussant de toute responsabilité et laissant leurs employés endosser des choix inhumains, est également dénoncer à travers l’intrigue de Deux jours, une nuit.
Ce film semble donc comporter, au-delà d’une qualité cinématographique indéniable, une portée politique et sociale, sublimée par un style naturaliste, cher aux frères Dardenne.