Au cours des jours qui ont suivi les attentats visant Charlie Hebdo, une voix inconnue du grand public s’est faite largement entendre dans tous les médias. Richard Malka, l’avocat du journal a en effet été omniprésent. Présenté comme « le protecteur bienveillant de la bande » à Charlie (Le Monde), il est grand temps de s’intéresser à l’avocat mystérieux. Qui est vraiment Richard Malka ? Portrait.
L’avocat des puissants : Badinter, Strauss-Kahn, Clearstream & coe
Si Richard Malka est l’avocat de « la bande à Charlie » depuis 1992, il serait erroné de se l’imaginer en avocat des petites gens de la presse satirique indépendante et valeureuse (si tant est que Charlie Hebdo incarne ces nobles valeurs). Considéré comme l’un des avocats du droit à la presse les plus influents de France, il possède un portefeuille de clients des plus fournis.
Fournis et inattendus. L’avocat qui a été classé par GQ en 2010 parmi les trente personnes les plus influentes des médias défend ou a défendu en effet dans le désordre : le couple Strauss-Kahn-Sinclair, Clearsrteam, LVMH, Frédéric Haziza ou encore Benny Steinmetz, magnat du diamant et l’un des hommes les plus riches d’Israël.
Malka, « ce jeune ténor du barreau français, chouchou des médias » (Micro magazine, 2 juillet 2012) défendra aussi en 2008 la directrice de la crèche Baby Loup dans l’affaire du renvoi d’une salariée qui portait le voile islamique. À noter que l’avocat est parvenu au dossier avec l’appui du couple Badinter avec lequel il passe tous les ans ses vacances (Libération, 15 octobre 2013 ).
Un libéral-libertaire assumé
Le jeune avocat qui monte apparaît aussi très spécialisé dans les affaires de moeurs qui lui permettent d’offrir au monde une vision très libérée de la sexualité. Gérant la déferlante médiatique après l’affaire du Sofitel en 2011, il avait ainsi fait preuve d’une indulgente mansuétude envers Dominique Strauss-Kahn : « DSK est accro au sexe ? Et quand bien même ? Lorsque Victor Hugo est mort, les putes ont dit : “Cette nuit, c’est gratis”, tellement il était bon client ». Comparaison fort bien trouvée quand on connaît le caractère hautement poétique de l’homme politique socialiste.
Autre affaire sulfureuse dans laquelle il est intervenue, celle de l’exposition « Présumé innocent »dont le directeur fut attaqué pour « diffusion de message violent, pornographique ou contraire à la dignité accessible aux mineurs ». Après des années de procédures, Malka glanera un un non-lieu et ne se gênera pas pour clamer son mépris pour les ignobles réacs’ ne se réjouissant pas de la vision de gamines dénudées :« C’est une défaite salutaire des ligues de vertu, qui ont tenté d’imposer leur vision névrotique de la sexualité à une société dans son ensemble, en assimilant art et pornographie. S’il fallait retirer tous les nus pour plaire à quelques talibans névrosés, on devrait fermer la moitié du Louvre » (Ouest France, 16 mai 2014). Le fameux joker de l’art contemporain qui différencie « art et pornographie »…
L’affaire de la caricature de Mahomet, tremplin vers la lumière
Mais le plus grand succès de Malka reste le procès des fameuses caricatures de Mahomet dans Charlie Hebdo. L’avocat eut la chance de bénéficier de fervents et influents soutiens à l’époque. Dans l’ordre : une pétition publiée dans Libération et signée notamment par SOS Racisme, Elisabeth Badinter et Claude Lanzmann ; le soutien écrit de Nicolas Sarkozy lu au procès ; la venue de François Hollande en personne (alors premier secrétaire du PS) qui témoigna en faveur de l’hebdomadaire au procès.
Les trompettes de la renommée sonnèrent définitivement pour son omniprésence dans le film C’est dur d’être aimé par des cons qui retrace très subjectivement le déroulé de l’affaire. L’avocat a pu même sourire pendant une montée des marches au Festival de Cannes en 2008.
Personnage intéressant ce Richard Malka.
Source : Enquête d’E.Ratier Qui est Richard Malka ?