Alors que le premier tour de l’élection présidentielle approche à grand pas, les candidats redoublent d’efforts pour convaincre le plus d’électeurs de glisser un bulletin en leur faveur dans l’urne. Pourtant, on parle assez peu de ceux qui se déplaceront dans les bureaux de vote mais dont la voix ne sera pas prise en compte. Faut-il dés lors prendre en compte leur voix?
10, c’est le nombre de candidats présent au premier tour de l’élection présidentielle de 2012, on peut s’interroger sur ce nombre, est-ce une bonne chose pour la démocratie que les citoyens puissent avoir un large choix parmi les candidats ou au contraire, on pourrait penser que trop de choix tue le choix et que le citoyen peut s’égarer parmi des candidats qui sont souvent méconnus pour certains d’entre eux.
Pourtant, certainement plus de 500.000 personnes se déplaceront au premier tour et leur voix ne sera pas prise en compte car ils n’ont pas exprimé de choix, or, ils ont bien exprimé un choix, celui de ne pas en faire, contrairement aux personnes inscrites sur les listes électorales qui ne se sont pas déplacées pour voter, ce que l’on appelle l’abstention.
En 2007, lors de la dernière présidentielle, il y avait 44 472 834 inscrits pour 37 254 242 votants , la différence, soit 7 218 592, c’est l’abstention, qui a atteint 16,23%. Parmi les votants, 534 846 votes ont été comptabilisés comme blancs ou nuls, soit 1.5% des votes. Au second tour, ce nombre a atteint 1 568 426 pour 4.2% des votes.
Est-ce acceptable dans une démocratie de ne pas prendre en compte le choix de ces électeurs qui ont fait leur devoir civique?
A l’heure actuelle, le citoyen est comme un consommateur qui entrerait dans une boutique avec l’obligation d’acheter, même s’il ne trouve pas ce qu’il souhaite, on assimile son choix aux votes nuls. Peut-on ensuite aller sur les plateaux TV en s’indignant du taux d’abstention toujours aussi haut? La première liberté pour l’électeur, c’est de ne pas aller voter quand l’offre politique ne lui convient pas, puisqu’il ne peut pas exprimer son choix, ou même refuse de le faire, non par déviance, mais juste par une confiance perdue en la politique et surtout aux « hommes politique »
La démocratie s’adapte à son temps, sa manifestation première, l’élection semble quant à elle, figée. Outre le refus de comptabiliser les votes blancs parmi les votes exprimés, la règle qui empêche les médias français de publier les résultats des sondages de sortie des urnes à partir de 18h30, alors que les médias étrangers ne se gênent pas pour le faire, internet aidant, constitue une hypocrisie qui n’a plus lieu d’être au XXIème siècle. Au lieu de brandir la menace des 75.000€ d’amende, dérisoire pour un quotidien qui voudrait s’offrir un scoop, il est temps que le législateur vive à l’ère du monde et de la démocratie 2.0
Christophe Crépin