Ce mardi 3 février, la Fondation Abbé Pierre qui essaye de recenser le nombre de personnes subissant une précarité extrême menant au mal-logement, a publié un rapport désastreux. Le phénomène s’enlise et la France atteint un palier record de personnes mal-logé et de sans-abri. Selon ses chiffres, ils seraient 3.5 millions.
Depuis sa création en février 1992, la Fondation Abbé Pierre (FAP) essaye de tracer un diagnostic de la crise sociale en France à travers le nombre de sans-abri et de personnes subissant un mal-logement. Faute de statistique officielle de la part de l’Etat, la fondation remet tous les ans un rapport annuel sur l’état de la situation.
Cette année, les chiffres atteignent des records. Plus de 355 000 demandes d’hébergement ont été déposés auprès du numéro d’urgence pour les sans-abri, le 115, alors que ce dernier ne dispose que de 140 000 places. Des moyens de recours sont alors mis en place, comme des nuitées d’hôtels. Mais aucune solution à long terme n’est mis en place par le gouvernement. Environ un quart des demandes de logements en HLM trouve une réponse actuellement (1.8 millions de demandeurs pour 467 000 logements disponibles)
Selon le délégué général de la FAP, Patrick Doutreligne, 2014 est une année vierge qui n’a que permis de confirmer le refus de François Hollande d’honorer le plan quinquennal prévu lors de la campagne de 2012.
Une situation banalisée
Plus grave encore, l’ancrage du capitalisme néolibéral et de son dictât s’ancre de plus en plus dans les mœurs de la société, durcissant le regard de la population vis-à-vis d’une situation pourtant inhumaine pour leurs contemporains.
En effet, à l’heure où la gloire est au « mérite » et au « travail » sans qu’aucun de ses deux termes ne soit jamais remis en question, l’échec financier résulte de la responsabilité individuelle propre à chacun. Sans sombrer dans un déterminisme absurde, il semble pourtant que la situation financière soit également construite d’opportunité et soit composée d’un facteur chance singulièrement non négligeable.
Alors actuellement, quel est le pire ? De voir un Etat affaibli, de par une économie toujours plus dépolitisée et envahissante, ne plus être captable de prendre soin de ses sujets, ou bien de voir la société évoluée dans le sens d’une déshumanisation totale au profit d’une morale axée sur le mérite et un rapport faussé de la notion de travail ?
Quoi qu’il en soit, le bilan de la FAP et de ses membres trace aujourd’hui un dessein bien sombre pour l’avenir de la société, répétant sans cesse que la précarité s’enlise, s’encastre plus profondément dans la société contemporaine.