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Plein Soleil : un air de vacances avant l’heure

Voici enfin le retour des beaux jours ! La température avoisine les 30°C sur une grande partie de la France. La fin de l’année scolaire approche à grands pas et un air de vacances flotte agréablement dans l’air. Profitons de l’occasion pour revenir sur un film dont le titre évoque à lui seul, les plaisirs relatifs à la période estivale : Plein Soleil.

Sorti en 1960, Plein Soleil est le dixième long-métrage de René Clément. Ce réalisateur français fut deux fois lauréat de l’Oscar du meilleur film étranger. Il reçut le premier en 1949 pour Au-delà des grilles, œuvre située à mi-chemin entre réalisme poétique français et néoralisme italien. Le deuxième lui fut remis trois ans plus tard, en 1952, pour son célébrissime Jeux interdits, drame retraçant les malheurs d’une petite fille pendant l’Exode – un film grâce auquel Brigitte Fossey fut propulsée au rang d’icône internationale à seulement cinq ans et fut présentée à la reine d’Angleterre, Elisabeth II. René Clément est effectivement connu pour ses drames sur fond de Seconde Guerre mondiale, comme La Bataille du rail (1946), qui met en scène la résistance des cheminots français, et surtout, la superproduction franco-américaine Paris brûle-t-il ? (1966), véritable fresque historique illustrant les évènements qui conduisirent en août 1944, à la Libération de Paris. Malgré un talent indéniable et des innovations constantes sur ses tournages, René Clément fut avec Jean Delannoy et Claude Autant-Lara, l’une des cibles principales des cinéastes de la Nouvelle Vague, recevant notamment des critiques très agressives de la part de François Truffaut. Il reste cependant un cinéaste français reconnu par la profession et admiré à l’étranger.

À la fin des années 1950, il décide d’adapter le roman policier de Patricia Highsmith, Le Talentueux Mr. Ripley, qui sortira sur les écrans en 1960 sous le titre de Plein Soleil. Le film met en vedette Alain Delon, Maurice Ronet et Marie Laforêt. Voici quelques raisons de voir, ou de revoir, ce petit bijou de René Clément.

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Résumé de l’intrigue : Un milliardaire américain confie à un dénommé Tom Ripley, la mission de ramener son fils Philippe auprès de lui en Californie. Ce dernier coule des jours heureux en Italie en compagnie de sa maîtresse, Marge – interprétée par Marie Laforêt. Tom finit par assassiner Philippe sur son voilier et usurpe progressivement son identité…

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Plein Soleil c’est avant tout le premier grand rôle d’Alain Delon au cinéma, et un rôle de composition qui plus est. Il y est sublime dans la peau de Tom Ripley : le teint bronzé, les cheveux gominés, la raie sur le côté, toujours bien habillé, etc. Il personnifie à lui seul le fantasme féminin par excellence. Maurice Ronet séduit également par sa beauté plus insolente et atypique. Le duo que forment les deux acteurs est électrisant, notamment lors de leur ultime entretien sur le voilier. À noter que la ressemblance physionomique des deux acteurs est troublante. Tom Ripley est un jeune homme au caractère obscur par ailleurs doté d’un fort tempérament impulsif. Les scènes de meurtres en sont une preuve formelle car l’expression qui émane de son visage traduit une alliance étroite entre hargne et peur.

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Tom Ripley voue en outre un culte pernicieux à Philippe Greenleaf – son homosexualité est simplement suggérée, et ce, de manière intimement singulière lorsqu’il embrasse langoureusement son propre reflet dans le miroir après avoir singé l’attitude et la voix de Philippe. Leur relation est selon toute vraisemblance indéfinissable : l’un dit qu’il se connaissent depuis leur plus tendre enfance, ce que l’autre dément dans son dos… si bien que l’on finit par ne plus savoir qui dit la vérité. Ainsi, le film appelle à la réflexion du spectateur. Marie Laforêt campe quant à elle une jeune femme froide, fragile et désabusée, qui tente, tant bien que mal, d’écrire un livre sur Fra Angelico.

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La réussite de Plein Soleil est intrinsèque à la somptuosité des paysages, qui défilent sous nos yeux telle une envolée de cartes postales. La plupart des scènes extérieures ont été tournées à Rome et à Ischia Ponte – nommé Mongibello dans le film -, commune de la province napolitaine. Le film constitue une authentique pérégrination au sein de la péninsule italique : habitations méditerranéennes et ports de plaisance pittoresques, marchés pullulant de poiscailles en tout genre, plages paradisiaques, etc. Quant aux sorties en mer du magnifique voilier de Philippe Greenleaf, elles nous transportent sur les eaux calmes et cristallines de la mer Tyrrhénienne. Le bleu, de l’azur à l’outremer, est la couleur dominante d’une majeure partie du film ; ses vertus rafraîchissante et conductrices nous offrent une pure séance de luminothérapie.

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La mise en scène est habile dans la mesure où le récit prend initialement forme dans de vastes espaces ouverts, puis se confine dans des lieux clos et oppressants, comme des appartements, des restaurants, des cages d’escaliers, etc. illustrant les préoccupations grandissantes de Tom Ripley. Durant les scènes de tension, l’esthétique du film revêt une tournure particulière. Après le meurtre de Philippe, Tom Ripley lance le voilier dans une course rotative interminable ; la séquence est dénuée de toute musique, octroyant au fracas des vagues et au vent, l’opportunité de scander l’épisode fondamental de l’histoire. L’autre assassinat est immédiatement suivi de la projection sur le sol d’un assortiment de fruits qui rappelle le style inquiétant et neurasthénique des vanités. Le suspense est haletant et maintenu jusqu’à la scène finale. Animée par la gravité et l’exubérance qui la caractérisent, la musique de Nino Rota cristallise ce suspense, au rythme tantôt enjoué, tantôt paresseux et énigmatique, des trompettes et des mandolines.

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En 1999, trois ans après le choc planétaire du Patient Anglais, Anthony Minghella, réalisateur britannique, réadapte le livre de Patricia Highsmith, cette fois sous le même titre : Le Talentueux Mr. Ripley. Bien que le film soit visuellement très agréable et dispose d’une bande originale constituée des plus grands standards du jazz, il insiste lourdement sur l’orientation sexuelle du personnage et parsème le film de péripéties pour mettre en lumière la personnalité torturée de Tom Ripley. En revanche, le film de Clément les laisse supposer par sa mise en scène et sa narration. Le Talentueux Mr. Ripley est plus fidèle au roman, surtout au niveau de la fin, mais il reste cinématographiquement moins intéressant que Plein Soleil.

Plein Soleil est un film culte du cinéma français, à voir en sirotant un cocktail rafraîchissant, cela va de soi !

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