Mardi dernier, un rassemblement de plus de 300 personnes s’est déroulé au métro La Chapelle dans le 19ème arrondissement de Paris: lieu fort de signification puisque c’est là que, la veille, les forces de l’ordre n’ont pas hésité à évacuer violemment les campements de 84 migrants. L’objectif de ce rassemblement qui a vite tourné à la manifestation? Pointer du doigt la brutalité de la police et lutter pour la création d’un centre d’hébergement.
Une protestation qui s’est déroulée dans le calme
Le rassemblement a député en fin d’après-midi, vers 18h, sur le long de la rue Pajol, pour finalement se muer en une véritable manifestation jusqu’à 21h, sous le métro aérien de la station La Chapelle. “Solidarité pour les réfugiés”, “De l’air, de l’air, ouvrez nos frontières”, “Police partout, justice nulle part” étaient les maîtres mots qu’on pouvait entendre scander dans l’attroupement. Bien que la marche soit restée calme, un important dispositif de CRS était présent afin de sécuriser la zone, occupée principalement par des militants du Parti de Gauche et des écologistes. Mais quelques citoyens et riverains étaient également présents dans la foule pour protester contre l’acharnement de la police et l’abandon de ces migrants : “J’habite ici depuis des années, et hier, j’ai vu des hommes se faire traîner, frapper, et gazer. Je ne peux plus supporter cette inhumanité” ( Maïté, habitante du quartier)
Le cortège est sous le métro aérien #migrants #pajol pic.twitter.com/pFqEUBjxoo
— Thomas Baïetto (@ThomasBaietto) 9 Juin 2015
Il est vrai que la situation relative au sort des migrants soit de plus en plus inquiétante quand on sait qu’aucune mesure concrète n’a encore été mise au point par le gouvernement afin de les reloger. Depuis que ces derniers aient été éjectés de l’esplanade Nathalie Sarraute par les forces de l’ordre, la préfecture et la mairie se sont contentées de les disperser au quatre coins de l’Île-de-France. Suite à cette manœuvre musclée, nombre de témoignages à chaut ont circulé, comme celui d’Emmanuelle Becker, conseillère de Paris et élue communiste du XIIIème arrondissement : «Traiter des migrants, des militants et des élus de la sorte, c’est honteux !».
Une vague de solidarité
Cette mobilisation aura permis de créer, sur le même lieu où s’est passé l’évacuation du lundi, un élan de militantisme, de solidarité et de citoyenneté dans un climat encore très tendu entre les manifestants et la politique de François Hollande. Le rassemblement n’a provoqué aucun débordement bien qu’il ait bloqué la circulation pendant une dizaine de minutes suite à plusieurs sittings. Les organisateurs de la marche ont même pu effectuer une collecte de vêtements et de produits hygiéniques pour les migrants avant de se diriger sous le métro aérien. Pendant la manifestation, des élus ont dénoncé les « violences policières » et les conditions d’accueil des migrants en France : « les conditions scandaleuses dans lesquelles sont accueillis des migrants alors qu’ils arrivent de pays où la dictature règne ». (Eric Coquerel, secrétaire national du Parti de Gauche)
#Pajol : lacrymos, migrants embarqués on ne sait où, militants et élus molestés. Quand la République s’automutile. pic.twitter.com/LQERHEF7nD
— Clément Sénéchal (@ClemSenechal) 8 Juin 2015
L’objectif de cette marche était donc de mettre en avant une question cruciale: où les migrants vont-ils se retrouver? Suite à l’intervention des forces de l’ordre lundi, une cinquantaine d’entre eux se sont installés le soir même dans le « jardin partagé » du Bois Dormoy, dans la cité de La Chapelle. De leur côté, les élus écologistes ont demandé à Anne Hidalgo « l’ouverture d’un lieu d’accueil par la mairie de Paris » au plus vite.