Le contexte international actuel, où l’on a vu le monde arabe descendre dans les rues manifester son mécontentement contre le film «L’innocence des musulmans», et le climat de tension qui s’est installé en France également après la publication des caricatures sur le prophète Mohamed dans Charlie Hebdo, a contribué à s’interroger sur le rôle et le poids de la religion dans un Etat laïc tel que la France .
Les conséquences de ces évènements, ont rapidement vu le jour, puisque des manifestations ont eu lieu dans certaines villes de France, comme à Paris, se soldant par l’arrestation de présumés islamistes. La traque de ces islamistes soupçonnés de vouloir mener des actions terroristes est une des directives du gouvernement en place . A partir de ces faits, émerge des interrogations sur les communautés religieuses en France et leur rapport avec l’Etat Républicain.
Profitons de l’occasion pour rappeler quelques détails sur ce principe inscrit dans la Constitution !
C’est plus précisément au tout début du XXème siècle, que la nécessité de séparer l’Etat et la religion apparaît. En effet, on se souvient que c’est sous la III ème République, sous la direction d’ Emile Combes que la lois concernant la séparation de l’Eglise et de l’Etat voit le jour. En 1905, cette nouvelle lois apparaît, elle met fin au concordat napoléonien de 1801 ( par lequel le gouvernement français et l’Eglise Catholique étaient liés ) . Ainsi, la liberté de conscience est proclamée et le libre exercice des cultes garanti . D’ailleurs dans le même esprit, l’article 1er de notre Constitution affirme que : «La France est une République indivisible, laïque démocratique, et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances.»
Cette mesure que l’on peut qualifier de révolutionnaire à juste titre, puisqu’elle efface complètement l’empreinte de l’Etat sur l’Eglise et de l’Eglise sur l’Etat, ne cessera d’être remise en cause, et discutée au grès des évènements qui animent la République française . Cela se vérifie aujourd’hui, notamment avec l’apparition et les déclarations récentes de Marine Le Pen au sujet des signes ostentatoires dans l’espace public . On sait que depuis la lois sur les signes religieux dans les écoles publiques, crée en 2004, le voile, la kippa ou tout autre signe d’appartenance à une religion sont interdits à l’école. Cela devrait suffire à respecter les fondements de la République et ainsi se respecter dans nos différences religieuses et culturelles par le moyen de la laïcité .
Mais madame Le Pen voudrait aller plus loin, en interdisant le voile et la kippa dans tout l’espace public ( les magasins, les transports, les rues) . C’est évidemment une idée extrême car inapplicable, cela va même à l’encontre du principe même de laïcité, qui laisse tout un chacun libre dans sa liberté de conscience et de culte qui garanti l’égalité entre les citoyens . A travers ces propos de la présidente du Front Nationale on remarque qu’elle est davantage dans la négation des libertés , en voulant nier voir supprimer la conscience religieuse dans l’esprit des citoyens français . En bref, il n’est pas nécessaire d’interdire le voile ou la kippa dans les rues pour que les individus se respectent et pour préserver un Etat laïc .
Cependant, dans la même semaine un évènement du même ordre a marqué la communauté musulmane française ainsi que les défenseurs des valeurs républicaines, car on a interdit l’accès à des femmes voilées la place du Trocadéro à Paris, sous prétexte que les autorités craignaient des manifestations qui auraient pues virer vers la violence . On comprend qu’il faut être vigilant dans des moments de tensions sociales, mais procéder à un contrôle de faciès ce n’est pas acceptable et c’est pourtant ce qui s’est passé .
D’autre part, dans la foulée de ces évènements marqués par les rapports entre la religion et l’Etat, un reportage produit par TF1, sur la vie de Diam’s et sa conversion à l’Islam, vient mettre de l’huile sur le feu, et alimenter la confusion qui règne dans certains esprits entre ce qui relève du domaine privé et du domaine public. Certes l’ancienne chanteuse s’est converti à la religion musulmane, mais est-ce vraiment nécessaire de l’interroger sur ses convictions religieuses intimes? En fait, les téléspectateurs n’en ont que faire, mais c’est une manière de surenchérir et d’ impliquer volontairement des personnes issues du show business dans des affaires d’ordre purement politiques.
Finalement, est ce que la laïcité existe toujours dans ses formes originelles ? De toute évidence, la réponse ne sera pas positive et c’est bien pour cela que le débat sera toujours relancé en France. La laïcité aujourd’hui, est-elle devenue aussi utopique qu’une valeur humaniste comme l’égalité ?
Kodes Tajouri