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A.I.C.O. -Incarnation- : robot, tentacule et film catastrophe

A.I.C.O.

Nous nous étions déjà essayés à B: The Beginning, première production résultant du contrat nouvellement formé entre Production I.G et Netflix. Aujourd’hui nous nous attaquons à A.I.C.O. -Incarnation-, première production du studio BONES. Cette série est-elle plus convaincante que la précédente ?

Force est de constater que BONES n’emprunte pas du tout le même chemin que Production I.G et ce pour notre plus grand plaisir. Malgré un postulat sur le papier qu’on pourrait décrire de typiquement japonisant, il s’avère en vérité qu’A.I.C.O. accumule bien moins de clichés que B: The Beginning. Malgré tout, l’enracinement science-fictionnel de la série est loin d’être facile et limpide.

Day of the Tentacle

Nous sommes dans le futur, le Japon se remet difficilement d’un incident appelé le Burst, résultat d’une expérience ayant mal tourné. L’événement a donné naissance à la Matière, une forme de vie faite de chair informe s’étalant sur plusieurs kilomètres dans le lit d’une rivière. Le gouvernement et l’armée ont mis en place différentes protections et ont finalement réussi à stopper sa progression à un lieu désormais appelé La Porte.

A.I.C.O. PosterDeux ans après ces événements nous suivons notre jeune héroïne, Aiko Tachibana, orpheline rescapée du Burst qui se remet encore difficilement du drame. En fauteuil depuis lors, elle apprends de la bouche de Yuya Kanzaki, un élève fraîchement transféré, qu’elle n’est pas humaine, que son destin est étroitement liée à cette histoire, que sa famille est en vie et que pour la retrouver, elle va devoir remonter à l’origine de l’incident : le point zéro.

À l’instar de B: The Beginning, A.I.C.O. -Incarnation- nous jette directement dans le feu de l’action avec un rythme effréné, surtout au début. Son seul véritable défaut est la répétitivité des événements ainsi qu’un petit ventre mou en milieu de série. Portée par un studio qui a moult fois fait ses preuves en terme d’animation, la série livre un spectacle très agréable à l’œil. Si CGI il y a, elle est bien intégrée à défaut d’être discrète. Les séquences d’animations de qualité ne sont pas rares dans A.I.C.O., véritable concentré d’action et d’affrontement entre les héros et la Matière Maligne.

Ghost in a nutshell

Malgré son background qui convoque un vocabulaire très riche, la série réussi à être beaucoup plus limpide que B: The Beginning qui peinait à exposer son lore. Ici tout est développé avec relativement de soin, les personnages travaillent ensemble et ont une personnalité qui les définit autant que leurs relations. Ils ont tous un passé et chacun d’eux a un rôle à jouer dans l’intrigue. À l’inverse de B, il y a ici une réelle harmonie, l’histoire s’articule autour d’une dynamique de groupe faisant évoluer l’héroïne et non l’inverse, et ça fait toute la différence.

Nonobstant un sujet plutôt complexe, la série réussi le pari d’être compréhensible par tous. Pourtant ici Kazuya Murata reviens à ses thématiques : une SF poussée traitant autant de transhumanisme que d’intelligence artificielle et de corps cybernétique. Si dans Gargantia c’était plus secondaire, dans KADO – The Right Answer le sujet était vraiment l’ascension de l’humanité vers un niveau de conscience supérieur. Ici le sujet est plus viscéral et frontal, bien moins philosophique et Hard SF, mais nous avons toujours cette idée de transcender l’humain. Pèle-mêle la série parle de corps et de créature artificielle, de cyber-cerveau et même d’humain augmenté. En vérité ces sujets ne sont pas si éloignés de ceux abordé par Ghost in the Shell, dont A.I.C.O. est un peu la petite sœur spirituelle (quand Psycho-Pass en est le frère hyperactif).

L’équipe des champions

A.I.C.O. Poster

Murata s’entoure de compagnons chinés durant ses précédentes productions, avec notamment Hanaharu Naruko au chara-design qui faisait déjà la paire avec lui sur Gargantia, et Taro Iwashiro à la musique, dont on reconnait le style si particulier qui donnait à KADO son ambiance mystérieuse et cristalline. Au scénario c’est une véritable redécouverte de Yuuichi Nomura, le responsable du catastrophique Comet Lucifer.

Nomura avait tenté de réaliser son Eureka Seven à lui mais s’était pris les pieds dans son script, tapant dans des sommets de cliché et de ridicule. Ce qui fait de Comet Lucifer un drôle d’objet vivotant à mi-chemin entre le navet et le nanar. De plus, réaliser une série aussi ambitieuse au sein d’8 Bit n’était pas des plus judicieux. Ici libéré du script et épaulé par Murata dans un des studios d’animation les plus prestigieux de l’archipel, il réussit enfin à dévoiler ses véritables capacités. Et si c’est aussi sympa à chaque fois on en veut bien chaque année !

En définitive, A.I.C.O. -Incarnation- vaut-il le temps d’être vu ? Bien évidemment la série n’est pas exempte de défauts. Comme dit précédemment le récit s’enlise à mi-chemin dans une certaine redondance. De plus, A.I.C.O. s’appuie sur de grosses facilités scénaristiques et sur des clichés inhérents à la japanime, mais ce sont des problèmes relativement mineurs qui ne gênent pas l’appréciation tant de l’histoire que du propos.

Si l’on est pas tatillon et qu’on évite de gratter trop loin sous la surface, le cocktail est diablement efficace. La fin est un poil convenue mais la série réussi à faire passer ses thématiques et son histoire sans s’étaler ni se perdre. Là où B pèche par un manque de consistance et de clarté, A.I.C.O. va droit au but, ne perds pas son spectateur en route et l’amène à destination sans retard. L’histoire se résout en cette unique saison, le background est utilisé à bon escient et dessert une histoire à la fois originale et intrigante. Bien plus que B, si il y a une série d’animation que vous vous devez de voir sur Netflix ce mois-ci c’est bien celle-là.

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