Présentée l’an passé à Série Séries, la série Humans (remake anglais de Real Humans) arrive le 27 août sur HD1. On vous dit s’il faut ou pas la voir.
Tout comme dans la version originale suédoise, dont les prénoms de l’ensemble des personnages principaux sont d’ailleurs dûment conservés, le premier de ces huit épisodes de Humans diffusés sur Channel 4 et AMC s’ouvre sur l’acquisition d’un Synth (robot humanoïde domestique à l’apparence outrageusement réaliste) par la famille Hawkins… Le père, Joe (excellent Tom Goodman-Hill, vu dans Mr. Selfridge), s’occupant le plus souvent seul de ses trois enfants dans la mesure où sa fonction d’avocate exige de sa femme (toute aussi remarquable Katherine Parkinson) qu’elle soit régulièrement loin de son foyer, prend sur lui de céder à la folie robotique ambiante et permet donc à la (trop ?) ravissante Anita d’intégrer la famille. Entre un mari dont la femme n’est jamais là, un ado par nature en éveil sexuel permanent et une fille un tantinet rebelle et passionnée d’informatique… L’entrée en scène d’Anita (Gemma Chan) prend vite des allures de « loup dans la bergerie » tandis que quelques flashbacks dévoilent, là encore presque exactement comme dans la version originale, son enlèvement par des trafiquants en robotique « dite pour adulte » alors qu’elle fuyait dans les bois en compagnie d’un groupe de Synths renégats, capables aussi bien de réflexion que d’émotions, mené par Leo (Colin Morgan, ex-Merlin dans la série du même nom).
Parallèlement, le toujours aussi brillant William Hurt (qui côtoyait déjà l’intelligence artificielle dans le A.I. de Steven Spielberg) campe le Docteur George Millican, un viel homme considérant son Synth comme son propre fils et refusant de le voir reléguer au rebus malgré ses évidentes déficiences… En revanche, et sur la seule base de l’épisode pilote projeté ce soir, aucune ramification familiale n’est encore faite entre le Dr. Millican et Laura Hawkins (père et fille dans la série suédoise)… Serait-ce là l’un des premiers signes d’émancipation de cette relecture par rapport à sa série-mère ? Quoi qu’il en soit, les dernières secondes de cette première heure affichent clairement la couleur en laissant le spectateur sur un suspense aussi résolument intriguant qu’inédit.
Inévitablement, les fidèles d’Akta Manniskor ne manqueront certainement pas de crier haut et fort à l’outrage et à l’inutilité d’une telle entreprise mais, pourtant, force est de constater que « l’emballage » de cette nouvelle production se laisse découvrir, bribe après bribe, tel un reluisant papier cadeau que l’on effeuillerait avec soin, juste ce qu’il faut de patience et un certain art de la délectation… La lumière, d’abord, est plus chaleureuse que dans la version d’origine et favorise immédiatement une proximité d’univers judicieusement plus tournée vers notre quotidien. Le casting, ensuite, se révèle à la fois inspiré et impeccable. Tantôt très proches physiquement des acteurs suédois, tantôt un peu moins, tous s’en sortent avec les honneurs et parviennent à faire instantanément vivre – à leur façon – ces êtres (humains ou non) que l’on croyait pourtant déjà connaître ; à commencer par Gemma Chan… Immédiatement beaucoup plus suave et mystérieuse que ne l’était (la pourtant déjà si envoûtante) Lisette Pagler… Naturellement, de par sa nature de « redite », Humans ne peut être considérée de façon totalement originale (contrairement à ce que laissait entendre le discours d’ouverture précédant la projection de ce soir autour de l’incontestable savoir-faire britannique – certes – et de son grand sens de l’innovation)… Mais il n’en est pas moins vrai que ceux qui n’auraient jamais regardé la série originale ne devraient pas rester insensibles à cette histoire multi-facettes, et aux toujours aussi passionnantes considérations métaphysiques (pour le coup ici revues considérablement à la baisse par le biais d’un prisme beaucoup plus académique) autour de la reconnaissance du Soi et, intuitivement, de l’autre.
Au final, Humans gagne par son indéniable qualité d’exécution ce qu’elle perd en réelle signature visuelle et narrative. L’ensemble est beau… Satiné… Tout aussi prenant que l’original. Mais peine (en tout cas au cours de cette première heure) à sortir des sentiers battus pour mieux s’assurer la fidélité d’un public plus large et, en fin de compte, de plus en plus habitué au calibre de ce type de productions… Reste que cette déclinaison, dans le ton beaucoup plus britannique qu’américaine, ne démérite pas – bien au contraire – et pourrait même, si le succès est au rendez-vous, permettre aux fans d’Akta Manniskor de voir un jour sur leurs écrans la véritable conclusion de l’intrigue… Qu’ils n’avaient jamais eue après l’arrêt brutal de la série après seulement deux saisons.
Crédits: Channel 4/ AMC