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On a vu pour vous … The Night Manager (France 3)

France 3 s’apprête à diffuser la mini-série The Night Manager, avec Hugh Laurie et Tom Hiddleston en têtes d’affiche, pour cette série découverte au dernier Festival Séries Mania.

C’est quoi, The Night Manager ? Ancien militaire, le britannique Jonathan Pine (Tom Hiddleston) travaille comme gérant de nuit dans un palace du Caire. Au plus fort du Printemps arabe, il fait la connaissance de la sublime Sophie (Aure Atika), qui détient des informations compromettantes sur un trafiquant d’armes sans scrupule, l’énigmatique Richard Roper (Hugh Laurie). Pine transmet  les documents à son ambassade, sans se douter qu’il vient de signer l’arrêt de mort de la jeune femme. 4 ans plus tard, alors qu’il a refait sa vie en Suisse, Pine croise à nouveau la route de Roper. Déterminé à obtenir vengeance, il accepte de collaborer avec les services secrets britanniques sous la direction de l’agent Angela Burr (Olivia Colman) et d’infiltrer l’organisation de Roper pour le faire tomber et détruire son empire. [youtube id= »ZoJ3lu03jug »]

The Night Manager, série en 6 épisodes, est tirée du roman éponyme de John Le Carré paru en 1993. Nombreux sont les livres de ce maître incontesté du roman d’espionnage à avoir été portés à l’écran, mais celui-ci n’en faisait pas partie. C’est désormais chose faite, l’adaptation ayant été confiée au réalisateur et écrivain David Farr, qui avait déjà travaillé sur l’excellente série MI-5. Il s’est attelé à la tâche en transposant l’action au Moyen-Orient durant le Printemps arabe pour l’actualiser alors qu’elle se déroulait à l’origine en Colombie ; il a également féminisé l’agent des services britanniques. Fort de ces aménagements, il construit une histoire d’espionnage classique mais bien menée.

Sans grande surprise, la série reste fidèle à la structure des romans de John Le Carré, qui oppose généralement deux factions –  le Bien (ici incarné par la petite cellule dirigée par l’Agent Burr) contre le Mal (Richard Roper et son entourage) – et le conflit se déploie autour d’une figure centrale faisant le lien entre les deux. En l’occurrence Jonathan Pine, qui s’insinue dans le cercle de confiance de Roper afin de détruire l’organisation criminelle de l’intérieur. La situation se complique légèrement lorsqu’on découvre que Roper peut compter sur des complices hauts placés dans les services secrets occidentaux sensés le traquer. Une fois toutes les pièces mises en place, le jeu d’échec peut commencer…

The night manager, dangereusement vôtre…

The night manager, dangereusement vôtre…

La série monte clairement en puissance, après avoir pris le temps de poser la situation de départ et de présenter l’ensemble de ses personnages. Une fois le processus d’infiltration enclenché dans les deux premiers épisodes, tout s’accélère et on entre dans le vif du sujet, avec un héros sous la menace permanente d’être découvert et éliminé. Parce qu’il est un espion bien sûr, mais aussi parce qu’il est en rivalité avec le bras droit de Roper et parce que s’instaure  progressivement un rapport de séduction entre Pine et l’épouse du trafiquant…  Dès lors, la tension va crescendo ; elle ne retombera qu’au dénouement final. C’est le point fort de The Night Manager qui met du temps à démarrer et entretient un rythme relativement lent mais une fois pris dans l’histoire, on n’en décroche plus. Il faut ajouter à ce suspense haletant des scènes spectaculaires (en particulier dans l’épisode final), des décors somptueux – du Caire à Istanbul en passant par le Mont Cervin sans oublier Majorque, où une villa de rêve sert de base stratégique à Roper – et la présence de la réalisatrice oscarisée Susanne Bier derrière la caméra.

Et puis il y a le casting, alléchant sur le papier et qui tient plutôt ses promesses. Tom Hiddleston (le Loki des films Marvel) est parfois légèrement en-deçà dans les scènes les plus introspectives, un peu trop impavide pour rendre parfaitement la complexité d’un personnage tourmenté ; il reste toutefois très convaincant en agent secret, au point qu’on croirait parfois assister à une audition pour le prochain James Bond… Son antagoniste Richard Roper est un personnage taillé pour Hugh Laurie (Dr House), qui fait de ce monstre détestable un cynique violent et calculateur, aussi menaçant dans sa noirceur que dans son ironie glaçante. Derrière le duo central, les seconds rôles ne déméritent pas : Olivia Colman (Broadchurch) est toujours pertinente, tout comme Tom Hollander ( vu notamment dans la franchise Pirate des Caraïbes), inquiétant et soupçonneux second de Roper. Mais s’il ne fallait retenir qu’un nom, ce serait celui d’Elizabeth Debicki (The Kettering Incident) : l’Australienne met son élégance et sa plastique de rêve au service d’un personnage féminin ambigu et subtil, partagé entre la peur et le désir de s’évader de la cage dorée dans laquelle la retient son mari. Son interprétation, bluffante, lui permet même de voler la vedette à ses partenaires masculins…

Elizabeth Debicki, arme de séduction massive…

Elizabeth Debicki, arme de séduction massive…

On évoquait la modernisation de l’intrigue : en comparaison, la forme apparaît quelque peu datée et maladroite. La mise en images soignée dans les détails n’en est pas moins paresseuse : les inserts superfétatoires situant l’action (a priori, on se doute bien quand la caméra s’attarde sur la basilique Sainte-Sophie que l’on est à Istanbul…), un thème musical convenu et insistant, les invraisemblances de l’intrigue et un dénouement totalement prévisible dès le départ sont autant de défauts que l’on pourrait reprocher à la série. Mais ne boudons pas notre plaisir : il n’y a là rien de rédhibitoire. Pour peu qu’on se contente de profiter du spectacle sans trop réfléchir ni s’attarder sur les détails, The Night Manager est une excellente série d’espionnage,  qui séduira les amateurs du genre mais aussi un public plus large.

Genre populaire au cinéma et à la télévision depuis plusieurs années, les histoires d’espionnage sont une valeur sûre, reposant en grande partie sur une intrigue haletante aux multiples rebondissements. C’est le cas de The Night Manager, qui y ajoute d’excellents acteurs, de superbes décors et une réalisation honnête. Dans la veine d’un James Bond, The Night Manager a de quoi séduire. Tant mieux, puisque circulent des rumeurs sur une suite ou un spin off éventuels…

The Night Manager – 6 épisodes d’1 heure environ

Prochainement sur France 3.

Crédit photos : BBC

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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