A partir du 10 Juillet, Teva nous emmène dans l’Espagne des années 1960, avec la diffusion de la deuxième saison de Velvet.
Il y a quelques mois, M6 avait tenté de diffuser Velvet le Samedi après-midi. Gros succès en Espagne, la série avait pourtant été déprogrammée faute d’audience. Elle revient sur Teva, et a priori, elle s’inscrit parfaitement dans la ligne de la chaîne, qui avait déjà misé sur une autre série espagnole, Grand Hôtel.
C’est quoi, Velvet ? 1958. A la mort de son père, Alberto (Miguel Angel Silvestre) a pris la tête des Galeries Velvet, luxueux magasin de mode de Madrid. Mais sa vision moderne s’oppose à celle du reste de la famille et la situation financière est précaire. La mort dans l’âme, le jeune homme a choisi de sacrifier son amour pour Ana (Paula Echevarría), modeste couturière dont il est épris depuis l’enfance, afin d’épouser une riche héritière. De retour de son voyage de noces, Alberto n’est pas au bout de ses peines : la nouvelle collection est un échec, son styliste a disparu, et la direction des Galeries, au bord de la faillite, pourrait bien lui échapper. Quant à Ana, elle fréquente désormais quelqu’un d’autre…mais les anciens amants sont toujours autant attirés l’un par l’autre.
Imaginez un instant une telenovela dans laquelle Lady Sybil de Downton Abbey tomberait amoureuse de son chauffeur dans les rayons du magasin de Mr Selfridge, à l’époque de Mad Men – à la sauce ibérique. C’est un peu caricatural, mais ça vous donne une petite idée de ce qu’est Velvet : une romance dans un grand magasin espagnol dans les années 1960. Certes, on lutte pour le contrôle des galeries Velvet, mais ce n’est finalement qu’un ressort scénaristique influant sur la dynamique entre les deux personnages principaux. Au cœur de la série, la relation entre Ana et Alberto est l’histoire classique d’un amour contrarié par la différence de classes sociales : épris l’un de l’autre depuis leur plus tendre enfance, ces deux-là ne cessent de se perdre et de se retrouver au gré des malentendus et des réconciliations.
Mais ce n’est que l’un des imbroglios amoureux de Velvet : la secrétaire Clara (Marta Hazas) entretient une liaison avec son patron Mateo (Carlos Rey), coureur de jupons invétéré et allergique à l’engagement ; sa sœur Rita (Cecilia Freire), couturière revêche au caractère bien trempé, est amoureuse de Pedro, parti en Allemagne. Sans être exceptionnels, les acteurs tirent correctement parti de leurs rôles respectifs, bien que le duo Echevarría / Silvestre laisse parfois dubitatif, au contraire par exemple de celui formé par Hazas et Rey, beaucoup plus convaincant. Malgré quelques répétitions et une certaine prévisibilité, les trois récits échappent à la monotonie et restent tout à fait charmants, notamment grâce à un traitement différent – le ton est dramatique pour le premier, plus léger pour les deux autres. Le tout, avec un petit côté soap opera qui fait la part belle aux rebondissements spectaculaires : on n’est pas dans un Grand Hôtel qui enchainait des péripéties toujours plus improbables, mais on a quand même droit à un enfant caché, un mort qui n’est pas mort, et des révélations sur le passé du héros… Les problématiques plus concrètes et réalistes sont à peine effleurées ; il est tout de même à noter qu’elles sont essentiellement féminines (grossesse non désirée, contraception ou harcèlement sexuel, par exemple.) et montrent bien quel public vise Velvet.
Dans ce contexte, les Galeries Velvet sont un écrin doré entre les murs duquel se concentre quasiment toute l’action : on ne s’éloigne guère de l’atelier, du magasin ou des bureaux de la direction. Décors, musique anglo-saxonne des années 1960, costumes somptueux, coiffures d’époque : tout concourt à recréer cette ambiance glamour et délicieusement surannée, et l’ensemble est visuellement remarquable. Une reconstitution largement saluée par les critiques et les médias… On émettra toutefois une réserve de taille : cette Espagne moderne, progressiste et américanisée tient davantage du fantasme que de la réalité, et on reste stupéfait de l’absence totale d’allusion au régime franquiste de l’époque. Une omission, apparemment voulue par le diffuseur espagnol Atres Media, qui va jusqu’au contresens : le nom même du magasin, en tant qu’anglicisme, a quelque chose de totalement incongru. De même, l’émancipation des héroïnes (en particulier Ana et Rita) laisse un peu dubitatif : le thème est intéressant, mais quelque peu anachronique dans un pays encore très patriarcal. Pour autant, il faut reconnaître que Velvet n’a pas vocation à illustrer le contexte socio-politique : elle n’a pas d’autre ambition que de nous faire rêver avec ses histoires d’amour et son ambiance glamour – et elle le fait très bien.
Il est toujours difficile de définir le public d’une série en fonction de son sexe. Il est pourtant évident que Velvet s’adresse avant tout aux téléspectatrices : amours contrariées et romances légères, héroïnes rebelles et indépendantes, personnage masculin qui a tout du prince charmant, haute couture élégante… Série légère et romanesque, Velvet réunit tous les ingrédients susceptibles de réveiller la part de romantisme qui sommeille en chacun de nous : à moins d’être un cynique endurci, on se laisse facilement emporter par l’histoire. Une idylle fleur bleue (certes convenue mais néanmoins efficace), des rebondissements inattendus, de la haute-couture glamour et le swing des années 1960 ? Il y a pire, pour passer ses Dimanches soirs estivaux devant la télé…
Velvet – Saison 2 à partir du 10 Juillet à 20H45 sur Teva – 13 épisodes de 70 minutes.
Saison 1 disponible en DVD.
Crédit photos : Atres Media