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Affaire Benalla : com’ un ouragan… au sommet de l’Etat

L’affaire Benalla vient paralyser l’été politique. Faute d’une gestion immédiate d’un problème disciplinaire, Emmanuel Macron doit affronter la première vraie crise politique de son quinquennat. Un ouragan que la communication élyséenne n’avait pas vu venir.

Emmanuel Macron pensait pouvoir surfer sur « l’optimisme » que la victoire à la Coupe du monde de football avait donné aux Français et aller tranquillement en province s’afficher au côtés « des vrais gens ». Et là patatras, ce jeudi en Dordogne, encore un déplacement fichu en l’air en raison d’une polémique voire d’une affaire un peu plus grave. Elle concerne Alexandre Benalla, un proche du Président de la République, gravement mis en cause dans une vidéo diffusée par un militant de la France Insoumise. Dans celle-ci, le chef adjoint du cabinet d’Emmanuel Macron frappe violemment à terre un individu lors des manifestations du 1er-Mai à Paris, brassard de police et casque de CRS sur la tête. Avec seulement 15 jours de mise à pied, la sanction de l’Elysée apparaît comme inappropriée. Depuis les révélations du journal Le Monde mercredi soir, la polémique enfle, alimentée par une communication hasardeuse de l’Elysée et le silence assourdissant du chef de l’État.

La première crise politique du quinquennat Macron.

« C’est la plus importante bavure politique du quinquennat Macron » lançait sur BFMTV l’éditorialiste politique Christophe Barbier.

L’affaire semble prendre l’allure d’un scandale d’Etat. Depuis mercredi, Emmanuel Macron est sous le feu des critiques car, avec le comportement d’Alexandre Benalla, c’est bien lui, le chantre d’une République exemplaire qui est mis en cause. Alors qu’il vient de recevoir les syndicats pour tenter de renouer le dialogue après la difficile réforme de la SNCF, le comportement de son garde du corps nourrit la polémique d’un chef de l’Etat peu social et pointe les responsabilités de l’Élysée.

Une affaire venue totalement parasiter les débats de la révision constitutionnelle devant le parlement. Ce jeudi, toute la journée à l’Assemblée Nationale, les députés de l’opposition (quelques soient les couleurs politiques) demandèrent des explications. Même Jean Christophe Lagarde, député UDI d’ordinaire plutôt modéré, ne mâchait pas ses mots : « Le cœur du pouvoir républicain est aujourd’hui sali, entaché. »

Face au déferlement de critiques, une commission d’enquête parlementaire est mise en place à la hâte pour établir toutes les responsabilités. Elle devrait notamment entendre dès lundi le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb (mis au courant des agissements d’Alexandre Benalla le 2 mai dernier). En réalité, entre les consignes aux parlementaires et les réactions embarrassés du Premier Ministre au Sénat et de la Garde des Sceaux à l’Assemblée Nationale, le pouvoir marche à reculons.

Le silence de l’Elysée : la recette pour une affaire d’État ?

Une polémique peu reluisante dont Emmanuel Macron se serait bien passé mais que lui-même et l’Elysée concours à transformer en affaire d’État par un silence assourdissant depuis deux mois. En effet, le château ne semble pas avoir jugé nécessaire d’informer la justice des agissements d’Alexandre Benalla alors que tout portait à croire qu’il s’agissait d’une infraction. Il risque, en effet, jusqu’à 3 ans d’emprisonnement et 45.000 euros d’amende. Ainsi, la discrétion absolue des plus hautes autorités de l’Etat contrevient à l’article 40 du code de procédure pénale qui stipule que « toute autorité qui, dans l’exercice de ses fonctions, acquiert la connaissance d’un crime ou d’un délit est tenu d’en donner avis sans délai au procureur de la République ». Emmanuel Macron se refuse à tout commentaire, se réfugiant derrière l’expression de « République inaltérable », expression incompréhensible et creuse face à la gravité des accusations.

Cependant, pour tenter d’éteindre l’incendie, le porte parole de l’Elysée, Bruno Roger-Petit à pris la parole mais en produisant l’effet inverse. En affirmant qu’une mise à pied de 15 jours était « la plus grave sanction jamais prononcée contre un chargé de mission de l’Elysée » Bruno Roger-Petit n’a fait que remettre de l’huile sur le feu. La procédure de licenciement engagée contre Alexandre Benalla après une garde à vue prolongée n’a eu aucun effet face aux révélations en cascade sur les nombreux privilèges de ce conseiller de l’ombre. La communication présidentielle, quant à elle, nage en eau troubles.

Communication de crise ou crise de la communication ?

Pour un Président qui avait ouvert son mandat par une loi de moralisation de la vie politique, l’affaire Benalla est catastrophique. Emmanuel Macron n’en sortira pas indemne car la maîtrise du récit et de l’image semblait être un des points forts du chef de l’Etat. Les polémiques des deux derniers mois montrent un dérèglement de la belle mécanique macronienne.

L’intervention du porte parole de l’Elysée, 12h après l’alerte du Monde, laissa le temps à la polémique de s’installer et de se politiser. Alors que le propre de la communication de crise est d’anticiper l’emballement et de rester maître de son discours, l’exécutif est acculé face aux demandes d’explications, courant derrière la polémique pour tenter de l’éteindre. La dramatisation dans une conférence de presse à l’américaine du porte-parole de l’Élysée montre une certaine fébrilité et expose le Président de la République, car la voix du porte-parole, c’est la voix du Président.

Emmanuel Macron s’apprête à subir un feuilleton peu glorieux dont il n’est maître ni du calendrier ni des horloges mais qu’il a accentué par son manque de réaction. Une mauvaise nouvelle pour celui qui avait ouvert son quinquennat par une loi de moralisation de la vie politique, érigé la morale, l’exemplarité et la transparence en vertues cardinales du nouveau monde. Assistant impuissant au déballage d’une affaire qui fleure bon les veilles méthodes et laisse une impression d’indulgence et de dissimulation, Emmanuel Macron va peut être devoir changer de stratégie car rien n’indique que la tempête va faiblir.

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