L’affaire du bijoutier cannois a interloqué la Côte d’Azur pendant des mois, résonne entre les murs du palais de Justice de Nice depuis une semaine, mais ce n’est que ce matin du 21 avril qu’elle se focalise sur l’un des 4 assaillants : Yassine Grabsi, un homme de 31 ans qui craint la justice autant qu’il la désire…
« Tuer pour 5000€/personne »
Sous les yeux épuisés du frère jumeau de la victime décédée, l’expertise psychiatrique ouvre les discussions de la Cour d’Assises entre des professionnels qui ont pour but de faire parler le coupable, et des maniaques de la justice présents pour y dénicher une vérité déshumanisée.
Duplex avec Toulon et le professeur Raymondet qui a examiné Yassine au printemps 2014. Le psychiatre dresse le profil d’une personnalité antisociale et égocentrique aux affects superficiels ; l’homme assis dans le box des accusés diffuse une image diamétralement opposée à ce dessin.
Le destin noir du vilain petit canard
Un second psychologue, en charge de la contre-expertise ordonnée par l’avocat de Yassine, entre en scène avec des conclusions complémentaires au premières : son environnement familial et la progression de Yassine en son sein. Il bénéficiait d’une ambiance familiale positive, dynamisée par une mère souple et recadrée par un père strict. Membre d’une fratrie de 6, c’est le seul à s’être écarté du droit chemin.
Et ses potes de quartiers ont vite remplacé le cercle familial premier: « pour les autres gamins du quartier, je suis rentré tard en prison »
Une ambiance peu prospère qui n’ira pas en s’arrangeant quand il rencontra Stéphane Thouvenel avec qui il dit « bien s’entendre » et Hafid Dafri « je ne sais pas vraiment s’il était là, mais à ce qu’il paraît c’est mon cousin ». Famille ou pas, c’est à cause ses deux alliés que Yassine risque aujourd’hui la réclusion criminelle à perpétuité pour vol avec violences, ayant entraîné la mort de Thierry Unik, et associations de malfaiteurs.
L’épigone du quatuor
Le même environnement que des milliers de jeunes français, mais Yassine, lui, est devenu un professionnel de la délinquance dont chaque action est régie par l’obéissance à une autorité supérieure. Son surmoi fort lui permet un constante acceptation des règles et des sanctions « il vient chercher la punition par nostalgie du père sévère », déclare le second psychiatre.
Mais alors que le contact est rompu avec son géniteur, se dessine l’ombre de son nouveau mentor : Hafid Dafri qui lui dit de « fermer sa gueule » lorsque l’accusé glisse un mot à son avocate. Hafid a recruté Yassine, ils nient tous deux se connaitre pourtant c’est lorsque le premier raflait les bijoux en or des présentoirs que le second faisait le guet muni d’une arme longue.
Une stratégie de défense bien connue, et bien assimilée par le suiveur de la bande organisée et sa faculté à intérioriser les règles, sauf celles de la loi.
La victime d’une justice trop clémente
A la suite de 20 à 25 interpellations et un dizaine de condamnations, Yassine n’a jamais passé plus de trois mois d’affilée en prison. A son grand regret puisque depuis janvier 2012, où il a été incarcéré pour braquage à main armé, il s’y sent comme un poisson dans l’eau. Trouver sa place dans la confrérie du crime, de laquelle il réfute toute appartenance, lui octroie un certain prestige aux centres pénitenciers.
Pour le principal concerné, la spirale infernale de la délinquance dans laquelle il est enfermé est due à « une justice bien trop clémente pour mesurer la gravité de ses actes ». Ces-derniers ce sont alors normalisés malgré qu’aucun trouble psychique n’ait altéré ou aboli son discernement avant, pendant ou après les faits. Sa responsabilité pénale est donc engagée et son pronostic récidive très pessimiste.
Le dit-manque de sévérité, ayant largement de quoi remettre en question le système carcéral et judiciaire français, a en tout cas bien été entendu par la Cour, qui s’en souviendra en rendant son verdict vendredi prochain.