Alors que le jeune Roms de la Cité des Poètes est encore dans le coma entre la vie et la mort, la rédaction de Radio VL s’est rendue à Pierrefitte afin d’interroger les habitants sur l’événement.
Rappelez-vous, Darius, jeune homme de 16 ans a été retrouvé vendredi 13 juin, inconscient avec de multiples blessures dans un Caddie près de la Nationale 1, en face du quartier sensible des Poètes. Aucun suspect n’a encore été interpellé, mais la police penche pour un lynchage collectif. Les ravisseurs seraient quatre.
Ce jeune Roms n’a jamais été condamné mais il était connu des services de police pour des faits de vol, un cambriolage et des défauts de permis. Les autorités pensent que ce passage à tabac est dû à un cambriolage que Darius aurait commis dans la cité des Poètes. Cependant, il semblerait que la mère du jeune homme ait reçu un appel passé depuis le téléphone de son fils. Son interlocuteur lui aurait réclamé 15 000€ contre la restitution de son enfant.
Nous avons donc interrogé des habitants de Pierrefitte-sur-Seine et les avis sont assez unanimes sur l’utilisation de la violence : « C’est forcement triste comme histoire. Peu importe ce qu’il a fait, on ne frappe pas quelqu’un à mort de cette façon. Je comprends que les habitants qui sont souvent cambriolés soient excédés, mais cela reste totalement injustifié. » Pour d’autres, l’acte est condamnable mais, les services publics seraient aussi coupables. En effet, cela faisait plusieurs fois que des cambriolages avaient lieu dans le quartier des Poètes : « Cette histoire est allée beaucoup trop loin, mais elle montre un vrai problème. Ceux qui en arrivent la doivent vraiment en avoir assez. C’est l’accumulation et l’ignorance de la part des autorités qui ont conduit jusque là. Je peux comprendre que certains finissent par agir comme cela. ».
Cette histoire remet au centre du débat public la question des Roms et de leur intégration. En effet, depuis de nombreux mois, voire de nombreuses années, les Roms affluent de plus en plus vers les pays de l’Ouest de l’Europe pour fuir leurs pays d’origine comme la Hongrie ou la Roumanie. Ces pays, bien que faisant partie de l’Union Européenne, n’hésitent pas à massacrer ces populations, qui cherchent alors une nouvelle terre d’accueil pour vivre dans des conditions de vie décentes, ou du moins, vivre sans craindre pour leur vie. Cependant, les Roms ont du mal à s’intégrer, ou bien à être intégrés dans nos sociétés.
Les Roms sont depuis quelques temps désignés comme le nouveau problème de nos sociétés et beaucoup de maux leur sont imputés : « Le problème d’intégration est un cercle vicieux car les immigrés clandestins ne peuvent pas véritablement s’intégrer et sont coincés. Je pense que les efforts doivent d’abord venir de la terre d’accueil. ». Il semblerait que les Roms soient victimes de leur image, souvent fausse, d’autant plus que certains hommes politiques n’hésitent pas à annoncer que cette communauté ne pouvait pas et ne réussirait pas à s’intégrer en France. Mais pour une des personnes que nous avons interrogée : « Il [n’] y [aurait pas] de « problème Rom ». Les gens du voyage ont toujours existé. Mais aujourd’hui, les Roms sont les boucs émissaires de notre société. Historiquement, il y’en a toujours un. »
Quoiqu’il en soit, la question Rom ne doit pas être occultée, cet évènement le rappelle. En effet, ce jeune est toujours entre la vie et la mort, et il serait peut être temps que les pouvoirs publics prennent ce problème à bras le corps, afin d’éviter que les riverains se fassent eux-mêmes justice et qu’un jeune adolescent soit pris pour cible, qu’il ait ou non fait ce cambriolage.
Sasha Beckermann et Tristan Telfouche