Lorsque les grèves arrivent, on sait que c’est les vacances ! Que ce soit la RATP, la SNCF ou Airfrance, les grèves des transports touchent des milliers de personnes chaque année, et souvent au pire moment… celui du départ des vacances. Depuis jeudi, les syndicats de contrôleurs aériens d’île de France et de Nice appel à la grève contre le management toxique et le sous effectif, bloquant ainsi ce jeudi 3 juillet près de 1000 vols.
Les grèves, une question d’impact
Pourquoi toujours viser les vacances alors que théoriquement, les grévistes et les syndicats pourraient se manifester à bien d’autres périodes de l’année ? Cela est notamment due à une question de portée. Lorsque les cheminots appellent par exemple à la grève la veille des départs pour Noël, l’information est bien plus relayée par les médias, et les revendications des grévistes avec. Les grèves se veulent alors très contraignantes car elles touchent ainsi une large partie de la population, et des mesures sont par conséquent bien plus sujettes à être prises.
Il y aussi pour cause ici un calcul coût avantage : les grèves étant très coûteuses, l’action doit être rapide et efficace. Les périodes de vacances sont parfaites pour ce faire, avec une période d’action ciblée qui touche un maximum de passagers en un temps record. L’UNSA-ICTA, syndicat des contrôleurs aériens, a donc déposé un préavis de grève juste avant la période la plus chargée de l’année, les vacances d’été. Plusieurs vols ne pourront pas être reportées, des milliers de passagers ont vu leurs vacances se décomposer, et ce en seulement une journée de grève. Les cheminots et contrôleurs de train, eux, continuent de choisir des dates de plus en plus contraignantes à mesure que leurs revendications tombent dans l’oubli – le syndicat Sud Rail vient ainsi de déposer un préavis de grève qui commence le 12 juin 2025 et se termine le 1er septembre 2025.
Cibler les habitudes des Français
La société française est très en proie aux déplacements, loisirs et vacances. Comme le souligne bien Anne de Guigné pour Le Figaro, depuis le passage aux 35 heures hebdomadaires en 2000, Les Français se sont lancés dans une dynamique privilégiant fortement les loisirs, qui prennent maintenant de plus en plus de poids par rapport au travail. Ainsi, en bloquant pendant les vacances, l’action est bien plus marquante et jugée plus contraignante que lors des périodes de travail.
Les grèves fluctuent donc avec notre société et ses habitudes, et la démocratisation du télétravail a son rôle à jouer dans la multiplication des grèves estivales. En effet, les Français effectuant moins de migrations pendulaires qu’avant, faire la grève hors vacances serait simplement contre productif. Les seules périodes restantes où tous les Français prennent en même temps les transports et se déplacent restent donc bien les vacances.
Un débat houleux
Le virage que prennent les habitudes des grévistes dans le monde du transport met en exergue un problème sous jacent plus qu’intéressant. Tandis qu’auparavant les grèves avaient majoritairement lieu à des périodes privilégiant le dialogue entre syndicats et gouvernements, aujourd’hui, la contrainte est privilégiée au dialogue. Ainsi, la tendance des grèves estivales reflète réellement un changement dans la vision qu’ont les grévistes de la grève et de ses objectifs.
Plusieurs tentatives ont déjà été menées pour interdire les mouvements sociaux la vieille de jour férié et de vacances scolaires. Fin 2024, le député LR Olivier Marleix avait présenté une proposition de loi visant à mettre en place la mesure dans la loi suite aux grèves de la SNCF pendant les vacances de Noël. Cette action a suscité des débats notamment constitutionnels, le droit à la grève étant mentionné à l’alinéa 7 du préambule de la Constitution.