Avec Alien : Covenant Ridley Scott a réveillé les espoirs déçus nés avec Prometheus. S’est-il réaccaparé l’illustre saga dont il avait signé le 1er volet ?
En 2012 avec Prometheus Ridley Scott avait fait fantasmer en amont la planète geek toute entière avec un film extrêmement attendu par un public prêt à adouber le nouveau film culte de S-F. En suggérant que le film n’était pas directement relié à la saga Alien avant de nous montrer le contraire, il avait en revanche très vite douché les illusions d’une grande partie dudit public. Avec cette préquelle qui ne disait pas son nom, s’il remplissait une large part de son contrat, notamment visuellement, Prometheus laissait pourtant comme un sentiment mitigé après coup pour bon nombre de ses spectateurs voire suscitait même un rejet total, un peu comme ces films que l’on place d’emblée sur un piédestal et dont on finit par se rendre compte qu’on en attendait trop.
Mais c’est quoi déjà… Alien : Covenant ? Les membres d’équipage du vaisseau Covenant, à destination d’une planète située au fin fond de notre galaxie, découvrent ce qu’ils pensent être un paradis encore intouché. Il s’agit en fait d’un monde sombre et dangereux, cachant une menace terrible. Ils vont tout tenter pour s’échapper.
Cinq ans plus tard, le réalisateur britannique, fort d’une communication savamment distillée est de retour avec de nouvelles promesses qui ont une nouvelle fois réussies à enflammer l’imaginaire des spectateurs et à attiser leur attente de manière démesurée. C’est évidemment à double tranchant tant les réactions enthousiastes pourront contraster avec un nouveau rejet violent de la part d’un public qui pourra s’estimer floué sur la marchandise. Car il y a fort à parier qu’Alien : Covenant suscitera toutes sortes de réactions extrêmes mais que la tiédeur et la mesure ne seront pas parmi les plus fréquentes. Car les choix radicaux attendus pour trancher avec la déception relative de Prometheus, Ridley Scott ne les as pas faits avec autant de clarté que ce que l’on pouvait augurer.
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Pour ceux qui souhaitaient soumettre leurs nerfs aux peurs les plus effroyables, ils devront déjà attendre une bonne vingtaine de minutes avant que la mise en place un poil longuette ne nous plonge au cœur d’une atmosphère pesante et anxiogène, mais passée cette exposition avouons-le, Ridley Scott nous embarque dans son récit comme aux plus belles heures de Alien le 8ème passager alternant les scènes chocs avec un rythme soutenu et nous plongeant au plus près de l’horreur avec un sens de la dramaturgie et une maestria visuelle que les années n’altèrent pas. Écrit par John Logan (Penny Dreadful) et Dante Harper, Alien : Covenant rejoue à la fois des variations de son Alien initial et de son Prometheus et fait se télescoper les deux univers tantôt pour le meilleur, tantôt plus maladroitement avec deux ou trois scènes ratées et sur signifiantes qui ampoulent le récit et le complexifient artificiellement. Fort heureusement, ces séquences gênantes n’empêchent pas le film de développer des thématiques et d’apporter parcimonieusement des réponses, même si la volonté farouche d’expliquer l’origine des xénomorphes apparait quand même très problématique.
Des défauts de Prometheus, Ridley Scott tente de se défaire en opérant un retour à l’horreur pure et il y parvient à l’aide d’une production design époustouflante et par la grâce de plans d’une beauté qui laisse pantois. Toutes les séquences notamment celles où les vaisseaux spatiaux apparaissent dans les airs sont d’une beauté plastique ahurissantes. Mais à contrario du Alien premier du nom où la peur naissait de la suggestion on a ici une utilisation accrue du gore, moins subtile et plus programmatique qui n’en reste pas moins diablement efficace avec des créatures terrifiantes et extrêmement énervées.
Au rayon casting, Michael Fassbender dans un double rôle est excellent parvenant par des variations infimes à donner de l’épaisseur à ses personnages que l’on se surprend à découvrir moins basiques et bien plus intrigants qu’attendus. Katherine Waterston pâtit quant à elle quelque peu de la comparaison avec Sigourney Weaver ou Noomi Rapace, elle fait le job mais n’a pas le charisme ahurissant de ses devancières au contraire d’un Danny McBride qui s’en sort lui très bien dans le rôle de Tennessee avec une partition pleine de finesse.
Bien qu’inégal, Alien : Covenant est fascinant à bien des égards. Si d’aucuns y verront une destruction de l’œuvre originale pour se réapproprier la saga dans son ensemble, d’autres comme l’auteur de ces lignes se laisseront prendre dans la toile de ce grand spectacle de science-fiction, sursauteront ou serreront l’accoudoir de leur fauteuil à de nombreuses reprises, resteront bouche bée devant un spectacle visuellement de haut vol . Ce n’est peut-être ni nouveau, ni singulier, mais ça marche, on a peur, on frissonne et si au final le film est surtout ce que l’on pouvait en attendre et pas ce que l’on a fantasmé, il n’en reste pas moins qu’il vaut mieux s’y habituer, Ridley Scott ayant déjà annoncé que plusieurs suites verraient le jour.
Alien : Covenant de Ridley Scott – En salles le 10 mai
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