« Il s’agissait bien de mesures de rétorsion de la part du groupe » a jugé le National Labor Relations Board, l’agence fédérale américaine chargée du droit du travail, après une enquête sur le licenciement il y a un an, de deux employées ayant publiquement critiqué l’entreprise.
Un an après, Maren Costa et Emily Cunningham trouvent finalement justice. Les deux anciennes designers informatique du géant américain avaient été licenciées en avril 2020 après avoir publiquement critiqué l’entreprise. Elles avaient demandé une diminution de l’impact écologique d’Amazon et avait également abordé la condition de travail de certains employés d’entrepôts.
Après une longue enquête, le National Labor Relations Board – NLRB, a finalement rendu son verdict : les licenciements sont bien illégaux. L’agence confirmera son accusation de « pratique de travail injustes » si Amazon ne règle pas l’affaire avec les employées concernées.
L’affaire remonte à 2018. Cette année là, les deux employées fondent un groupe appelé Amazon Employees for Climate Justice – AECJ (les Employés d’Amazon pour la Justice Climatique) qui proteste pour qu’Amazon soit plus responsables vis-à-vis du réchauffement climatique. Très rapidement, le groupe atteint les 8700 membres.
Avec la pandémie, les protestations se sont naturellement étendues à la protection des travailleurs d’entrepôts, très vulnérable durant cette période. De plus, la plateforme d’e-commerce sort grande gagnante de cette pandémie. Amazon a triplé son bénéfice net, dépassant ainsi les 6 milliards de dollars américains. Le groupe a également annoncé avoir créé plus de 400 000 emplois depuis le début de l’année 2020, atteignant le million de travailleurs uniquement pour la firme américaine.
Une activité en hausse donc, surtout pour les employés d’entrepôts avec qui Mme. Costa et Mme. Cunningham, en avril 2020, avaient organisé une réunion pour parler des conditions de travail. Une réunion entre 400 employés, violant volontairement les politiques internes dans le but de se faire entendre.
Suite à cela, c’est la porte-parole d’Amazon Jaci Anderson qui avait déclaré au New York Times « Nous supportons le droit de chaque employé de critiquer les conditions de travail, mais cela ne vient pas avec une immunité contre nos politiques internes, qui sont toutes légales. […] Nous avons licencié ces employées, pas pour avoir parlé publiquement des conditions de travail, sécurité ou durabilité mais pour avoir violé à répétitions les politiques internes »
Cette affaite avait causé beaucoup de réactions dans le monde politique, notamment chez les Démocrates. Une lettre avait été envoyée à Amazon interrogeant l’entreprise sur la légalité de ces licenciements. Celle-ci comprenait d’ailleurs les signatures de Bernie Sanders, Elizabeth Warren (Sénatrice du Massachusetts) ou encore Kamala Harris (Vice-Présidente des États-Unis, à l’époque Sénatrice de Californie).
« C’est une victoire morale et cela montre vraiment que nous sommes du bon côté de l’histoire et du bon côté de la loi » s’est également exprimée Emily Cunningham au New York Times.
Tim Bray, qui avait démissionné, en soutien, de son poste de Vice-Président chez Amazon, a exprimé sa satisfaction d’entendre le verdict du NLRB. « Jusqu’à présent, la politique était de ne ‘rien admettre, ne rien concéder’. C’est leur chance de reconsidérer ça un peu »