Le géant américain du web a confirmé l’information lundi 19 janvier : Amazon s’engage dans la production de films. Après son investissement dans les séries télévisées, le groupe de l’e-commerce tente sa chance dans le monde du 7ème art. Les productions seront en ligne quatre à huit semaines après leur diffusion en salle, par l’intermédiaire des services Amazon.
Élargir son influence
Amazon n’entre pas dans le monde de la production cinématographique pour jouer aux billes. Le groupe américain prévoit de produire douze films par an qui seront d’abord diffusés en salle puis accessibles via une plateforme de vidéos à la demande, Prime Instant Video. Principale révolution, le délai entre les deux support de visionnage (écran de cinéma et la plateforme Amazon) est considérablement raccourci. Il faut en effet généralement compter entre dix et douze mois pour qu’un long-métrage soit disponible en streaming aux États-unis.
L’annonce d’une entrée dans le monde de la production de films intervient quelques jours après la signature d’un partenariat avec Woody Allen qui s’est engagé à réaliser sa première série télévisée pour Amazon. Une façon de conclure une semaine agréable pour le géant du web qui a vu sa première production audiovisuelle, The Transparent, récompensée aux Golden Globes.
Concurrencer Hollywood
Le projet d’Amazon s’inscrit dans une démarche de différenciation avec les blockbusters d’Hollywood. La société parie en effet sur des projets « audacieux et rafraîchissants qui méritent une audience ». Elle a choisi dans cette optique, Ted Hope, un adepte du cinéma indépendant reconnu dans le milieu du 7ème art et co-fondateur du studio indépendant Good Machine, géniteur de nombreux succès parmi lesquels Tigre et dragon, nommé aux Oscars.
Les budgets des films « amazoniens » seront donc très naturellement bien inférieurs -la société tablant sur une fourchette comprise entre 2 et 25 millions de dollars- à ceux des grosses productions hollywoodiennes pouvant atteindre plusieurs centaines de millions de dollars (pour prendre un exemple caricatural, le dernier Hobbit de Peter Jackson a bénéficié d’un budget des plus garnis avec ses 250 millions de dollars).
Duel annoncé avec Netflix
Le hic, c’est que la même stratégie s’opère chez Netflix, leader incontesté de la plateforme de vidéos. Pas besoin d’être expert en tarot pour deviner que l’année qui arrive va être celle d’une âpre concurrence entre les deux géants américains. Le service numéro un dans la VOD a en effet officialisé une association exclusive avec l’acteur Adam Sandler pour quatre films qui ne sortiront donc ni en salles, ni en DVD.
Chacun se voit en chef de file d’une révolution industrielle du numérique qui n’a pas fini de surprendre. La course aux productions est lancée.
Antoine Morange