Le dernier film de David O’Russell, sorti mercredi, met en scène une arnaque bien pensé, le tout à travers un univers de corruption et de coups montés assez comique. Les spectateurs et la presse ont plutôt apprécié.
American Bluff nous replonge dans l’Amérique des années 1970. Inspiré de faits réels, il raconte l’histoire d’un escroc, Irving Rosenfeld (Christian Bale) qui fait fortune avec sa maîtresse et complice Sydney (Amy Adams) en vendant des tableaux volés. Tout roule jusqu’au jour où un agent du FBI, Richie DiMaso (Bradley Cooper) les coince. Une seule solution s’ils veulent retrouver la liberté. Ils doivent aider ce dernier à faire tomber des politiciens corrompus, parmi lesquels Carmine Polito, maire de la ville de Camden, dans le New Jersey. Ils se lancent alors dans un plan faits de coups montés alambiqués, le tout dans le but de piéger Polito en lui proposant 2 millions de dollars. Le plan est compliqué, d’autant qu’il faut compter avec la femme d’Irving, Rosalyn, dont les frasques risquent de tout faire capoter.
Entre originalité et abondance
Les films traitant de l’arnaque, de la mafia et de la corruption sont nombreux. Celui-ci est plutôt réussi, avec un scénario intéressant et bien mené. Le côté un peu décalé voire parfois comique et délirant amène également une vraie personnalité, alors que beaucoup de réalisateurs traiteraient ce genre de thèmes sous un angle beaucoup plus sérieux. On peut aussi louer la qualité du trio d’acteurs Bradley Cooper, Christian Bale et Amy Adams, sans oublier une Jennifer Lawrence remarquable en épouse trompée et incontrôlable. Cependant, certaines longueurs sont à déplorer. De plus, on s’y perd un peu dans cette abondance de dialogues, de mensonges et de manipulations.
Réactions mi-figue mi-raison
American Bluff a-t-il bluffé? Du côté de la presse les réactions sont globalement mitigées. Pour Studio Ciné Live, «on se régale» durant la première partie de cette «comédie d’arnaque jouissive et bluffante». Mais ensuite, le scénario s’essouffle et «se dilue dans d’interminables tunnels de bavardages». Les Inrocks se montre en revanche moins tendre envers ce film avec lequel David O’Russell «livre les clés de son cinéma (…) farcesque et hystérique dont l’agitation tous azimuts n’a pas toujours masqué la vacuité». Selon le magazine, l’histoire «a peu d’intérêt» et le réalisateur s’inspire un peu trop de Martin Scorsese.
Le public, lui, est plus indulgent. Certains ont «Beaucoup aimé le trio amusant entre Bradley Cooper, Amy Adams et Christian Bale», notamment «l’émancipation d’un Bradley Cooper au début très coincé et qui après pète un cable». D’autres sont plus partagés et ont trouvé le film «un peu long». Mais les longueurs peuvent aussi permettre de «comprendre les machinations» complexes des personnages. Séduira-t-il autant le jury des Oscars ? Il a en tout cas reçu dix nominations. Cela viendrait compléter son palmarès après les trois golden globes.