Le 15 septembre 2020 était rendue publique la première sélection du Goncourt 2020. La présence de Yoga, d’Emmanuel Carrère, y annonçait une brillante rentrée littéraire. Le best-seller semblait, en effet, être le grand favori de l’édition 2020 du prestigieux prix littéraire. Pourtant, la deuxième sélection, délivrée le 6 octobre, l’évince du choix du jury.
Son élimination suscite donc l’indignation chez un public au fait de l’actualité littéraire. Était-ce un choix objectif du jury de l’Académie Goncourt ? Certains s’interrogent. En effet, quelques jours avant la deuxième sélection, une polémique secoue l’engouement autour de la parution de Yoga, paru le 27 août 2020 aux éditions P.O.L.
Une polémique à l’origine de cette éviction ?
L’ex-épouse d’Emmanuel Carrère s’érige contre la publication du roman après son apparition dans la première sélection du 15 septembre. Dans Vanity Fair, Hélène Devynck affirme qu’elle n’a « pas consenti au texte » de Yoga. Journaliste et divorcée de l’auteur depuis mars 2020, elle affirme par ailleurs son refus de voir son nom utilisé dans l’œuvre de son ex-mari. Dès lors, si ce consentement valait avant leur divorce, il était ensuite rendu caduque. Elle souligne également les fausses vérités du récit, en le qualifiant d’un mensonge littéraire.
Toutefois, cette disqualification d’un des favoris n’est pas la seule surprise liée à cette deuxième sélection. En effet, Chavirer, de Lola Lafon, chez Actes Sud, lui aussi plébiscité par le public, est également évincé de la course au Goncourt. Saturne, de Sarah Chiche, dont l’intensité est remarquée par la critique littéraire lors de sa parution , ne fait plus non plus partie de la deuxième sélection.
L’incertitude autour de cette nouvelle sélection.
Au mois d’octobre se maintiennent donc dans la sélection Les Funambules de Mohammed Aïssaoui (Gallimard), Les Impatientes de Djaïli Amadou Amal (Emmanuelle Collas), Héritage de Miguel Bonnefoy (Rivages), Un crime sans importance de Irène Frain (Seuil), L’anomalie d’Hervé Le Tellier (Gallimard), Mes fous de Jean-Pierre Martin (L’Olivier), L’Historiographe du Royaume de Maël Renouard (Grasset), et Thésée, sa vie nouvelle de Camille de Toledo (Verdier).
Le 27 octobre seront annoncés les quatre finalistes qui prétendront au prix Goncourt 2020. Pourtant, l’absence des favoris laisse un goût amer, pour certaines franges des critiques littéraires, qui attendent l’attribution finale du prix, le mardi 10 novembre.
Une rentrée littéraire ambivalente.
L’année 2020 n’est pas une année des plus faciles pour l’académie Goncourt. En janvier 2020, Bernard Pivot démissionne de la présidence de l’académie. Par conséquent, Didier Decoin est désigné comme son successeur. Dans le même temps, la démission de Virginie Despentes de l’académie est annoncée. L’auteure de Vernon Subutex choisit de se consacrer à des projets d’écriture. De plus, la crise sanitaire ne permet pas l’organisation de certains évènements importants qui mettent en lumière les auteurs et ouvrages de la rentrée littéraire. La foire du livre de Brive-la-Gaillarde, qui rassemble habituellement la quasi-totalité des grands auteurs de l’actualité littéraire, ne peut se tenir en 2020. Sa 39ème édition est reportée en novembre 2021.
Dès lors, la désignation du successeur de Jean-Paul Dubois, gagnant de l’édition 2019 avec Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon, soulève de nombreuses interrogations. Elle devra en effet pallier la confusion et aux évènements qui ont affecté le monde littéraire en 2020.