Tout débute hier soir (cette nuit en France) avec un article publié par Associated Press, la célèbre agence de presse américaine. Jusqu’ici, rien de bien surprenant mais dès le titre on comprend l’intérêt de l’article: il affirme qu’Hillary Clinton a recueilli suffisamment de délégués et super délégués pour remporter la nomination du Parti Démocrate. La machine médiatique s’emballe pourtant aussi bien du côté Clinton que du côté Sanders, la retenue est de mise…
Lors de chaque cycle électoral présidentiel aux États-Unis, une question revient toujours aux environs du mois de juin: quand peut-on annoncer le nom du nominé des deux partis majeurs ? Et bien à chaque fois, on se demande s’il ne vaudrait pas mieux tout simplement attendre les conventions qui désigneront officiellement le candidat…
Une arithmétique électorale à l’épreuve des candidats
Le problème majeur avec cet article c’est qu’il se base sur des données qui sont encore incertaines: en effet depuis dimanche dernier et la primaire à Porto Rico, Hillary Clinton n’a pas remporté de délégués. Seulement, Associated Press, depuis le début de la campagne, s’entretient régulièrement avec les super délégués (c’est expliqué ici) et hier son article a été publié en se basant sur des informations nouvelles allant dans le sens d’une augmentation du nombre de super délégués votant pour Clinton. Si mathématiquement, Hillary Clinton possède suffisamment de voix lorsqu’on additionne le nombre de délégués et de super délégués requis pour être la nominée du Parti Démocrate, en prenant seulement en compte les délégués, il lui en manque encore 571.
Toutefois, tout imputer à AP ne serait pas juste pour la simple et bonne raison que ces super délégués auront effectivement à voter en juillet et par conséquent, compter leurs voix aujourd’hui n’est pas totalement dépourvu de sens. On peut tout de même douter du timing, alors que six États s’apprêtent à voter aujourd’hui et qu’attendre l’annonce des résultats dans ces États n’aurait pas changé beaucoup de choses d’un point de vue politique et même électoral.
Les candidats se font discrets
Après la publication de l’article, il a fallu attendre plusieurs heures avant d’observer une réaction des équipes de campagne des candidats. Hillary Clinton a pris l’article comme une simple confirmation de ce qu’elle savait déjà, sans pour autant montrer une joie trop grande; la candidate aimerait en effet remporter un ou plusieurs États avant la fin des primaires. A cela, il faut ajouter qu’une annonce avant le vote de la Californie et du New Jersey qui représentent 688 délégués pourrait toujours compliquer la situation. De là à dire que les personnes voteraient Sanders simplement pour rééquilibrer la balance, il n’y a qu’un pas qu’elle ne veut pas prendre le risque de franchir. Un membre de la #teamClinton a d’ailleurs affirmé ce matin sur CNN que la voix des Californiens ou des habitants du Nouveau Mexique compte autant que celle des autres États.
Bernie Sanders de son côté a publié un communiqué relayé par le New York Times dans lequel il déclare : « C’est malheureux que les médias, souhaitant presser tout, ignorent les recommandations du Comité National Démocrate qui insistent sur le fait de ne pas comptabiliser les voix des super délégués avant leur vote à la convention« . Sur le fond, Bernie Sanders a raison et il pourrait bien utiliser cet argument jusqu’au dernier moment, lui qui a affirmé qu’il n’abandonnerait pas la course et pourquoi pas comme Barack Obama en 2008 demander un changement dans la façon de traiter les super délégués.
Même si un revirement de situation est très improbable, laissons au moins les citoyens qui n’ont pas encore voté mettre leur bulletin dans l’urne sans être influencés par des résultats encore incertains.