Près d’un an après la mort de son président emblématique Hugo Chavez, le Venezuela connait une crise d’une ampleur inquiétante. Le mouvement, lancé il y a un mois par les étudiants a atteint son apogée dimanche 2 mars avec plus de vingt mille manifestants dans les rues de Caracas, capitale du pays.
Difficile de ne pas comparer le mouvement de contestation que connait le pays sud américain à celui qui sévit en Ukraine, tant par les revendications que par la proximité temporelle des actions. Depuis plus d’un mois, les étudiants demandent la démission du président Nicolas Maduro, successeur de Chavez.
Alors que sont pointés du doigt l’insécurité et les problèmes économiques, le régime condamne ces manifestations, qualifiant les actions de l’opposition de « coup d’état ». Depuis le début du mouvement anti-gouvernemental, une dizaine de journalistes étrangers ont été arrêtés par les autorités, soupçonnés de « terrorisme international ». Un vocabulaire qui n’est pas sans rappeler celui de Vladimir Poutine et de Viktor Ianoukovitch au moment de parler des manifestants de la place de l’Indépendance de Kiev.
Maduro-Ianoukovic, même combat ?
La répression du gouvernement Maduro est forte, et le bilan est déjà lourd puisque 18 morts et 260 blessés ont été recensés depuis un mois. L’opposition parle de torture envers les huit cents personnes arrêtées, et une trentaine de plaintes pour «cas de traitements inhumains et de tortures » a été déposée par une ONG vénézuélienne de défense des droits de l’Homme. Ce bilan contraste fortement avec le visage qu’arbore le président Maduro en public puisque ce dernier avait organisé fin février une réunion « pour la paix », afin de renouer le dialogue entre les différents partis.
La communauté internationale condamne elle aussi les répressions et les violences perpétrées par le régime vénézuélien. Aux Etats-Unis, les sénateurs ont demandé au président Obama de réfléchir à d’éventuelles sanctions quand l’Union Européenne a appelé au calme et à l’arrêt des violences. Cependant, il ne faut pas oublier que le Venezuela, gros pays producteur de pétrole est un des partenaires privilégiés des Etats-Unis, et que si la situation venait à dégénérer, les américains auraient beaucoup à perdre. Reste à savoir si Nicolas Maduro va céder aux pressions ou prendre exemple sur son homologue ukrainien, avec l’issue que nous connaissons.