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A band called « Death »

La Gaité Lyrique, merveilleux espace de création et de diffusion, consacrait ce mercredi 26 mars une projection spéciale sur la vie extraordinaire de trois musiciens qui ont formé le groupe DEATH en 1971.

David, Bobby et Dannis sont trois frères afro-américains originaires de Detroit, unis par une passion commune : la musique. Au grand bonheur de leurs parents, ils commencent à former un groupe et à s’entrainer chez eux. Jusqu’ici, rien d’extraordinaire. Leur musique ? Du rock garage qui prendra progressivement un tournant résolument punk. Les frères s’inspirent d’abord des Who, de Jimmy Hendrix et d’Alice Cooper.

Ebranlé par la mort de leur père, David, le leader du groupe au talent et à la volonté surdimensionnés poussera ses deux frères à continuer à jouer. Le groupe s’appellera d’abord le Rock Fire Funk Express, mais David aura l’idée de changer le nom et d’appeler le groupe Death. Bobby expliquera plus tard que « son concept était de renverser le sens du mot et de lui donner un sens positif ». Pari difficile.

Après de nombreux refus, le studio United Sound de Détroit les remarque et décide de leur faire enregistrer leurs chansons. Clive Davis, le directeur de Columbia Records, accepte même de les prendre sous son aile à condition qu’ils changent le nom de leur groupe. Les trois frères, suite à l’insistance de David, refusent. Clide Davis décide alors de ne pas continuer, et le groupe n’enregistrera que sept chansons. En 1976, ils sortiront 500 copies d’un 45t avec les chansons « Politicians in my eyes » et « Keep on Knocking » qu’ils distribueront à leurs concerts.

Face au peu de succès qu’ils rencontrent, les membres du groupe prennent des chemins différents et décident de se séparer. Bobby et Danis continuent dans la musique et forment un groupe de reggae du nom de «Lambsbread»  qui connaitra un petit succès. David, en revanche, tombe malade et meurt d’un cancer du poumon en 1982. Avant sa mort, il fera promettre à son frère de garder tous les vinyles de Death, persuadé que l’histoire n’est pas finie et qu’ils seront connus un jour.

C’est en 2008 que la musique du groupe commence à sortir du placard lorsqu’un des fils Hackney découvre les chansons de son père et de ses oncles sur internet. Les fils Hackney, qui n’avaient jamais entendu parler du groupe, décident de reprendre les chansons de leurs pères avec leur groupe Rough Francis.

En 2009, tout bascule. Le label de Chicago Drag City édite les sept démos du groupe Death sous le nom de « For the Whole World to See » et le New York Times leur consacre un article (« This band was punk before punk existed ») qui fera sensation. Le groupe se reforme, composé des deux frères Bobby et Danis et du guitariste de leur ancien groupe Lambsbread, Bobbie Duncan.

Cette formidable histoire est racontée dans le documentaire « A band called Death » (sorti en dvd en janvier 2014). Celui-ci n’est pas sans rappeler l’histoire étonnante de Sixto Rodriguez, chanteur folk récemment révélé par le documentaire oscarisé « Searching for sugar man ».

En voyant ce genre d’histoires ressurgir (35 ans après, tout de même !), on se demande POURQUOI le groupe n’a pas percé avant alors qu’il remplit les salles aujourd’hui ! Le documentaire nous fait réfléchir sur la reconnaissance des genres musicaux : pourquoi et comment des groupes talentueux comme Death sont-ils passés aux oubliettes ? S’il on écoute les chansons de leur album,  on découvre bien des notes relativement punk qu’on peut facilement assimiler au genre. Mais à l’ère du disco et de Motown dans les années 70, le punk rock n’avait tout simplement pas sa place chez les disquaires et dans les labels de musique. Mauvais timing ? C’est plus tard en effet, avec des groupes comme les Ramones, les Bad Brains ou les Sex Pistols, que la vague Punk Rock commencera à émerger.

En avance sur leur temps, on qualifie aujourd’hui le trio de visionnaires et de précurseurs de la musique punk. Une chose est sure, le groupe Death est bien vivant et connait même une renaissance et une reconnaissance méritées à travers le monde.

« A band called Death », documentaire de Mark Corvino et Jeff Howlet, disponible en dvd.

Anaïs Frapsauce

 

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