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Barbara Pravi : « Même si l’envie de chanter a toujours été là, je suis longtemps restée bloquée. »

INTERVIEW / Barbara Pravi, c’est le nouveau rayon de soleil de la chanson française révélée par la comédie musicale Un été 44. De sa démarche artistique aux paroles de ses morceaux qu’elle écrit elle-même en passant par son franc-parler… Si on devait choisir un mot pour définir sa personnalité et son univers artistique, ce serait « sincérité ». La jeune brune pétillante aux allures d’Edith Piaf férue de Barbara, parle avec son cœur et finit par toucher le nôtre. En attendant son premier album, l’artiste de 24 ans (seulement) parcourt les scènes de France et se produit en première partie de Florent Pagny. Rencontre avec un petit bout de femme déjà grande artiste.

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Quand on regarde le teaser de Pas Grandir, on a l’impression que la musique a toujours été une évidence pour toi ?

Ca l’a toujours été mais ça a pris du temps. Mon père était et est toujours ami avec le mec qui faisait les Celine Dion de 1990. Du coup, je l’écoutais en boucle et passais ma vie à chanter dans des micros en papier que je me confectionnais moi-même. A 12 ans, j’ai voulu tout arrêter pour devenir chanteuse Disney. Quand il a vu ça, mon père, qui comme ma mère a toujours eu peur des métiers artistiques, m’a amenée chez Eric Benzi, le directeur musical d’ Un été 44, et lui a demandé de me dire que je ne serais jamais chanteuse. Chose qu’il a faite. Il a dit ça pour me protéger et je le comprends. J’ai toujours eu un caractère de l’enfer : à 12 ans j’aurais été capable de partir de chez moi et de toquer à la porte de Disney. Du coup, quand j’étais petite, je disais que je voulais être chanteuse mais que si je n’étais pas Céline Dion ça ne pouvait pas marcher. Même si l’envie de chanter a toujours été là, je suis restée longtemps bloquée. J’ai passé mon bac et fait des études de droit et au bout de deux ans, je me suis dit « c’est pas possible, je suis malheureuse, je supporte pas ma vie». J’ai appelé ma meilleure amie, je lui ai dit que je n’en pouvais plus, que j’avais envie de commencer l’histoire de l’art comme elle. Et là, elle a eu une réponse incroyable, elle m’a dit : «Barbara t’es trop bizarre, t’es chanteuse, pourquoi tu chantes pas ?». Ce coup de téléphone a tout changé. Ma pote m’a vraiment ouvert les yeux. J’avais 20 ans et je me suis dite, «si à 25 ans tu gagnes pas ta vie dans la musique, tu arrêtes tout». J’ai 24 et je gagne ma vie !

Comme ça s’est passé l’après coup de téléphone ?

Après avoir fait 5 mois dans une école de musique où je ne me plaisais pas, j’ai décidé de me lancer dans un projet solo. Et puis j’ai rencontré Jules, le réalisateur et compositeur de l’album, au Fantôme via un ami commun et on ne se n’est plus jamais quittés.

Difficile de ne pas croire au destin quand on t’entend parler !

La vérité, c’est que pendant mon école de musique j’étais très malheureuse. J’essayais la seule chose que j’aimais et au final je ne me sentais pas épanouie… Je n’avais aucun contact, je ne connaissais personne. Et c’est parce que j’ai rencontré Jules que tout s’est déclenché. A posteriori, tu te dis que c’est le destin même si sur le moment t’es juste au plus mal.

« Un été 44 » a été ta première véritable opportunité. Le côté comédie musicale ne t’a pas gênée ?

Ça m’a ouvert toutes les portes ! A la base, ça devait juste être un concert événement pour la commémoration des 70 ans de la Libération à Caen. On devait chanter des chansons écrites par Aznavour, Goldman, Chamfort, Le Forestier… C’est le fameux Eric Benzi qui a contacté mon père pour lui dire «j’ai une chanson d’Aznavour, j’aimerais bien que Barbara la chante». Au final, le projet s’est tassé et deux ans après Eric me rappelle, moi entre temps j’ai signé chez Universal, en me disant «écoute, un producteur veut reprendre le projet et en faire une comédie musicale, rendez-vous demain dans mon bureau». Et en fait, le projet dont Valéry Zeitoun est le producteur m’a beaucoup plu et j’ai dit oui… Le livret du spectacle a été écrit à partir des personnalités de chacun des artistes. Donc la nana que je jouais c’était moi en 39 !

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Il fallait danser, chanter, jouer…Tu n’as pas eu peur de te lancer dans une expérience aussi complète ?

Je commençais à perdre un peu confiance et mon seul projet à ce moment-là, c’était « Un été 44 », projet qui m’épanouissait. Je me disais, «si les gens n’aiment pas, c’est pas moi qu’ils n’aimeront pas mais le spectacle» et puis, c’est un spectacle super beau avec de très belles chansons. Chanter une chanson qu’Aznavour a écrite pour toi à 23 ans, ça n’existe pas ! Sans compter les superbes rencontres que j’ai faites notamment avec Valéry Zeitoun qui est aujourd’hui mon manager. Tous les gens qui m’entourent à présent, je les ai rencontrés en bonne partie grâce à cette comédie musicale et je sais qu’ils sont la pour les bonnes raisons, pas pour se faire de l’argent sur moi.

Pourquoi avoir décidé de te produire tous les mercredis soirs au Réservoir pendant deux mois ?

C’était un parti pris de faire ces concerts. Cela entre dans la même logique que celle de ne pas sortir qu’un seul single. Je ne suis pas l’artiste que d’une chanson, j’ai des choses à raconter, mon projet est à voir sur scène. Aujourd’hui, on bosse un single en radio et puis on fait des plateaux radio… On mise tout sur une chanson et les gens te connaissent mal au final. Avec Valéry, on veut faire l’inverse et permettre aux gens de connaître mon univers dans sa globalité.

Tu t’apprêtes à faire les premières parties de Florent Pagny. Tu n’as pas peur que ça t’enferme un peu trop dans le côté variétoche ?

Je ne sais pas si tu fais la première partie de quelqu’un pour que ça te ressemble. Après, c’est l’artiste qui te choisit, Florent Pagny est producteur de sa tournée. Vianney et Marina Kaye ont fait sa première partie avant et aujourd’hui ils ont de belles carrières. Ce qui est génial c’est qu’il a une fan base gigantesque !

Pour parler un peu de ton album à venir en 2018. Quels sujets tu abordes ? Tu dis ne pas vouloir parler trop d’amour.

J’ai l’impression qu’on parle d’amour parce que c’est potentiellement le seul sentiment qui lie les hommes entre eux, mais la vérité, c’est qu’on vit tous la même chose. Tous les sentiments du monde nous lient mais c’est très difficile de parler de certains sujets comme son grand-père, par exemple, en étant juste et sans lui faire une déclaration d’amour trop premier degré. Le plus difficile dans les chansons, c’est de trouver le bon angle. Un moment, j’en ai eu tellement marre de tous ces trucs de single, de tous ces auteurs qu’on a voulu me présenter que j’ai dit «écoutez je vais faire mon truc, je vais écrire ce que j’ai envie d’écrire, ce que moi, j’ai envie de dire». Deda, je l’ai écrite parce que je suis incapable de dire les choses en face à mon grand-père.

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Comment il a reçu ta déclaration ?

Il m’a envoyé un texto en me disant « Je ne parlerai pas, je ne penserai rien mais l’amour infini me montera dans l’âme », c’et une phrase d’Arthur Rimbaud. On est très pudiques… Avec « Deda », j’ai eu envie de parler de sujets très personnels en me disant que puisqu’on vit tous les mêmes choses, ca finirait par parler aux autres.

Dans le contexte politique actuel, est-ce que tu as envie que tes textes aient une portée engagée ?

Je pense qu’il y a une chanson qui est un peu engagée, c’est « Le mal amour » qui parle d’un mec qui me tapait quand j’avais 17 ans. Je n’arrive vraiment à en parler que depuis que je l’ai écrite. Après, comme je disais, la difficulté c’est d’en parler sans que ça fasse pathos, sans que ca soule les gens, de manière à ce que ça les touche. Tu peux dire n’importe quoi dans l’écriture, du moment que tu trouves le bon angle qui va rendre ton propos juste et vrai.

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Avec la vague de chanson française que connaît l’industrie musicale ces derniers mois, n’est-ce pas plus difficile de défendre un projet en français ?

J’aime la langue et la poésie française, ça me semble être une évidence de défendre un projet en français. Il y a de la place pour tout le monde, chacun son style d’écriture. Je trouve ça super qu’il y ait une vague de chansons françaises. Les Américains ne se disent pas « oh il y a une vague de chansons allemandes ». Les gens disent que c’est difficile de faire sonner le français mais je ne suis pas du tout d’accord. L’anglais, ça sonne automatiquement alors que le français si tu trouves les bons mots, la bonne manière de les faire sonner et les bonnes nuances, c’est mille fois plus impactant et plus joli que l’anglais. Je préfère dix fois plus écouter du Jacques Brel que du Sam Smith ! Sam Smith ca te prend l’imaginaire plus que les trippes !

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