Timothée Boitouzet, un jeune architecte de 29 ans, a reçu en avril le prix des innovateurs français 2016 de moins de 35 ans, remis par le Massachusetts Institute of Technology (MIT) à Paris pour son invention d’un bois translucide. Radio VL a interrogé le jeune inventeur pour comprendre l’intérêt d’un tel matériaux.
Face à l’explosion démographique mondiale et à l’épuisement des ressources fossiles, le secteur du bâtiment fait face à de nouveaux défis pour l’avenir. Timothée Boitouzet souhaite montrer qu’il est possible d’associer la technologie et la science à l’architecture afin d’élaborer des matériaux innovants permettant une meilleure exploitation des ressources et une plus grande durabilité.
La transformation du bois
Après des études d’architecture à l’ENSA-Versailles et un échange au Japon, Timothée a choisi de poursuivre son cursus à l’université américaine d’Harvard, où il s’est formé à la biologie moléculaire en parallèle d’un master d’architecture. Depuis 2011, il travaille en particulier sur le matériau bois, qu’il est parvenu à transformer pour améliorer ses performances. Pour renforcer le matériau et le rendre transparent, les 60 à 90% d’air que contient le bois brut est remplacé par un matériau plastique bio-sourcé. Pour y parvenir, la lignine du bois (fibres qui tiennent les cellules du bois les unes entre les autres) est en partie extraite selon un procédé chimique. La molécule ainsi récupérée peut être utilisée dans de nombreux domaines tels que l’agro-alimentaire, les produits pharmaceutiques ou l’industrie du papier. D’après Timothée, le bois translucide qui en résulte présente une empreinte carbone 2 fois plus faible que le béton et 130 fois moins que l’acier, grâce au process de fabrication mais également au temps de construction des architectures en bois.
Quel avenir pour cette invention?
De retour en France après plusieurs années d’expérience auprès d’architectes de renom à travers le monde, Timothée fonde sa société, Woodoo, fin 2015. Il poursuit actuellement la phase de recherche et développement. Grâce à son prix, il se fait remarquer par des entreprises qui souhaitent collaborer afin de mettre en application ses recherches. L’objectif de la start-up est de commencer par la production d’un luminaire en partenariat avec une société de design d’ici la fin de l’année. Dans une deuxième phase, l’idée est de développer le produit pour les menuiseries : des façades en bois translucides, des planchers, des monomurs. A plus long terme, dans les cinq ans, la société envisage une utilisation pour les éléments structurels du bâtiments. D’après les tests réalisés, son matériau est ainsi trois fois plus rigide que le bois classique et bien plus résistant au feu.
Timothée imagine déjà des « tours à la Défense » et de nouveaux types d’habitats, afin de répondre à un besoin social qui lui tient à cœur, l’ambition d’aider à améliorer les conditions de vie des 12 milliards de terriens.
L’atout bois
Le bois est le premier matériau qu’il a souhaité étudié en raison de sa disponibilité sur le sol français, aujourd’hui peu exploité localement. La France est en effet la première puissance européenne en matière de volume de bois sur pied (2.6 milliards de m3 disponibles). La force de ce nouveau bois « armé » est de pouvoir exploiter des essences de bois présentes en abondance et non valorisées car peu résistantes et considérées de faible qualité telles que le balsa ou le peuplier. Cet argument permettrait d’après Timothée d’accroître la compétitivité du bois et de diviser son coût par 2 ou 3.
Le jeune entrepreneur envisage néanmoins de poursuivre ses recherches pour d’autres matériaux primitifs, qui ont été mis sur la touche en raison des contraintes économiques et de performance exigées aujourd’hui.
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