Alors que les britanniques ont voté à 51,9% pour une sortie du Royaume-Uni, l’heure est au bilan du côté des politiques. En première ligne, le Premier ministre David Cameron, qui s’est engagé dans la campagne du « remain » et doit maintenant prendre acte de ce vote. Un processus qu’il a débuté ce matin en annonçant sa démission
Une ascension fulgurante
Figure incontournable du paysage politique britannique depuis le début des années 2000, David Cameron a accédé progressivement à la fonction de Premier ministre. Il est élu député pour la première fois en 2001, avant d’être réélu trois fois, après avoir été collaborateur de Margaret Thatcher et John Major.
C’est en 2005 que son parcours politique prend une tournure qui le mènera droit au 10 Downing Street, il devient chef du Parti conservateur. Alors dans l’opposition, il forme un cabinet fantôme où il montre une nouvelle fois une habileté politique particulièrement brillante et parvient à réunir toutes les sensibilités du Parti.
L’une des toutes premières rencontre entre la Reine et David Cameron / PA
En 2010, il devient l’une des plus jeunes personne à accéder au poste de Premier ministre en ayant seulement 43 ans. Élu sur de nombreuses promesses, il s’engage dans de nombreuses réformes sociales et fait passer le mariage pour tous dès 2013 sans pour autant faire augmenter sa côte de popularité. En 2015, il est réélu Premier ministre, cette fois fois sans avoir à composer un gouvernement de coalition et débute alors un long chemin qui se révèlera fatal.
Un référendum à haut risque
C’est en 2013 que David Cameron, alors Premier ministre, parle pour la première fois d’un éventuel référendum sur une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Il annonce que si l’UE n’entreprend pas des réformes importantes qui vont dans le sens des demandes du pays, l’éventualité d’une sortie de l’Union n’est pas à exclure. Il affirme que s’il est réélu en 2015, un référendum aura lieu pour donner au peuple britannique « la capacité de s’exprimer » sur la question européenne.
Cette menace secoue les sphères politiques à Bruxelles mais n’amène pas de changements majeurs ; la suite sera pourtant un peu plus compliquée. En 2014, les dossiers du Brexit et d’un possible référendum reviennent sur la table, cette fois pour ne plus la quitter. Après des négociations très serrées, les deux parties parviennent à se mettre d’accord mais cela ne semble pas convaincre les électeurs britanniques.
Le Premier minsitre David Cameron et sa femme Samantha ce matin au 10 Downing Street /AFP
Les résultats du référendum ont mis à mal les espérances de David Cameron, lui qui, il y a encore quelques jours, prenait publiquement la parole en faveur du maintien dans l’union. Apparemment, les efforts de Premier ministre n’ont pas été suffisants et plusieurs personnalités ont dénoncé une discrétion de ce dernier. Bien que leader du Parti conservateur et supporteur du maintien, David Cameron est avant tout Premier ministre et a souhaité garder hors d’atteinte la fonction notamment dans les débats.
Dans un discours prononcé ce matin, le Premier ministre a affirmé que la voix du peuple britannique avait été entendu et que les conséquences seraient tirées. David Cameron a déclaré que la « Grande-Bretagne a besoin d’un nouveau leadership » avant d’ajouter qu’il continuerait d’exercer sa fonction pendant quelques mois avant de laisser sa place. En octobre prochain, le Parti Conservateur tiendra son congrès annuel, un évènement qui verra émerger un nouveau Premier ministre. Ce successeur, une fois désigné, sera chargé de faire sortir le Royaume-Uni de l’Union, une tâche qui s’annonce plus qu’ardue.