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Brexit : Une nouvelle frontière pour l’Irlande ?

Irish Flag

Si le Royaume-Uni sort bel et bien de l’Union Européenne après le référendum sur le Brexit, le pays devrait remettre en place des frontières imperméables. Le sujet devient sensible lorsqu’il s’agit de la République d’Irlande et de l’Irlande du Nord où la perspective d’une frontière au sein de l’île ravive de vieux maux. 

Le retour des frontières

La finalité d’une sortie de l’Union Européenne pour le Royaume-Uni est la reprise de contrôle de ses frontières qui sont fondamentalement poreuses pour le marché commun, même si le pays ne fait pas partie de l’espace Schengen.  L’argument phare des conservateurs et des nationalistes est d’endiguer l’immigration perçue comme « sauvage ». Pour cela, il faut réhabiliter des frontières strictes et rigides avec un système de douanes.

Mais où se trouvent les frontières de cet Etat insulaire ? Si le tunnel sous la Manche avec la France ne semble pas poser de problème, deux territoires en revanche font débat : Gibraltar et l’Irlande du Nord. Pour cette dernière, si une frontière venait à être réinstaurée, cela freinerait toute circulation avec le reste de l’île, la République d’Irlande, parent historique. Ainsi, un système de frontières à la carte, semble poser un problème supplémentaire pour le Royaume-Uni qui peine à se dessiner un projet viable post-Brexit.

Lire aussi : Après le Brexit, Le Royaume-Uni sur la voie du fédéralisme ?

Les deux Irlande

L’île d’Irlande a été conquise peu à peu par les rois normands et les rois d’Angleterre pendant le Moyen-Age. Mais c’est en 1541, que le parlement irlandais, dominé par des protestants britanniques, nomme Henri VIII roi d’Irlande et d’Angleterre. Malgré le tournant anglican de ce dernier, l’île reste majoritairement catholique, et les irlandais seront pour cela violemment réprimés les siècles suivant.

Unis dans l’insubordination, les irlandais se révoltent. La révolte la plus marquante est celle des « Pâques sanglantes de Dublin » magnifiquement racontée par Alain Decaux dans son livre C’était le XXème siècle, où Patrick Pearse proclame la République d’Irlande. Malgré le fait que l’insurrection soit écrasée, le vent de l’indépendance se propage, et c’est en 1918, après la guerre, qu’une guerre civile pour l’indépendance débute.

Rebelles irlandais ors des Pâques sanglantes -- crédit Mondadori Portfolio/Getty Images

Rebelles irlandais lors des Pâques sanglantes — crédit Mondadori Portfolio/Getty Images

Après trois années de guerre, le Traité de Londres est signé le 6 décembre 1921 donnant à l’Irlande son indépendance, mais l’amputant de six comtés de la région de l’Ulster, à majorité protestante, qui devient l’Irlande du Nord. L’île est donc divisée entre une république indépendante et une région du Royaume-Uni. Cette Irlande du Nord est en proie à de vives tensions entre catholiques et protestants, partisans d’une seule Irlande, ou loyalistes envers le royaume, faisant intervenir des groupes paramilitaires tels que l’IRA.

C’est dans les années 1960 que les tensions seront à leur comble, pour une période que l’on appelle « les troubles », qui pousse Londres à imposer le 24 mars 1972 le Direct Rule en Irlande du Nord, c’est-à-dire une administration complète depuis Westminster, avec l’envoi de l’armée. Il faudra attendre le 10 avril 1998 et « l’accord du Vendredi Saint » pour que la paix et le Parlement régional soient rétablis, sous Tony Blair.

Entre temps, l’Irlande et le Royaume-Uni adhèrent à la Communauté Européenne le 1er janvier 1973, pour ce qui deviendra une union sans frontière. L’accord de 1998 qui met fin aux revendications de l’Irlande sur la région de l’Ulster, met en place une ébauche de gouvernement consociatif où l’Irlande dispose d’un droit de décision sur la région britannique. Il y a jusqu’alors deux Irlande mais une seule île.

Un dessein qui fait polémique

Bien évidemment, l’idée d’un retour de la frontière entre la République d’Irlande et l’Irlande du Nord fait débat. Après l’annonce du Brexit, les dirigeants de l’Eire ont appelé leurs confrères britanniques à ne pas renforcer la frontière entre leurs deux Etats. De nombreux Etats européens dont l’Italie ont soutenu cette demande, pour ne pas ajouter plus de difficultés au système.

Rappelons que l’Irlande du Nord a voté à 62.6% en faveur du Remain, désirant donc être une région ouverte sur le continent et proche de ses voisins, et que comme pour l’Ecosse, la question d’une quelconque indépendance (toutefois bien moins plausible) se pose.

Résultats du Brexit -- Crédit BBC

Résultats du Brexit — Crédit BBC

Il y a donc une réelle divergence d’opinion entre les britanniques d’une part, et les irlandais (Nord et Sud) et européens d’autre part.

Theresa May, la future Première ministre qui doit entrer en fonction ce mercredi, va devoir composer avec cette difficulté et cette hostilité supplémentaire.

Photo à la Une : crédit Reuters

 

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