Largement favori pour la finale, le FC Barcelone devra toutefois se méfier de son adversaire, la Juventus. Statut d’outsider, expérience défiant toute concurrence, tactique bien rodée : les Turinois ont tous les éléments pour créer la surprise.
« Il ne faut jamais vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué ». Cette maxime pourrait bien s’appliquer aux hommes de Luis Enrique en finale de Ligue des Champions, ce soir. En effet, tous les spécialistes du ballon rond s’affèrent à dire que le vainqueur est connu d’avance. Pourtant, à y regarder de plus près, les pronostics peuvent largement être déjoués. Outsiders, les Bianconeri abordent ce grand rendez-vous dans la sérénité la plus totale. Pour cause, ils ont tout à gagner. La saison passée, le club présidé par Giuseppe Marotta avait échoué en poule en s’inclinant sur la pelouse de Galatasaray. Elle a franchi plusieurs paliers d’un coup en 2014/15 : en plus du doublé coupe-championnat, avec une marge impressionnante sur ses rivaux nationaux, la Juve a atteint la finale de la C1 en sortant Monaco en quart avant de battre le Real Madrid au tour suivant. L’ultime obstacle catalan s’apparente à une montagne infranchissable. Quoique.
De l’expérience et du talent
La Juve pourra s’appuyer sur l’expérience de ses deux piliers Gianluigi Buffon (118 matchs en coupe d’Europe) et Andrea Pirlo (134 matchs), qui disputeront peut-être le dernier sommet de leur carrière. Ils retrouveront un stade (Berlin) qu’ils connaissent bien : en 2006, c’est là qu’ils avaient soulevé la Coupe du Monde avec l’Italie. Sur le front de l’attaque, Carlos Tevez réalise l’une des meilleurs saisons de sa carrière avec 7 réalisations en C1 et 20 en championnat. L’attaquant argentin espère d’ailleurs que son dernier rempart sera infranchissable : « L’avoir dans nos cages procure aux joueurs sur le terrain une confiance supplémentaire. Marquer un but à Buffon est compliqué et il apporte une plus grande sécurité à l’équipe ».
Les Français, eux, suivront de près les prestations de Paul Pogba – qui affole le mercato et peut faire basculer le match d’une inspiration – et Patrice Evra. L’ancien Mancunien (34 ans) disputera pour l’occasion sa cinquième finale de Ligue des Champions. Seul grain de sable dans la mécanique piémontaise : l’absence du guerrier Chiellini en défense, touché à un mollet. Les retrouvailles avec le « cannibale de l’Ajax » Luis Suarez n’auront donc pas lieu.
Avec le forfait de Chiellini, Luis Suarez n’aura rien à ce mettre sous la dent samedi soir… pic.twitter.com/xOCQn4zwKh
— Planète Football (@planetedufoot) 4 Juin 2015
Un statut d’outsider assumé
Le club de la Louve constitue l’attaque la plus prolifique du championnat italien (72 buts marqués) et la meilleure défense (24 buts concédés). Dans la compétition, l’équipe d’Allegri reste sur une série de neuf matches sans défaite, dont cinq sans encaisser de but. Et pourtant face au grand Barca de Luis Enrique, elle fait figure de formation plus faible « sur le papier ». Avec la triplette infernale MSN (Messi-Suarez-Neymar), auteur de 120 buts cette saison, le champion d’Espagne tient évidemment le rôle de favori. Une situation qui ne dérange pas son rival italien, exprimée par la voie de son gardien Buffon : « On est un cran en dessous mais sur un match, les différences se réduisent. On n’est pas là pour être des victimes mais pour se battre sur tous les ballons ».
Même l’homme que tout le monde craint côté turinois s’attend à une opposition compliquée. Dans un entretien accordé à Squawka, Lionel Messi loue la saison de son adversaire : « La Juventus a réalisé une brillante saison, et vous ne pouvez jamais sous-estimer les équipes italiennes, a affirmé la Pulga. L’Italie était dominante en Europe durant de nombreuses années et a traversé une période difficile récemment, mais les clubs italiens prouvent qu’ils peuvent toujours rivaliser. »
Tactique bien rodée et adaptable
Massimiliano Allegri, au bout de sa première saison seulement sur le banc de la « Vieille Dame », est face au plus grand défi de sa carrière. S’il a déjà réalisé un doublé coupe-championnat, remporter la « coupe aux grandes oreilles » lui donnerait encore plus de crédibilité aux yeux des tifosi bianconeri, dubitatifs à son arrivée. Par son calme, ses performances et sa bonne gestion du groupe, il est parvenu à installer un climat de confiance. Pour l’entraîneur de 47 ans, la clé du match se trouve dans une zone bien précise : « Je pense que le jeu au milieu de terrain sera déterminant. Comme je l’ai déjà dit, nous devons absolument marquer. Il sera également important d’être bien concentré pendant les 90 minutes. Il n’y que comme ça que nous pourrons gagner. »
Un succès tactique qui convoque l’expertise italienne en la matière. Du losange pour « tester » la relance adverse au 3-5-2 pour préserver le score, en passant par le 4-4-2 à plat pour quadriller sa moitié de terrain, la Juve a fait de cette variété tactique l’une de ses principales forces pour arriver jusqu’en finale. Contre le Barca, la meilleur solution serait le 4-4-2 en losange : il permet à la fois de bloquer les 3 solutions courtes qui se présentent au portier Ter Stegen (Piqué, Busquets, Mascherano) et les deux relais assurant la transition dans l’axe (Iniesta, Rakitic).
L’ancien triple Ballon d’or (1988, 1989, 1992) hollandais Marco Van Basten, appuie lui aussi cette recette pour éliminer l’ogre catalan : « La Juventus devra rester très proche des joueurs du Barça, les marquer de près, leur refuser l’espace, et surtout ils doivent rester concentrés. Si les joueurs de la Juventus le font, alors ils peuvent gagner. Avec une bonne défense bien organisée, la Juve peut battre Barcelone. » Tout à fait dans les cordes de la Juventus.