L’information est lâchée telle une bombe.
La chaîne d’information BFMTV a dévoilé aujourd’hui la plainte portée par Canal+ à l’encontre de beIN Sport, pour concurrence déloyale. Une décision en faveur de la chaîne cryptée plongerait beIN Sport dans une périlleuse situation.
Leur ambition n’est pas du tout de faire un résultat économique. C’est regrettable de voir ces dépenses sans fin en face desquelles il n’y a pas de revenus.
Des propos tenus par Bertrand Méheut, président du groupe Canal+, le 6 juin dernier sur BFM Business. Il fustige ici la violation possible d’une règle bien connue des commerçants français : dans l’Hexagone, le Code du commerce rend illicite toute vente à perte. Une première réaction serait alors de s’étonner du cas de beIN Sport. Sur les 11 euros par mois d’abonnement à la chaîne, la petite sœur d’Al Jazeera Sport ne récupère que 7,2 euros. On évalue facilement donc les revenus du média, au vu de ses 1,2 milionns d’abonnés, aux alentours des 87 millions d’euros. Bien peu face aux 300 millions d’euros de coût de grille, évalué par beIN elle-même.
Plus de peur que de mal ?
La chaîne récemment créée pourrait cependant devenir rentable en atteignant un doublement du nombre de ses abonnés, couplé à une légère augmentation de son offre. Une performance qui demanderait aux moins deux ans. D’ici le jugement, l’objectif ne sera pas atteint. Mais le Qatar cherchait-il à trouver rapidement des bénéfices ? L’État, propriétaire de la chaîne, n’est pas soumis à l’empire du Code du commerce français, et reste dans son droit en gardant un prix faible et de facto très attractif.
Il n’en reste pas moins que la situation actuelle semble clairement défavoriser le groupe Canal+, qui ne peut effacer cet obstacle insurmontable. « Leurs moyens sont colossaux et notre possibilité de résister, à terme, ne sont pas infinies. » regrette Cyril Linette, directeur des sports de Canal+. Le marché du sport à la télévision française s’est effectivement totalement déstructuré suite à l’avènement de beIN, et le rachat de compétitions majeures comme la NBA, certains matches de Ligue 1, Ligue 2, Bundesliga, Serie A, les Coupes d’Europe de nombreux sports. La filiale de Vivendi, quant à elle, ne peut à peine lutter, avec un bouquet à 39,9 euros par mois.
Les relations entre les deux médias ne sont pas prêtes de s’améliorer…